La récente signature des APE (Accords de partenariat économique) entre le Cameroun et l’Union européenne (UE) m’a poussé à ressortir un vieux livre signé Jean Ziegler (Les nouveaux maîtres du monde et ceux qui leur résistent, janvier 2013).
Encore une fois, un enclos colonial africain croit défendre ses intérêts au détriment du milliard d’Africains que nous sommes.
Encore une fois, un territoire de chez nous préfère aire cavalier seul au lieu de la jouer collectif.
Aussi curieux que cela puisse paraitre, nous avons encore l’illustration que chez nous, il se trouve des gens qui jugent l’Union, l’Unité et tous ces concepts y ressemblant, totalement vides de sens. Inutiles. Pour eux, ce sont des choses qui ne veulent rien dire. Absolument rien. Même si en face d’eux, il y a un regroupement de plusieurs pays (l’UE ne se résume pas à l’Allemagne, faut-il le rappeler, malgré le poids politico-économique plus que prépondérant de ce grand pays).
Lorsqu’il a fallu faire adhérer nos enclos coloniaux à l’OMC (Organisation mondiale du commerce), ceux qui nous servent de dirigeants l’ont fait les yeux fermés, sans même hésiter. Cela m’avait fait penser à ce bon mot d’un diplomate britannique au sujet des liens entre la couronne britannique et les USA : « Quand les Américains nous demandent de sauter, la seule question que nous posons est “Á quelle hauteur ?“ » Voilà le destin des gens de chez nous.
Nous n’arrêtons pas d’ouvrir nos frontières à tout et n’importe quoi, tuant à petits feux nos paysans ; tuant les artisans locaux. Tout cela au nom d’une mondialisation qui ne cesse de nous ronger de l’extérieur comme de l’intérieur. Et ce Cameroun qui vient de signer ces accords est très bien placé pour témoigner de tous les maux causés par les démantèlements tarifaires au niveau des Douanes. Les producteurs locaux ne pâtissent-ils point depuis des années des poulets – de très mauvaise qualité – importés ? Malgré tout, nos ministres, bardés de diplômes bien souvent obtenus en Occident, veulent nous faire que tout ce qu’ils signent avec l’Occident est bon.
Le livre de Jean Ziegler, sociologue suisse est un excellent ouvrage qui devrait se balader de mains en mains et nourrir bien plus d’esprits que cela. Je me souviens que quand je l’avais lu, j’avais gardé, gravé dans ma mémoire trois cas d’école plus qu’importants, qu’il avait cités, à savoir la Guinée, le Niger et la Zambie. Il y relatait par le menu combien les instructions des Institutions financières internationales (IFI) avaient détruit une bonne partie de nos économies et de nos services publics.
Au Niger par exemple, ces IFI avaient demandé à privatiser le secteur de la fabrication et de la distribution des produits vétérinaires. Bien entendu, comme il fallait s’y attendre, non seulement la structure publique qui s’en occupait finira par fermer, mais en plus, l’on assistera à des importations sauvages de ces produits. Qui dit importations sauvages, dit absence totale de contrôle. Des médicaments avariés se mirent à pénétrer dans cet immense territoire (plus d’un million de kilomètre carrés) et les pauvres bêtes virent leur taux de mortalité grimper en flèche.
Celles et ceux qui suivent ces questions depuis les années quatre-vingt le savent très bien. Ce que Ziegler dit dans ce livre, on le sait ; Malgré tout, ces représentants du peuple africain continuent à marquer des buts contre leur propre camp, tous les jours. On a beau changer d’équipes avec ces élections que le continent (champion du monde) organise chaque mois, il n’en est rien. Les mêmes textes reviennent sur le tapis, au détriment des habitants de Kama.
On a encore une preuve – vraiment une de plus – que tant que l’on continuera à jouer chacun sa partition, dans son modeste recoin, ce genre de signatures criminelles seront toujours la norme, pour faire des Kamit un peuple de serpillère et de Kama la poubelle du monde qui absorbe tous les déchets de la terre.
Que chaque Kamit devienne force de propositions. Que chacun, là où il est, essaie de pousser ces gens à revoir leur fusil d’épaule car il est quand même question du devenir d’un milliard d’êtres humains et demain de deux milliards (l’an 2050).
Continuer sur cette voie st tout simplement suicidaire. Si ces gens veulent disparaître illico presto de la surface de la terre, qu’ils disparaissent mais de grâce, qu’ils arrêtent de nous entraîner avec eux. Nous avons plein de belles choses à faire pour Kama. Nos ancêtres et nos descendants n’attendent que cela.
Obambe GAKOSSO, July 2014©