La question est juridique, mais pas que : elle est aussi politique…
Je tiens donc à préciser que ce texte n’émane pas d’un juriste et d’ailleurs, pour tout vous dire je ne connais rien aux questions juridiques.
Et pourtant…
Je pense que Macky Sall, avec cette affaire, mériterait que l’on s’arrête sur trois phases, à mon avis, importantes. Premièrement, quand il a promis aux Sénégalais de raccourcir son mandat de 7 à 5 ans. Deuxièmement, quand il a demandé l’avis du Conseil constitutionnel (CC) sénégalais. Et troisièmement, quand il a fait sa déclaration invitant nos compatriotes du Sénégal à aller au référendum.
Première étape, la promesse.
Durant sa campagne électorale de 2012, le candidat Macky Sall, ex-Premier ministre, ex-président de l’Assemblée nationale du Sénégal, avait promis de raccourcir son mandat, en le ramenant de 7 ans à 5 ans. C’est le genre de choses, il faut bien le reconnaître, que les gens en général et les Africains en particulier, aiment entendre et si possible, aimeraient voir.
J’ai vraiment du mal à croire que cet homme qui s’est préparé comme il fallait, dans les conditions que l’on sait, n’ait pas pris le soin de faire étudier cette affaire par ses conseillers juridiques. De deux choses l’une :
- soit il ne les a pas consultés, ce qui est très grave ;
- soit il les a consultés et ces derniers lui ont raconté n’importe quoi ;
- soit ils ont en effet été consultés et l’ont prévenu que vis-à-vis du Conseil constitutionnel, cela ne passerait pas et alors, il n’en a fait qu’à sa tête.
Seule l’histoire nous dira ce qui s’est passé durant la campagne et les trois dernières années, depuis sa prise de fonctions en tant que président.
Deuxième étape, la consultation du Conseil constitutionnel.
Le fait pour le président Macky Sall d’avoir consulté le CC est une très bonne chose car on ne traite pas de la question de la réduction ou de l’allongement de la durée d’un mandat présidentiel comme on évoquerait la construction d’un nouveau marché aux puces ou l’installation d’un bar à vins à moins de 50 mètres d’une mosquée.
Il serait intéressant que ce genre d’initiatives se multiplie sur le continent. Il en va de notre très longue marche vers la démocratie car, contrairement à ce que les légendes et autres fables concoctées par la littérature ethno-coloniale, du temps de nos royaumes et empires, il existait des souverains qui, avant de prendre une décision majeure, engageant l’existence de son peuple, prenaient l’avis d’organes appropriés. Les Conseil constitutionnel et autres Cours constitutionnelle de nos jours, ne sont rien de nouveau sous le soleil de nos Ancêtres.
Troisième étape, l’invitation au référendum.
Après que le CC ait donné son avis (je lis partout que ce n’est qu’un avis, donc qui ne fait pas force de loi, qui donc ne doit pas être contraignant), le président Macky Sall a dit que non seulement il suivrait cet avis, mais qu’en plus, il invitait le peuple sénégalais à se prononcer par voie référendaire, le 20 mars prochain, pour permettre la modification constitutionnelle amenant désormais les mandats de 7 à 5 ans.
Je n’aurais eu presque rien à redire à ce sujet sauf que, sauf que… Si vraiment le président Macky Sall estime en son for intérieur que 7 ans c’est en effet trop, qui l’oblige à faire les 7 ans en question ?
Il y a une solution fort simple, qui conviendrait à tout le monde, en tout cas tous ceux qui pensent que 7 ans c’est trop mais surtout à lui-même qui prétend vouloir donner l’exemple, qui pense que pour qu’une démocratie puisse respirer, 5 ans c’est très bien et non pas 7 ans.
Pourquoi, pourquoi alors le président Macky Sall ne démissionnerait-il pas aux termes de ses 5 premières années de pouvoir ? Les choses seraient alors bien claires et clarifiées et là, les gens qui cherchent sans cesse des modèles en Afrique pourraient s’en inspirer. Non ?
J’ai vraiment l’impression que le président Macky Sall a mené les Africains en bateau avec cette histoire. Lui qui voulait entrer dans l’histoire, je le crains, a vu la porte se refermer devant lui.
Mais bon, il lui reste encore un an. Nous ne sommes pas à un coup de tonnerre près, qui le verrait rendre son tablier et remettre aussitôt son mandat en jeu, trois ou six mois avant la fin de son mandat en 2017.
On peut rêver ?
Obambe NGAKOSO, February 2016©