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1 juin 2017

Macky Sall: une liberté d’expression à la géométrie variable!

Classé dans : Politique africaine,Société — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 18 h 49 min

Le 11 janvier 2015, j’ai fait partie des Africains qui furent consternés en voyant certains de leurs compatriotes ayant la charge des destinées de nos enclos coloniaux défiler à Paris aux côtés de François Hollande et de certains chefs d’Etats eurasiatiques pour, disaient-ils, réaffirmer la liberté d’expression.

Macky

 

Que des Africains vivant en France ressentent une certaine forme de solidarité à l’égard des victimes des attentats de Paris du fameux mois de janvier 2015, je peux tout à fait le comprendre. Ils y vivent et cela est dans l’ordre des choses.

Cependant, comment expliquer que des chefs d’Etats qui vivent sur un continent où les guerres et autres conflits armés (la Casamance, les deux Congo, le Cabinda etc.) ne manquent guère, où les attentats se multiplient au quotidien (la Somalie est le meilleur exemple à ce niveau) oublient simplement d’organiser des marches chez eux pour courir comme des athlètes de très haut niveau à Paris pour « marcher » et même pleurer : qui oubliera le costume très bleu de Yayi Boni et ses larmes que je croyais même voir suinter sur l’écran de mon ordinateur ? Il y a même de quoi penser que Hollande avait menacé les nôtres de je ne sais quelles représailles si jamais on ne voyait pas leurs bouilles… A moins que ce ne soit eux-mêmes qui aient voulu faire preuve de la meilleure des servilités possibles.

Apparemment, monsieur Macky Sall, président de la République du Sénégal depuis 2012 a oublié ce qu’il était allé faire à Paris le 11 janvier 2015. A moins qu’en réalité, il ne sache même pas pourquoi il y était allé…

Si ma mémoire ne me trompe pas, les auteurs des attentats de Paris avaient justifié leurs actes par le fait que le journal français Charlie Hebdo avait publié dans certaines de leurs éditions des caricatures du prophète des musulmans, Mohammed. Caricatures qui elles-mêmes avaient déjà fait couler encre, salive et sang en Scandinavie ainsi qu’au Danemark après leurs premières publications.

Nous répétons, Macky Sall, officiellement en tout cas, a marché à Paris le 11 janvier 2015  au nom de la liberté d’expression.

Donc au nom du droit à la caricature.

Donc au nom du droit des dessinateurs à forcer le trait de leurs contemporains.

Donc au droit des artistes à s’exprimer.

Alors, d’où vient-il que Mlle Oulèye Mané, une jeune (âgée d’une vingtaine d’années) employée de la chaîne Touba TV  et trois de ses amis (deux autres jeunes femmes et un jeune homme) ont été arrêtés le vendredi 26 mai et le lundi 29 mai derniers à Dakar et à Tivaounae (commune située à 90 Km de Dakar) ?

Pourquoi ?

Officiellement, ces jeunes gens ont fini par être inculpés d’outrage à chef de l’Etat pour avoir publié sur le réseau social Whatsapp une caricature d’un certain Macky Sall dans une posture qui, visiblement ne lui a pas plus.

Pourquoi ce que Macky Sall encourage chez les autres, il n’en veut pas chez lui et sur sa personne notamment ? J’ai du mal à comprendre quoi que ce soit à cette liberté d’expression à géométrie lus que variable… Le meilleur des géomètres y casserait son compas dix fois, son équerre cent fois et sa règle mille fois car lui-même n’y comprendrait pas grand-chose…

Cela me rappelle les heures les plus sombres de notre continent quand, sur le plan politique, nos élites politiques nous avaient imposé le monopartisme. Le moindre mot prononcé dans la rue pouvait conduire celui qui l’avait prononcé dans les geôles de nos brillantes Sécurités d’Etat de l’époque.

J’ai vraiment du mal à voir la différence entre cette époque peu glorieuse de notre histoire immédiate et l’acte que vient de poser la justice sénégalaise. C’en est même hallucinant. Consternant. Je n’ose imaginer quelle explication M. Sall pourrait donner à un ami, à un homologue qui aimeraient comprendre pourquoi ces quatre jeunes gens ainsi que les quinze autres qui ont relayé l’image se retrouvent aujourd’hui embastillés. C’est tout simplement honteux.

En parcourant la presse continentale (hebdomadaires, quotidiens etc.), il y a mille et une caricatures de nos élites politiques et rares sont les journalistes, les dessinateurs, les directeurs de publications qui gouttent aux barreaux pour cela.

A quelle ère exactement M. Sall veut-il nous faire vivre ? Sait-il seulement que les dinosaures ont déjà disparu de la terre et que des mammouths, on ne trouve plus que des restes ns la neige sibérienne ? Et dire que c’est ce pays que certains Africains ont longtemps considéré comme l’exemple même de la « démocratie » sur notre continent… Cela fait vraiment peur que pour des coups de crayons aussi innocents, on puisse mobiliser police et justice ainsi. C’est encore une fois à se demander si leurs agents sont au service des peuples africains ou au service de nos princes…

L’école de la démocratie est une des plus difficiles. Elle est d’une exigence telle qu’on a vu dans certains pays des présidents « démocratiquement élus » (selon une formule chère à la françafric) se faire éjecter avant terme car ils avaient violé le serment prononcé lors de leurs prises de fonction. Le ciel pour autant n’était pas tombe (en tout cas pas sur les têtes de leurs concitoyens).

J’espère qu’au Sénégal, il se trouvera des gens pour rappeler qu’ils ont des populations à protéger des maladies. Qu’ils ont des enfants à éduquer dans des meilleures conditions que ce que nous connaissons au Sénégal. Récemment, j’avais parlé de cet appareil de radiothérapie en panne et qui avait poussé les autorités locales à envoyer désormais les cancéreux au Maroc, aux frais du contribuable sénégalais dont on connait les conditions de vie. Dans la foulée, sans que personne ne l’ait obligé à le dire, M. Sall avait promis deux nouveaux appareils. Sauf erreur ou omission de ma part, on n’a pas encore vu ces appareils. Comment dans de telles conditions, un chef d’Etat peut-il s’occuper de caricatures ? Les bras m’en tombent !

Et qu’on ne vienne pas me parler de la loi car les lois sont faites par les Hommes pour les Hommes et ce sont les mêmes Hommes qui refont, cassent et changent les lois. Quand une loi est liberticide, rien n’interdit de l’abroger. On ne peut rebâtir ce continent avec des lois surannées, créées par le colon, du temps maudit de la colonisation officielle. De toutes les façons, la désuétude aussi existe.

 

 Obambe NGAKOSO, June 2017©

 

 

 

 

 

 

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