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7 février 2017

Afrique et Etat de droit : encore une faillite des élites africaines

Classé dans : Justice — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 23 h 13 min

Samedi matin, j’emprunte un véhicule de transport en commun, à usage commercial, à l’arrêt de bus appelé Nkombo-Station. Pourquoi Nkombo ? Car nous sommes dans le quartier appelé officiellement Nkombo-Matari mais, vu que c’est long, tout le monde dit Nkombo, simplement. Pourquoi station ? Parce que simplement il y a deux stations de carburant qui sont situées à ce niveau.

Voilà !

Je m’installe et, à peine avons-nous démarré, en direction du quartier Bilolo (je devais quant à moi m’arrêter aux cimetières d’Etat-Tolo), que j’entends une dame, derrière moi, demander à ce qu’on lui rende sa machette qui a été placée sur un endroit appelé « banc de touche » mais situé loin d’elle. Le receveur du bus[1], et un jeune homme visiblement connaisseur de la chose juridique, ainsi que votre serviteur, lui ont fait comprendre que pour la sécurité de toutes et de tous dans ce bus, à commencer par la sienne, il valait mieux que cette machette demeure où elle se trouvait et elle n’aurait qu’à la retirer au moment de descendre du bus. Rien n’y fit, elle tenait à avoir son bien à portée de main et à vue. Nous lui avons simplement rappelé que c’était la loi et que, si, par malheur pour elle, un policier arrêtait notre bus et s’amusait à travailler[2], elle et le conducteur seraient soumis aux foudres de la loi.

PauvresLa pauvre dame n’y comprenait rien. J’avais l’impression que nous parlions le coréen et qu’elle ne comprenait que le danois. Une jeune fille s’est alors invitée dans le débat, s’en prenant à nous, comme d’ailleurs la propriétaire de la ladite machette (une dame qui accusait aisément plus de 55 ans, avec mes yeux de myope). J’ai pris tout mon temps pour leur dire que nous n’étions pas des faiseurs de lois mais que, apparemment, comme nous avions la chance de les connaitre un peu, notre devoir est aussi quelque part d’expliquer la chose à nos contemporains qui ne s’intéressent pas aux questions juridiques.

La jeune fille, comprenant alors le sens de mon propos dira que ces gens qui nous gouvernent n’ont qu’à leur offrir des voitures car si elle a une parcelle à 45[3], elle ne voit pas comment elle irait de temps en temps la désherber dans de telles conditions. Vu que l’atmosphère était de plus en plus détendue, j’ai pris l’exemple d’une voiture achetée, garée chez soi mais sans assurance. Si jamais une tierce personne venait la voler et allait causer du tort à autrui (par un accident), le voleur et le propriétaire de la voiture seraient tous les deux jugés.

Alors là, ce fut un tollé encore pire : Ba kanga nga mpona nini ? Lokola bango ba za miyibi, yango wana ba salaka mibeko kaka ya kilikili ?[4] L’autre membre de notre trio d’ajouter que si jamais une personne en blessait une autre avec un couteau, la police, bien qu’elle ait saisi la personne agressante aura aussi le devoir de rechercher le propriétaire dudit couteau.

Là, ce fut encore un autre tohubohu dans le bus.

Hommes et femmes de tous âges se sont mis à insulter les faiseurs de lois et ces gens qui les appliquent. Quand je suis descendu à Eta-Tolo pour aller voir, en compagnie d’une partie de la famille la tombe de ma tante maternelle, je ne cessais de sourire. Je souriais car ces femmes et ces hommes m’avaient apporté de la joie mais en même temps je me sentais inquiet. Oui, ce qui venait de se passer dans ce bus, je l’ai vécu dans maints quartiers et rues du Congo, de la Côte d’Ivoire etc. Il faut vraiment reconnaitre que les élites africaines qui font les lois ont comme échoué dans le domaine de la transmission à la plèbe de ces notions. Nous copions bêtement ce qui a été dit en Occident, à savoir, Nul n’est censé ignorer la loi mais, en réalité, pas grand-chose

 

Ah ! oui, il y a autre chose. On nous rétorque souvent que ceux qui font les lois (le législatif et l’exécutif) sont les premiers à ne pas les respecter. La facilité, pour se débarrasser de la patate chaude est de répondre, Ce n’est pas le débat. Pourtant, je pense sincèrement que C’est aussi le débat. Et que, cela participe aussi de la faillite de ces élites africaines qui disent des choses qu’ils ne pensent même pas. Qui votent des lois dont ils ignorent souvent tout, de bout en bout. Qui sont des gens persuadés qu’ils sont au-dessus de ces mêmes lois.

En effet, nos élites souvent ont failli et elles ne cessent de faillir. Jusques à quand?

 

Obambe NGAKOSO, February 2017, ©


[1] Ici, au Congo, on l’appelle contrôleur même s’il ne contrôle presque rien et qu’il passe son temps à recevoir les sous, à rendre la monnaie et à vociférer plus fort que ses collègues pour remplir son bus.

[2] Oui, car il y a des policiers qui travaillent, malgré tout.

[3] Point situé à 45 Km du centre de la capitale et on a fini par appeler cet endroit simplement 45, pour faire simple.

[4] Pourquoi m’arrêter ? Vu qu’ils sont eux-mêmes des voleurs, voilà pourquoi ils votent des lois sans aucun sens ?

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