Votre enfant ne sera pas opéré si vous ne payez rien…

Monsieur meurt l’an passé.

Il laisse trois enfants et une veuve qui n’a pas ce statut (si je puis utiliser ce mot) car le couple n’était pas marié.

Depuis le décès de monsieur, aucun membre de la famille ne prend soin ni de cette veuve ni d’aucun des trois enfants. Pas un salut, pas un comprimé de je ne sais quoi, pas un fifrelin de poisson, même avarié. Inutile de vous dire que la famille du défunt est très chrétienne.

Comment vit la veuve ? « Par la grâce de Dieu », selon la formule consacrée.

La plus jeune des enfants tombe malade et un ami du défunt débourse 60.000 XAF pour venir en aide. Quelques temps après, la petite est hospitalisée et sa maman, le ventre vide, veille sur elle. Il faut que la petite se fasse opérer.

La maman n’a pas le sou et ne se voit pas encore demander de l’aide au même ami qui, pour le coup, a montré que les mots « amitié » et « fraternité » peuvent encore avoir du sens.

Elle appelle donc un autre ami.

C’est curieux mais ce dernier a pris la résolution de ne plus jamais répondre aux numéros qu’il ne connait pas car il est au bord de la rupture d’anévrisme du fait des demandes d’aide émanant de toutes parts mais surtout des abus qui s’ensuivent. Il regarde son téléphone et ne reconnait pas le numéro. Lui-même ne sait pas pourquoi (moi, je luis dis que ce sont les Ancêtres), il décroche et met l’appareil à l’oreille, histoire d’écouter et d’aviser par la suite.

Il ne reconnait pas la voix de la dame, toute triste et, comme il est submergé par le travail, il promet de rappeler :

-          Ecoute-moi d’abord avant de raccrocher. C’est Kingani*. Je suis à l’hôpital avec votre fille qui doit être opérée de toute urgence de l’appendicite. Or, je n’ai rien sur moi et les médecins attendent l’argent. Sinon, votre fille va mourir.

Touché par ces mots, il fait le nécessaire et va payer. Les médecins ont opéré la fille et elle a été sauvée. En causant avec eux, ils ont confirmé en effet qu’il suffisait de quelques minutes de plus pour que cette enfant meure.

Monsieur dira à la dame que prochainement, il vaudrait mieux qu’elle envoie un sms au lieu d’appeler car les numéros qu’il ne connait pas…

 

Franchement, comment au Congo, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, on a pu en arriver à ce point où même à un mourant, on demande des arrhes sinon il n’a pas droit aux soins ? Tout ça parce que nos dirigeants vont se soigner en Europe, en Tunisie et au Maroc ?

Ceci pour les médecins, les hôpitaux, nos DG de la Santé, nos ministres de la Santé, nos Premiers ministres et nos présidents de la République.

 

Pour nos familles, je n’en démords pas qu’il faille complètement revoir le système du mariage traditionnel et de cette fameuse dot qui est devenu un vrai bizness. Des gens qui n’ont pas assumé leurs responsabilités de papas et de tantes paternelles, comme dans le cas d’espèce, franchement, en vertu de quoi ils devraient avoir droit à quoi que ce soit le jour du mariage coutumier de cette enfant ? Pour moi, les choses sont simples. Ce sont des gens qu’il faut écarter sans le moindre ménagement. Une société ne saurait s’accommoder de gens qui n’aiment que leurs droits (les cadeaux issus de ces dots) mais font complètement fi de leurs devoirs.

Ils négligent les veuves et les orphelins. Ils ne sont pas foutus de leur acheter le moindre cahier lors des rentrées scolaires, même pas un crayon pas encore taillé. Quand une crise de paludisme surgit, ils sont encore une fois aux abonnés absents mais ils seront les premiers à crier demain Soki biso to zali té, ba koki kobala bana wana té** !

Si le ridicule tuait, la population de cette planète diminuerait sérieusement…

 

Obambe NGAKOSO, October 2016©

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* : Monsieur ou Madame tout-le-monde.

** : Sans notre présence, ces filles ne peuvent être épousées.