Ndombolo, une sirène asiatique

Si vous débarquez de Mars ou de Jupiter, et que vous êtes Africain, sachez qu’au Congo, pour être précis, dans la région du Pool (Sud), il y a un théâtre d’opérations où la population ne sait pas exactement ce qui se déroule.

J’ai suivi aux infos dernièrement que le gouvernement congolais envisage d’ouvrir des « écoles spéciales » (c’est-à-dire ?) à Mfoa, pour recevoir les enfants venant de la région du Pool, enfants que l’on englobe dans le qualificatif de « déplacés ».
Pour comprendre cette chose, il faut savoir qu’ici, on entend par « déplacés », des gens victimes de la violence dans leurs localités. Selon les autorités, il y a la Force publique qui agit dans le Pool pour faire la guerre à un ancien ministre de la République du Congo, Frédéric Bintsanmou, alias pasteur (décidément ces pasteurs sont partout…) Ntumi qui serait à la tête d’hommes armés (par qui ?). Selon Ntumi et ses amis, c’est le gouvernement qui bombarde les populations civiles. Dans les deux cas, ce sont les paisibles populations qui en font les frais. Alors que, officiellement, la rentrée scolaire a débuté le lundi 03 octobre 2016 dernier, les enfants donc de ces localités sont privés d’école. Une chose devenue quasiment normale dans ce pays qui, depuis 1992 semble avoir signé un abonnement avec la violence armée, solution de facilitée trouvée par la puissance coloniale et les divers acteurs politiques pour régler leurs différends.
Malgré toutes ces évidences et exemples, il se trouve des Congolais pour dire que toutes ces personnes qui meurent, c’est simplement dû aux « loges » qui nous gouvernent. Quand je demande de quelles loges il s’agit, j’entends tout et vraiment pire que tout. Les Congolais ont pris l’habitude de voir les francs-maçons à chaque coin de rue et chaque événement triste ou malheureux qui peut survenir dans nos quartiers, dans nos villes, dans nos villages, hé ! ben tout cela est simplement dû « aux loges ».
Les gens vont tellement loin que pas plus tard que la première semaine d’octobre, alors que nous étions à la maison et que la télécommande de la télévision était entre les mains d’un visiteur (il connait mes goûts, il avait donc pris les devants avant que je n’arrive en ne mettant que TV Congo et les chaînes de Kinshasa diffusant ce que l’on appelle vulgairement de la « musique ». Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre qu’il y a un artiste de la RDC qui s’appelle Watanabe.
Oui, vous avez bien lu, WA-TA-NA-BE !
Je ne connais pas tous les noms de la planète terre mais je sais que Waatanabe est un nom japonais. Encore tout à ma stupeur, je me suis mis à scruter le visage de ce chanteur, pour trouver quelque trace de japonité sur son visage.
En vain.
Ses yeux ne sont pas bridés, sa tête ne ressemble pas à celle d’un Japonais.
Bref ! je ne comprenais strictement rien. Je me suis par contre rappelé que les artistes adorant les pseudonymes, il a dû être fasciné par ce nom au point d’en faire le sien.
Non, celui qui tenait la télécommande de me dire qu’il n’en est rien et que ce sont, encore, les Maisons.
- Les Maisons ?
- Oui. Ce sont les Maisons asiatiques vers lesquelles ces gens courent pour avoir du succès.
- Tu es sérieux ?
- Oui. C’est comme Ndombolo.
- « Ndombolo » ? Ce n’est pas un nom africain, ça ?
- Mais non, toi aussi… C’est le nom d’une sirène indienne.
- « Sirène indienne » ?
- Oui, une sirène indienne de la mer Rouge.
Je me suis rendu que mon inculture était vraiment abyssale. Comment pouvais-je ignorer autant de choses ? Mon peuple est merveilleux.
Obambe NGAKOSO, October 2016©