Les Africains et la CPI
Hier soir, jeudi 12 octobre 2016, 19 heures 25’, TV Congo a diffusé la seconde partie de l’émission « Le Diplomate Club des Nations », de Brinel Liwata avec Armel Etokabeka comme réalisateur et dont je fus l’invité.
Des réactions que j’ai reçues, des réactions que Liwata a reçues, les téléspectateurs ont vraiment apprécié et les questions et les réponses.
Je passe dessus.
Il y a une chose qui m’a beaucoup fait rire et je m’y attendais beaucoup, c’est la question de la CPI (Cour pénale internationale). En effet, j’ai expliqué que les Africains ont tout intérêt à quitter ce machin, nous avons connue il n’y a pas si longtemps de cela. Une justice où les Damnés de la terre n’avaient pas droit de cité. Une justice où donc, la parole du Nègre avait une valeur inférieure à zéro, face à celle du Blanc, censé être détenteur exclusif de la vérité. Même de la vérité fausse, mais de la vérité tout de même.
Si on ajoute à cela que cette CPI a une sorte de propension toute particulière à s’en prendre à la négraille, laissant de côté les plus grands criminels de la planète au prétexte que ces derniers n’ont pas ratifié le Traité de Rome, la coupe est pleine et il n’y a vraiment, mais vraiment plus rien à y faire, si tant est que nous n’ayons jamais eu quoi que ce soit à y faire.
Pour rappel, Madiba Mandela (1918-2013) dit que ce qui a été conçu pour nous sans nous ne peut pas être pour nous. Les concepteurs de cette chose sont les mêmes qui dirigent le monde et tentent de le mener à la baguette. Pour bien asseoir leur emprise sur les Damnés de la terre, en plus donc de tout ce qu’ils ont déjà mis en place (l’Organisation des Nations DésUnies et son fameux Conseil d’Insécurité par exemple), il y a cette CPI qui nous adore tellement qu’elle passe son temps à traquer tout ce qui se fait par les Africains, dès que les intérêts géostratégiques et économiques occidentaux sont en danger.
Je comprends les indignations des Congolais et de quelques Africains qui ne partagent pas mon avis. Comment les condamner à partir du moment où ce sont des gens qui en ont marre de tout.
Marre de leur environnement.
Marre de leurs situations professionnelles.
Marre de tirer le Diable par la queue depuis le baptême de ce même Diable.
Marre de ne pouvoir se soigner décemment.
Et comme ils sont persuadés que les présidents africains sont les seuls responsables de tout ce melting-pot de malheurs, alors, la première aiguille qui passera et qui pourra provoquer une entorse de la langue à ces chers excellences, ça ne pourra que leur faire du bien. Le plus grand bien. Un bien de folie.
Pour eux, il faut absolument, par tous les moyens, se débarrasser de ces empêcheurs de vivre heureux.
Alors, entendre quelqu’un leur dire que non seulement il faut que nos Etats quittent la CPI, que cette personne qualifie en plus de « Prison coloniale », ça, ça ne passe pas. A un certain moment, ils se demandent si je ne suis pas complice de ces gens qu’ils vouent au quotidien aux gémonies. C’est à peine s’ils ne disent pas carrément que je suis moi aussi partie prenante dans leurs malheurs quotidiens.
Dur !
Dur !
Dur !
En même temps c’est passionnant car quand l’opportunité m’est donnée de creuser, de développer mon propos, là, de nouveaux clivages apparaissent. D’une part, il y en a qui ne changent point d’avis et qui estiment, malgré tout mon laïus qu’il faut envoyer tous nos potentats à la CPI et nos villages ne s’en porteront que mieux. Il y a ceux qui comprennent cependant que mon modeste combat avec mes très modestes armes (même pas capables de tuer un moustique) ne vise nullement à me faire l’avocat du Diable mais bien au contraire qu’il s’agit d’un combat, ou même simplement DU combat pour la dignité du peuple nègre.
Dignité.
Oui.
Pour notre honneur.
Car ces choses, aussi fortuné que l’on puisse être (argent gagné honnêtement ou très malhonnêtement), ne s’achètent ni en bourse, ni à Sandaga, ni à Bouemba. Ce sont au contraire des valeurs auxquelles on croit ou on ne croit pas. Je ne connais personne de nanti qui ait la prétention de dire qu’il a réussi grâce à ses comptes en banque hyper garnis, s’en offrir. Oui, à la limite, on peut s’en racheter, ce qui n’est pas la même chose.
Tout simplement.
Ce sont des valeurs auxquelles on adhère ou auxquelles on n’adhère pas.
Je ne peux pas comprendre, je ne saurai jamais cautionner que, en plein vingt-et-unièeme siècle, après que nous ayons subi les invasions barbares avec toutes les conséquences que l’on sait (trafic négrier, colonisation, néolonisation etc.) je puisse me réjouir qu’un Africain, fils de notre alma mater, soit attrapé comme hier, soit déporté comme hier, pour être placé loin de chez nous, là-bas, aux Pays-Bas pour y subir, une soi-disant justice internationale.
Non !
Non !
Non ! pour la troisième fois.
J’ai affirmé et je réaffirmerai toujours que les problèmes africains doivent être réglés par les Africains et, dans la mesure du possible, en Afrique ou dans les territoires nègres. Que ce soit pour des crimes de sang, des crimes économiques comme pour tous types de délits.
Ce ne sont ni les avocats, ni les huissiers, ni les magistrats, ni les tribunaux qui manquent pour le faire.
Cautionner la présence de nos Etats comme membres de la CPI, c’est refuser d’accéder à la liberté et renoncer à la dignité. Les Américains et les Israéliens, au-delà de ce qju’ils savent commettre comme crimes, savent en leur for intérieur que livrer les leurs à une pseudo justice internationale, c’est reconnaître une certaine forme de faiblesse qui ne saurait passer et qu’ils seraient incapables d’expliquer à leurs peuples. Des gens qui ont été éduqués depuis des siècles dans la fierté d’eux-mêmes en leur disant tous les jours qu’ils sont grands, forts et que rien ne saurait les dévier de cette voie.
Les Français n’extradent pas les leurs et d’ailleurs, quand certains d’entre eux sont allés volés des enfants au Tchad, le numéro de chez eux, à cette époque, un descendant de Hongrois et de Grecs, avait pris son avion et était allé les libérer. Il avait promis à Idriss Déby que la justice française s’en occuperait. En France, naturellement. Tout le monde sait que pour la énième fois, les Africains ont été pris pour des cons à cette nouvelle occasion.
J’ai dit lors de cette émission que celui qui veut ou voudrait débattre à ce sujet, je suis disposé à l’accueillir. Cela peut se faire sur cet espace. Par email ou par tout autre moyen. Ce n’est pas parce qu’au Congo, le débat est mort et enterré depuis des lustres que j’en ferai l’économie. Il n’en est pas question.
L’Africain n’est plus à vendre, même si tout homme a un prix.
Obambe NGAKOSO, October 2016© .