Epurebere, adi ibo ya ndziya yo: le blog d'Obambé Mboundze Ngakosso

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29 septembre 2016

Nos sorciers bien aimés…

Classé dans : Société — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 15 h 10 min

Mademoiselle a 33 ans.

Elle est mère de famille (une petite fille de 8 ans).

Sorciers

Elle travaille pour une société privée et a plutôt de bonnes idées pour améliorer ses conditions de vie car il faut bien le dire, la paie qu’elle reçoit chaque mois n’est pas des plus mirobolantes. Elle travaille pourtant pour une société appartenant à un de ses oncles. Malgré tout, ce dernier ne la paie pas comme il se doit, même si elle se défonce pas mal au boulot.

Je l’ai vue initier deux petits commerces. Elle était bien partie mais que n’a-t-elle pas rencontré comme difficultés…

Quand ses problèmes de santé ont commencé, les choses se sont compliquées à tous les niveaux pour elle : au boulot elle devait travailler plus pour gagner moins, puisqu’il fallait faire en plus le job de deux collègues licenciées ; ses deux commerces se sont mis eux aussi à battre de l’aile…

Dans sa famille, on s’est mis à parler. Il y a un sorcier quelque part qui est jaloux d’elle car son oncle lui fait tellement confiance qu’il s’est mis en tête de la « bouffer ». Ils ont même poussé le culot jusqu’à faire mettre ce fameux « sorcier » aux arrêts. Et comme au Congo rive droite tout est possible, il s’est trouvé des flics pour mettre ce pauvre accusé aux arrêts.

Je me souviens de la dernière fois que je l’ai vue. Elle avait encore plus maigri, elle qui déjà est une planche à pains. C’en était tout simplement effrayant. J’avais demandé à son compagnon de faire attention car l’inéluctable pourrait se produire et plus vite qu’on pourrait le penser.

Avant-hier soir, mardi 27 septembre 2016, à 20 heures, elle a rejoint les Ancêtres, au CHU.

Triste clap de fin…

*

Nous sommes toutes et tous appelés à passer ce cap. Celui de la sortie du jour, pour aller de l’autre côté, là où d’autres nous ont précédés. Quel besoin avons-nous de vouloir absolument coller nos morts et tous nos autres malheurs sur des gens que nous appelons « sorciers » ? Cette jeune dame qui vient de trépasser souffrait de la fièvre typhoïde. Une fièvre mal soignée, très mal soignée même.

Au lieu de nous battre d’abord pour éviter certaines pathologies(dans son cas, elle savait comment éviter la chose) et de travailler dans ce sens sans relâche, nous optons pour des solutions de facilité avec des sorciers que nous voyons dans chaque personne âgée de notre famille ou bien tout simplement en chaque parent plus ou moins nanti.

C’est triste que les gens puissent encore croire qu’il suffit qu’un individu décide de prendre notre âme et que cela se fasse comme on joue aux billes ou aux dés.

L’éducation nationale, en nos contrées a un travail colossal à abattre pour casser ces murs et autres barrières qui ne cessent de nous bloquer.

Comment des policiers peuvent arrêter des gens suite à ce genre d’accusations ? Parce qu’on leur remet un peu d’argent ?

Comment une mère de famille, qui a une enfant à élever peut raconter à tout le monde qu’untel est en train de la bouffer alors qu’elle sait très bien où elle a eu sa maladie ?

 

Pauvres de nous, il y a encore du travail, je vous dis…

 

Obambe NGAKOSO, September 2016©

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