Epurebere, adi ibo ya ndziya yo: le blog d'Obambé Mboundze Ngakosso

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10 août 2016

Hier, aujourd’hui. Et demain, encore cette mendicité?

Classé dans : Société — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 21 h 41 min

Je ne crois pas avoir connu pareille chose au Congo rive droite.

Mendier

Il y a plusieurs années, au Maroc, un grand-frère, arrivé là-bas en formation (il était déjà fonctionnaire depuis des années) nous narra comment il fut choqué, jeune fonctionnaire, d’apprendre qu’en RCA, les fonctionnaires passaient des mois sans paie. Lui et certains de ses amis s’en moquaient même. Et de conclure : « Quand Milongo est arrivé en 1991 et que nous avons commencé à avoir des retards de salaires, j’ai regretté d’avoir ri des Centrafricains. »

De mon côté, j’avais pensé à cet adage : « Que celui qui n’a pas encore traversé le cours d’eau ne se moque point de celui qui noie. »

Un autre frère, via son boulot, allait régulièrement à Niamey. J’étais alors en France. Il m’expliqua qu’un jour, alors qu’il venait de terminer son plat de poulet, il fit un tour aux toilettes. Il avait quand même remarqué qu’il y avait des enfants qui mendiaient dans le restaurant. Ce qui le choqua. Quelle ne fut pas sa surprise de voir que les os demeurés dans son assiette avaient disparu. Pour quelle direction ? Dans la bouche et la gamelle d’un des enfants qui mendiaient dans le restaurant.

Il en sortit traumatisé. Moi aussi, j’en fus très choqué : comment au vingt-et-unième siècle ce genre de choses pouvait se faire, sur un continent qui a plus qu’à manger pour ses enfants ?

Au niveau du Congo, j’ai remarqué que le phénomène de la mendicité se déroulait essentiellement aux abords des mosquées. Des personnes âgées s’y livrent depuis des années à cette « activité ». Jamais je n’avais encore vu des jeunes le faire.

Au début des années 90, on a vu des enfants au teint très clair apparaître surtout au niveau de l’avenue de la Paix, entre les rond-point de Moungali et de Poto-Poto, deux des ronds-points les plus importants de cette ville, au milieu desquels il y a une très importante activité économique. A cette époque, on avait tout entendu concernant ces enfants : ils viennent d’Ethiopie ; non, ce sont des Touaregs. Ces enfants étaient envoyés pour faire la chasse à l’argent par des personnes bien plus âgées qu’eux au point qu’on se demandait si c’étaient leurs parents ou leurs grands-parents.

 

Décembre  2016…

Je suis à Bangui.

Un jour, je tombe à un jet de pierre du stade de Bangui sur un homme qui pourrait être mon père. Un homme respectable. Par son port altier notamment.

Il me salue en sango et je lui réponds en souriant. Malgré mon plaisir de lui parler, il fait peine à voir. Sa veste est trop grande pour lui et ses jambes (ses gambettes plutôt) flottent terriblement dans un pantalon qui a dû lui aller jadis mais là, il est trop malingre à tel point que je me dis que s’il est supportable de le voir dans cette chemise, la cravate est vraiment de trop. D’un seul coup, il me dit : « Fa mapa si… » Je ne parle pas le sango mais je sais que « mapa » du lingala est le même que celui du sango : le pain, du pain. De plus, cette phrase m’avait déjà été apprise et elle veut simplement dire : « Donne-moi du pain. » Pas besoin de décodeur assermenté pour comprendre que ça veut dire qu’on a faim et qu’on voudrait manger ; qu’on voudrait des sous pour manger etc.

Un homme de cet âge qui est obligé de vous demander à manger, en pleine rue, ça la fout mal.

Très mal même.

Aujourd’hui, il y a encore des enfants (filles surtout) qui jouent les mendiantes tandis que les vieux et les vieilles attendent tranquillement le résultat de ce « travail », à Mfaa. Où sont passés les enfants d’hier ?

Devant les moquées de Mfaa, la mendicité bat de plus en plus son plein. Des personnes âgées, des éclopées, des aveugles mendient : sans doute parce qu’ils ne peuvent pas (plus ?) tenir boutique.

Dur.

Dur.

Dur !

Ce matin, j’ai marché de chez moi jusqu’au niveau du quartier appelé couramment Thomas Sankara car il y a là-bas un lycée portant son nom. A mon retour, un gamin d’environ 12 ans, extrêmement crasseux me demande des sous pour acheter du pain. Je papote un peu avec lui et j’apprends qu’il habite chez sa grande-sœur mais il n’y a rien à manger ce jour, comme hier il n’a rien pu mettre sous la dent. Moins de 100 mètres plus loin, c’est un autre môme, du même âge environ, qui me demande la même chose.

Ce pays ne cesse de s’enfoncer, comme les autres cités plus haut, dans une direction quasiment inconnue et je crains que nous n’y arrivions pire qu’en lambeaux.

Au fait, pitre qu’en lambeaux, ça peut être quoi ?

 

Obambe NGAKOSO, August 2016©

Une réponse à “Hier, aujourd’hui. Et demain, encore cette mendicité?”

  1. G. Mascad dit :

    Les temps ont changé. C’est l’ère de l’application des us et coutumes et des moeurs ethno-tribales mêmes les plus rétrogrades. On pille, on vole, on vandalise. Celui qui ose dénoncer ces dépravations des moeurs, il est voué à la prison s’il n’est pas purement et simplement liquidé physiquement.

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