Hélas! on ne guérit pas (pas encore?) de la schizophrénie
Hier après-midi, je sortais d’une banque au centre-ville de Mfoa, en direction de la gare. On passe qu’on le veuille ou non devant les bureaux d’Air France, la compagnie qui a compris qu’avec les Africains, il y avait, il y a et il risque d’y avoir encore longtemps plein de fric à se faire.
Et là, je tombe sur une connaissance. C’est un ponte du régime qui a des papiers en mains. Pas besoin d’être karamoko
pour comprendre qu’il va à Paris.
Paris.
Paris.
Paris.
On se connait, le bonhomme et moi. Combien de fois n’avons-nous pas eu de discussions, lui et moi, au sujet du Congo, de l’Afrique, de Paris, de la France, de l’Occident ?
Profitant de sa position d’aîné, il n’a jamais raté une occasion de raconter tout et n’importe quoi (surtout n’importe moi) surtout sur moi.
C’est un cadre qui fut en partie formé en Occident. Rentré depuis des années, il a trimé, sué sang et eau jusqu’à s’approcher du soleil. Depuis lors, il a changé, oubliant qu’il tirait tellement le diable par la queue qu’il en avait parfois les cornes accrochées à ses panards… Comme dirait le chanteur ivoirien, Bété a changé.
Pas très courageux, me connaissant, me sachant surtout plein d’arguments alors que de son côté, mis à part son prétendu amour du pays, il n’avait aucun argument à me présenter, il ne cessait très lâchement de passer par personnes interposées pour me demander de rentrer.
Au bout d’un moment, voyant que je ne réagissais pas à ses « messages », il finit par mettre les pieds dans le plat un soir d’hiver, en région parisienne, dans son logement acheté très péniblement avec l’argent du contribuable africain. Je fais court, vous évitant les plus grosses débilités :
Au lieu de rester ici en train de laver les assiettes des Blancs et de balayer leurs rues, toi et tes amis ici, vous feriez mieux de rentrer en Afrique. Il y a beaucoup de boulot au Congo. Là-bas vous êtes libres et non pas des sans-papiers comme ici où vous vous cachez de la police.
Et le voilà qui se met à insulter la France, son gouvernement, la diaspora africaine (Bonne juste à critiquer !) et j’en passe.
J’ai commencé par sourire ce soir-là.
J’ai engagé une toute petite conversation dont je savais qu’elle allait tourner à l’aigre pour lui et au doux pour moi :
- La France est donc un mauvais pays ?
- Oui, c’est clair !
- L’Europe c’est n’importe quoi ?
- Bien sûr, qui ne sait pas ça à part toi qui adores l’Europe et les Européens ?
- Tu achètes un logement en France, donc en Europe, où c’est n’importe quoi. Logique. Plus logique encore, tu y mets tes enfants, du primaire au collège, pour qu’ils bénéficient du mauvais système scolaire français et européen, abandonnant la merveilleuse école congolaise qui forme des armées de chômeur ? C’est très logique tout ça !
Devant son air blême et consterné, je me suis alors lancé dans un rire tonitruant. Un rire de vainqueur face à un vaincu invoquant tous les saints vaticanesques. En vain !
Si ma mémoire ne me trompe pas, c’est la dernière fois que nous avons échangé plus d’une minute lui et moi. Il en fut tellement meurtri qu’en rentrant au Congo, il se mit à lancer des fatwas partout où on me connait, contre ma personne. Ma toute petite personne.
Cet homme n’est hélas ! qu’un pauvre échantillon, mais extrêmement représentatif de nombre de nos élites. Ces élites évoluent dans la politique comme députés, ministres, maires, Directeurs généraux de structures d’Etat, conseillers dans les ministères, nos présidences de la République etc.
Ils sont les premiers à hurler au scandale quand l’Occident met son grain de sel plus son grain de poivre et une pincée de piment dès qu’il s’agit d’affaires de chez nous mais en même temps ils sont les premiers à aller en Occident pour :
- Faire accoucher leurs épouses, puisque chez nous, c’est bien connu, les femmes ne peuvent enfanter ;
- Faire accoucher leurs bureaux (des numéros 1 aux numéros 100), puisque chez nous, les amantes ne peuvent faire des enfants ;
- Faire scolariser leurs enfants, dès la maternelle, puisque chez nous l’école n’existe pas ;
- Soigner toutes les pathologies possibles (même un simple rhume comme la maladie d’amour) ;
- Etc.
J’ai toujours assimilé ce genre de comportement à de la schizophrénie. Sans doute la seule maladie dont ces gens ne peuvent ni ne veulent guérir car, il faut le rappeler, à ce jour, on ne peut en guérir…
Obambe NGAKOSO, August 2016©
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