Marie-Louise Maes-Diop est partie, hommage à elle!
J’ai appris ce matin de samedi 05 mars 2016 le décès de Mme Marie-Louise Maes-Diop, qui fut l’épouse du chercheur et homme politique sénégalais Cheikh Anta Diop.
J’ai eu le plaisir de la rencontrer une fois, à l’Ecole des Mines, à Paris, à l’occasion d’une de ses innombrables conférences après lesquelles j’aime bien courir. Conférences au cours desquelles je ne cesse d’apprendre sur moi-même, sur ma mon histoire, sur ma culture, afin de mieux me sentir et de mieux appréhender l’avenir.
Ce jour-là, elle n’avait pas fit d’intervention. Je me souviens encore de ce fauteuil dans lequel elle était assise. Discrète, sobre et extrêmement calme. Pour les séances photos (nous voulions tous et toutes nous faire photographier à ses côtés), elle se fatigua très vite et nous le fit savoir.
Elle était ainsi : très modeste. Contrairement à des gens qui n’ont rien fait de leurs dix doigts et qui se prennent pour des stars, elle, son domaine c’était la science. Ses apports sont vraiment majeurs à la compréhension de la géographie africaine, sur le plan démographique notamment. C’est la première à avoir réalisé une synthèse sur les datations. Vous vous souvenez, au Congo par exemple, quand on nous parlait de la datation au carbone 14 ? Elle et son mari ont utilisé cette méthode et on en a appris de bonnes sur la réalité démographique du continent.
Elle nous lègue vraiment un héritage très intéressant que tous nos étudiants en géographie devraient s’approprier. Cela change complètement des âneries enseignées dans les facs et autres établissements supérieurs.
C’est en 1948, à La Sorbonne, qu’elle rencontre pour la première le jeune Wolof qui deviendra très célèbre par ses engagements politiques et par ses travaux colossaux dans le domaine de la physique, de l’égyptologie et de l’histoire, Cheikh Anta Diop. Ils sont étudiants tous les deux. Ils se marieront et auront deux enfants dont un, Cheikh Mbacké, aussi discret que sa maman est un physicien.
Depuis le départ brutal de son époux le 7 février 1923, elle qui à cette époque avait 60 ans, n’a jamais songé ni envisagé de se remarier. Elle disait que cela aurait été une trahison envers Cheikh Anta. Elle est demeurée veuve jusqu’à ce que la maladie ait eu raison d’elle, à l’âge de 90 ans.
Après que Nicolas Sarkozy, fraîchement élu roi des Francs se soit permis d’aller injurier les Africains, chez eux, à Dakar elle fera partie de ceux qui répondront par le verbe et par la plume. Par ce dernier canal, elle participa en effet à la rédaction d’un ouvrage collectif où il fut rappeler que l’Homme Africain est non seulement entré dans l’Histoire, mais de plus, il est le premier à être entré et dans la Préhistoire et dans l’Histoire. Le tout premier. Bine avant tous les autres peuples de la terre. C’est bel et bien l’Europe, via Hegel, au dix-neuvième siècle qui décida du contraire en voulant faire sortir, très lamentablement, l’Homme Africain de l’Histoire.
Je vous mets en ligne cette vidéo où elle nous parle. Je ne m’en lasse jamais.
Bon vent à vous, Mme Maes-Diop, que les Ancêtres vous accueillent comme il se doit.
Obambe NGAKOSO, March 2016©