Il y a 4 ans, le 4 mars 2012
Le dimanche 4 mars 2012, les habitants de Mfoa crurent que la guerre recommençait dans leur ville.
Encore une guerre ?
Certains se mirent à faire des paquetages pour s’enfuir diable sait où.
Le temps de se rendre compte que c’était une autre forme de guerre, mais différente de celles connues en 1993, 1994, 1997 etc., le mal était déjà fait. On parlait déjà de centaines de morts alors que deux ministres de la République (et pas des moindres) passaient à la TV pour dire qu’il n’y avait rien de méchant et que tout allait bien et même très bien.
Le soir, il y avait tout dans le bilan : des pleurs, des blessés, des mutilés à vie, des morts, des maisons détruites etc.
Le gouvernement trouvera une idée de génie en donnant trois millions de francs coloniaux à chaque propriétaire de maison qui aura perdu son bien et aussi aux locataires ayant été touchés, dans le périmètre des fameuses explosions.
Des victimes seront relogées à quelques kilomètres de là, au Nord de la ville, sur le site de Kintélé où, il faut le dire, quand on n’a pas de voiture, il faut être sacrément fortuné pour se déplacer.*
Je me souviens que, rendant visite à un parent, politicien, membre de la « majorité présidentielle » (on va appeler ça comme ça…) en octobre 2012, ce dernier m’avait dit que, incessamment, les travaux de reconstruction allaient commencer. J’avais été estomaqué par son assurance et je lui avais simplement dit que j’attendais pour voir, comme disent les Anglais (Wait and see).
Quatre ans après, se balader dans ce quartier qu’on a aussitôt eu la bonne idée d’appeler Quatre mars, il faut avoir un sacré courage car c’est toujours la désolation qui y règne. En maîtresse incontestée.
Les ruines sont là en train de nous saluer quand nous passons. Il m’arrive de croiser des mutilés que l’Etat a complètement abandonnés à leur triste sort : allez leur parler de voter, tiens !
A ce sujet, je me demande ce qui peut bien mobiliser les Congolais à chaque fois qu’ils sont invités aux urnes… Pourquoi aller voter quand le foutage de gueule atteint un tel paroxysme ? Oui, je sais, je dois être un peu fou car j’ai toujours considéré cela comme non seulement un droit mais surtout comme un devoir. Par contre, je me distingue des autres en estimant que je fais le choix de ne pas choisir car là, vraiment trop c’est trop.
Comment peut-on à ce point considérer que des vies, dans une République, valent plus que d’autres vies ?
On attend le cinquième anniversaire pour voir ce qui aura changé.

Obambe NGAKOSO, March 2016, ©
* : Depuis moins d’un an, l’Etat a mis en place des bus qui partent de Kintélé pour la gare ferroviaire, sise au centre ville, traversant plusieurs quartiers de la ville et rendant de sacrés services aux riverains.