Vous devez changer d’itinéraire…
Il y a dans cette ville un système utilisé par les bus privés, appelés « demi-terrains ».
C‘est-à-dire que dans la mesure du possible, ils font des trajets très courts, obligeant les usagers à payer, au lieu d’une seule course pour aller à leurs destinations, trois à cinq courses, ce qui fait exploser les budgets. Et comme les taxis sont très capricieux ce jour, je me résous à monter dans un bus qui a la gentillesse de s’arrêter.
Ce matin, j’avais des résultats d’analyse médicale à retirer dans un laboratoire proche de l’hôpital de Talangaï (arrondissement 6) et comble de bonheur, il pleuvait.
J’ai donc dû quitter la maison avec un parapluie, un truc que je trouve sans cesse encombrant…
Je monte donc dans un bus et il me dépose au marché de Talangaï, j’en profite donc pour marcher un pue jusqu’à ma destination mais dejà, au fur et à mesure que j’avance, je sens que ça va être chaud pour le retour car il y a une route à inaugurer par le chef local. Et, comme de coutume, il y a des routes qui sont interdites à la circulation.
Sincèrement, quand la démocratie est revenue au Congo en 1990, je croyais ne plus voir ce genre de choses. Mais, quand j’ai compris que nous n’étions pas (encore) en démocratie mais dans le multipartisme, j’ai compris.
Bref! après avoir retiré les analyses, il me fallait remonter pour aller les présenter au praticien à l’hôpital de Mikalou. Hélas! pour moi, la route étant barrée par des soldats, il n’y avait ni taxis ni bus. J’ai donc dû marcher et le long de mon trajet, je n’ai eu de cesse de croiser des jeunes (surtout) avec des tee-shirts et ds drapeaux qui ne laissaient aucun doute sur leur programme de ce matin: ils allaient tous soutenir le boss local inaugurant la fameuse route. Comme de coutume, ils seront payés quelque chose, histoire de se payer une bière ou deux.
C‘est ainsi que ce pays fonctionne.
Je ne dis pas qu’il ne faille pas bâtir, bien au contraire, nous en avons besoin!
Je ne dis pas non plus que le boss local doit être enfermé en son palais et ne jamais rien inaugurer du tout.
De grâce, a-t-on besoin de bloquer nos pauvres et maigres routes?
C‘est fatiguant à la fin…
Obambe NGAKOSO, March 2016©