Présidence de la FIFA: Le cancer de la trahison, plus que jamais d’actualité

En Occident, quand ça ne va pas, on regarde vers notre continent pour trouver de nouvelles sources afin de financer l’économie. C’était le cas lors du trafic négrier transatlantique et lors des razzias négrières.

Tokyo Sexwale

Ce fut encore le cas lorsque, n’arrivant point à s’entendre sur ce qu’ils appelaient si pompeusement « mission civilisatrice », la fameuse colonisation. Ils organisèrent leur fameuse Conférence de Berlin (novembre 1884-février 1885), au cours de laquelle le destin de notre continent connaîtra un nouveau bouleversement dont nous payons encore le prix.

Et chaque guerre sur le continent, provoquée par l’Occident, sur notre continent, participe du même objectif : piller le maximum de ressources possibles (minières, halieutiques, forestières, etc.) afin de garantir leurs approvisionnements et pérenniser leur fameux développement économique. Même la guerre qui paraît la plus anodine découle de cette logique.

Quand les vainqueurs de la deuxième Guerre eurasiatique (1939-1945) se mirent à créer des institutions au prétexte de garantir et préserver la paix dans le monde, c’est dans cette même logique que les choses ont été faites. L’ONU et ses « enfants » ne sont pas là, n’ont jamais été là pour la paix et le développement (peu importe la forme qu’on lui donne : économique comme social). De toutes les façons, il n’est qu’à voir comment les dirigeants de ces organisations sont choisis : c’est en fonction et rien qu’en fonction des intérêts occidentaux. Ahmadou Makhtar Mbow, âgé de 95 ans cette année peut témoigner de la manière avec laquelle les USA l’avaient poussé vers la sortie. Si Koffi Annan avait été choisi pour présider aux destinées de l’ONU (sans réelle pouvoir, il faut le dire), c’est parce que les puissants de ce monde avaient pris le soin de s’assurer que jamais il n’entraverait leurs desseins. D’ailleurs, Boutros Boutros-Ghali qui vient de décéder a témoigné de la manière peu cavalière avec laquelle les USA se sont débarrassés de lui en 1996 u terme de son premier et unique mandat à la tête de la grande maison de verre. Et, comme de coutume, les Etats africains sont là, passifs, spectateurs de leur propre destin qui se joue comme si cela ne les concernait pas.

C’est à très peu de choses près ce qui se passe pour le choix du nouveau président de la FIFA, l’organe suprême de gestion du foot mondial, qui brasse tant et tant de milliards. Cette organisation, créée en 1904 n’a jamais eu un seul président africain à sa tête. Et, cette année, un Africain a osé vouloir briser le mythe en présentant sa candidature pour diriger cette maison. Si un individu revenait d’une autre planète, il risquerait une crise cardiaque en apprenant que la CAF (Confédération africaine de football) soutiendrait un certain cheikh Salman. Il ne faut pas chercher à savoir de quel coin du continent africain il vient. Il est autant Africain que je suis un lama. C’est un citoyen bahreïni, ex-ministre des sports de ce pays. Pourquoi lui et pas le Sud-Africain, Sexwale ? Parce que la CAF avait déjà signé un accord avec la Confédération asiatique de football et les dirigeants africains, à l’unanimité, ont décidé récemment de soutenir le candidat de l’Asie, estimant que c’était le meilleur choix à faire pour eux.

Je ne suis pas expert en relations internationales, mais je doute très fort que pareil cas de figure se soit déjà produit en faveur d’un candidat africain qui, en pareil cas, aurait réellement des pouvoirs. Le pire, c’est d’apprendre que même les autorités sud-africaines ne soutiendront pas la candidature de Sexwale qui est bien parti pour être éliminé dès le premier tour avec 0 voix.

Amilcar Cabral, ce très grand homme avait raison de dire que ce n’est pas un cancer de l’estomac qui avait tué son aîné Kwamé Nkrumah, mais bel et bien le cancer de la trahison. C’est parce que Nkrumah a été trahi par les siens qu’il a fini par tomber malade suite au putsch subi en 1966.

Le pire est que ce cancer a des métastases qui continuent à sévir au sein de la population africaine, aussi bien sur le continent qu’au sein de la diaspora.

Le plus drôle, c’est ce que j’ai pu lire sur mon mur FaceBook. En effet, j’ai évoqué le cas Patrick Mboma, ex-footballeur professionnel né au Cameroun, qui est devenu depuis des années consultant pour le groupe Canal+. Ce dernier soutient le diplomate français Jérôme Champagne qui est candidat à la présidence de cette même FIFA. Pas un mot pour Sexwale. Pas un mot, je dis bien. Vu que nous sommes très attachés à la liberté d’expression, un ami FB est passé pour dire que ce qui compte le plus c’est la compétence et que si Champagne est compétent, Mboma a peut-être raison de le soutenir.

Soit.

Why not?

Un autre ami a apporté un son de cloche complètement différent et dont je me sens proche. Complètement proche.

Pourquoi les Africains, à ce niveau, devraient être les seuls à utiliser l’argument « compétent » (si cela est avéré, évidemment)? Pourquoi les autres se montrent quasiment tous solidaires, systématiquement et nous, pendant ce temps, on va chercher des compétents, toujours ailleurs. Il faut que le compétent soit Blanc et, accessoirement, il aura un adjoint Noir.

Nous avons tort de penser que les traîtres se trouvent exclusivement dans nos sphères politiques. C’est faux. C’est dans toutes les couches de la société en fait qu’il faut débusquer ces traîtres qui ne cessent de nous pourrir la vie, comme ils ont détruit les vies de nos Ancêtres qui donnèrent leurs vies durant les siècles d’agression et d’oppression et qui risqueraient encore de détruire les vies de nos enfants. ..