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Kemet (l'Afrique), les Kamit (les Africains), leurs relations avec le reste du monde, les essais qui me frappent, etc., voilà les sujets de cet espace

6 janvier 2016

Les Africains, ces fameux paresseux…

Classé dans : Non classé — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 10 h 31 min

Cette image est, à mes yeux, très belle.
Si je m’amusais à demander aux gens de me dire de quoi il s’agit, je suis sûr que la réponse C’est une femme qui a fait ses courses et qui attend un taxi ou un bus pour rentrer chez elle l’emporterait largement.

Bis Tous droits réservés, Obambe GAKOSSO
Cependant, il n’en est strictement rien. Cette dame, je ne sais pas si elle aurait droit au qualificatif de kadhafi. Non, rien à voir avec un quelconque lien de parenté avec la victime de la soldatesque occidentale, le Bédouin le plus célèbre qui refusa le titre de président au profit de celui, bien plus prestigieux de « guide », Guide de la révolution libyenne s’entend.
Au Congo, les kadhafi sont de jeunes gens qui se mettent aux abords des routes goudronnées, routes où en général il y a une intense circulation, pour vendre du pétrole lampant, du gasoil et de l’essence. On les voit apparaître souvent quand dans les stations-service, ces produits dérivés du pétrole brut se font extrêmement rares.
Je tiens quand même à dire que cette image a été prise sur une artère très importante de la capitale politique du Congo rive droite pays qui, comme chacun le sait, est un important producteur de pétrole brut dans la zone CEMAC. Je ne vais pas vous bassiner aujourd’hui avec les fameux chiffres que nous adorons tant mais vraiment, il y a du pétrole au Congo et le fameux peak oil n’est pas pour demain.
Dans ce pays donc, aussi curieux que cela puisse paraître, il y a une terrible pénurie d’essence depuis des semaines. Les Congolais, à qui on a dit par le Blanc que les journées des 24, 25 et 31 décembre d’une part et du 01 janvier d’autre part sont des jours sacrés et qu’il fallait faire la fête pendant cette semaine qui est sacrée et bien plus sainte que le reste, ont dû festoyer, ripailler en s’entassant devant les stations d’essence pour avoir de quoi remplir leurs réservoirs. J’ai vu durant cette période des chauffeurs de taxi dormir dans leurs outils de fonction… devant les stations d’essence. C’est dire que la chose est bien plus que grave.
Les kadhafi donc (c’est un peu de cela dont j’aimerais parler) sont donc là, aux abords des routes pour apporter un peu de réconfort aux automobilistes en leur vendant leurs produits, mais bien entendu, pas au même prix que ce qui se fait dans les stations d’essence. Ce matin par exemple,  un m’a dit vendre le litre d’essence à 1.300 ou 1.500 francs coloniaux alors que le prix officiel est actuellement de 595 francs coloniaux.
La chose parait toujours curieuse aux yeux des Congolais, mais je ne cesse de leur dire qu’outre les mamans qui se battent pour élever leurs enfants dans des conditions difficiles voire très difficiles, je pense que les héros de nos contrées, les vrais héros, ce sont aussi ces kadhafi car sans eux, ça serait peut-être la guerre civile dans les grandes agglomérations congolaises.
L’un des clichés les plus durs qui est véhiculés depuis le yovodah est celui de la légendaire paresse des Africains. Même après 17 ans que ce siècle ait commencé, il se trouve encore des Africains, sur le continent comme dans la diaspora, pour non seulement croire en de pareilles fables mais de plus, pour y prêter le flanc en répétant cette antienne comme les choristes chantent et rechantent chaque dimanche dans les églises.
Ces Africains sont tellement paresseux qu’on en voit tous les jours qui saisissent la moindre opportunité pour gagner dignement leurs vies. Ils ne se lèvent point le matin pour aller voir un oncle qui leur donnera 10.000 francs coloniaux. Ils ne vont pas squatter le salon d’une tante dès 11 heures du matin dans l’optique d’avoir un morceau de fufu et un morceau de côte de porc (même de très mauvaise qualité) le midi. Ils ne guettent pas le soir venu pour aller présenter l’ordonnance de leur enfant auprès d’un yaya afin que ce dernier, pris de compassion ou bien par humanisme tout simplement allège un peu sa bourse.
Non, non et non.
Ces kadhafi (dont cette jeune femme) se débrouillent pour trouver un bidon (au moins), une bouteille en verre (généralement c’est celle d’un litre de Pastis qui est utilisé), un entonnoir et cela peut suffire à leur bonheur.
Combien de temps cette jeune femme demeurera là ? Sans doute jusqu’à ce que ses produits soient écoulés, à moins que les policiers ne la chassent de là car ces derniers leur mènent la guerre, vu le caractère illégal de leur activité.
Que font les kadhafi quand il n’y a pas pénurie de carburant ? Ils sont oisifs pour certains mais actifs pour d’autres car ils ne manquent pas d’idées et pratiquent toutes sortes d’activités dans la vente surtout. La moindre opportunité, ils la saisissent comme l’abeille butine la moindre fleur qui se présente à elle.
Certaines jeunes femmes qui font ce genre d’activités sont mères de famille. Dans un enclos colonial où l’école publique est sinistrée depuis bientôt 25 ans, leurs enfants vont dans des écoles coûtant de 5.000 à 15.000 francs coloniaux par mois et rien ne dit que les pères (désœuvrés ou pas) y contribuent.
J’ai vraiment du respect, de la tendresse pour ces individus qui tiennent à rester dignes, malgré les embûches de toutes sortes. Ils n’écoutent guère les politiciens qui chaque veille d’élections leur promettent la lune, le ciel, la terre et le soleil en même temps, servis copieusement sur un plateau en uranium, même si l’enclos concerné ne regorge point de ce minerai.
Á Bangui aussi, j’en ai vu, de ces vendeurs de produits pétroliers au bord de la route. Tout le monde sait que leur disparition serait une véritable catastrophe pour l’économie locale.
Les Africains, ces fameux paresseux, décidément, me surprendront toujours…

Obambe NGAKOSO, January 2016©

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