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6 octobre 2015

De quel nom est le Premier ministre ?

Classé dans : Politique — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 23 h 40 min

Ça y est !

Comme il fallait s’y attendre, les Congolais vont se rendre aux urnes le 25 octobre 2015 prochain pour dire s’ils pensent que la nouvelle Constitution qui va leur être proposée leur sied ou s’ils préfèrent continuer avec celle de janvier 2012.

Oui-NonLa position de la Ligue Panafricaine – UMOJA (LP-UMOJA), l’organisation politique à laquelle j’appartiens a donné déjà son point de vue dans le numéro 5 (septembre, octobre novembre 2014). Je ne reviendrai donc pas là-dessus.

Je ne reviendrai pas non plus sur les bizarreries comportementales du pouvoir qui d’une part rejette sa propre Constitution de janvier 2002 et l’opposition qui se met à la défendre becs et ongles alors qu’en janvier, elle n’en voulait absolument point.

Tout cela est trop risible.

Vraiment.

On a le droit de changer, mais un minimum de cohérence en politique ne fait point de mal. Mais surtout, il faut argumenter. Cependant, quand on entend les arguments des uns et des autres, on est sidéré par ce vide… sidéral !

 

Sans être un expert en prophéties, je puis affirmer ceci :

-      Le taux de participation ne dépassera pas les 20% : les Congolais n’en ont cure de ces votes qui ne change rien à leurs vies, disent-ils le plus souvent ;

-      Le nouveau texte constitutionnel passera comme une lettre à la Poste et on repartira comme en l’an 40.

Ce qui m’intéresse le plus dans la nouvelle Constitution qui sera proposée aux Congolais, c’est la question du poste de Premier ministre. Je ne comprends pas l’engouement que les francofaunes ont pour ce poste. Il faut vraiment croire que ce mimétisme qui consiste à imiter chaque jour la France, la douce France de Charles Trenet a de beaux, de très beaux jours devant lui.

Il suffit pour s’en convaincre de jeter chez nos frères anciennement occupés par les envahisseurs venus du Royaume Uni : je me demande bien qui du Ghana, de la Gambie, du Nigeria, du Kenya, a un Premier ministre…

 

Du Sénégal au Gabon en passant par nombre de nos enclos coloniaux made in France, le poste de Premier ministre est incontournable. Il en faut un. Absolument. C’est comme obsessionnel. C’est comme consubstantiel de la politique. On a du mal à s’en passer. Et, quand on arrive à s’en passer, on ressemble à un drogué qui est en manque.

Or, nous savons qu’un drogué dans cet état est extrêmement dangereux et est prêt à faire n’importe quoi. Personne ne peut le raisonner.

Le Congo rive droite qui avait réussi à s’en passer ces dernières années va retomber dedans, pieds joints à l’issue donc de ce référendum (sauf coup de tonnerre).

 

La question que peu de gens se posent est celle-ci : à quoi sert un Premier ministre ?

 

Et moi, perfide, d’ajouter : dans des régimes où les chefs d’Etat concentrent l’essentiel des pouvoirs entre leurs mains (même celui de nommer des fonctionnaires à peine moyens…), franchement, le Premier ministre est un fusible que l’on fait sauter chaque fois que le président et son gouvernement sont en difficulté. En gros, c’est comme au football où l’on fait sauter le coach dès que les résultats du club sont mauvais. Le président quant à lui est souvent tranquille, sauf dans des pays où ils peuvent être battus aux élections.

 

Le Premier ministre, tel que la chose a été conçue par Michel Debré et Charles de Gaulle en France est vraiment un homme qui ne sert pas à grand-chose sinon à couvrir sans cesse son patron, son chef, le président de la République. Il est un paratonnerre que l’on sert, dont on use et abuse chaque fois que le temps devient mauvais. Et là, le président, tel Dieu apparaît, choisit un nouvel homme (la plupart du temps on n’aime pas nommer à ce poste une dame) vire celui qui est en place et comme un magicien, en sort un autre de son chapeau.

 

Pendant que le Premier prend tous les coups, passe à la TV, voyage etc., le chef de l’Etat lui se la coule douce. Surtout dans nos contrées où les présidents adorent aller enrichir cliniques et hôpitaux occidentaux, l’idéal pour président de la République, c’est d’avoir un homme à ce poste.

 

On ne parle même pas de l’aspect financier car c’est un véritable gouffre financier pour nos jeunes Etats qui ont sans cesse du mal à boucler les fins de mois, obligés que nous sommes parfois d’avoir recours à l’endettement même pour payer les traitements des fonctionnaires africains. Il lui faut un nombre de conseillers impressionnant, parfois plus même que le chef de l’Etat himself, sans compter les chargés de mission.

 

Pendant que le chef de l’Etat répond aux questions orales au Parlement, le président lui « sèche » cette séance. Et comme pour se rattraper, les défenseurs de ce système ne se gênent aucunement pour dire que nos Constitutions ne permettent pas aux présidents de répondre à ces questions. Pourtant, ces mêmes textes constitutionnels permettent souvent aux chefs d’Etats de s’exprimer devant le Parlement réuni en Congrès. Sauf qu’à la fin, monsieur (c’est rare que ce soit une dame) s’en va chez lui ou à la pêche et il n’est même pas foutu de débattre comme s’il était Dieu et les autres ses créatures.

 

Avec un chef d’Etat sérieux, ayant de très bons collaborateurs, un pays qui veut résolument travailler peut très bien se passer de Premier ministre. Tout le monde en ressentira les bienfaits.

 

Il est dommage, vraiment dommage que le débat se focalise sur l’âge du capitaine et sur la limitation du nombre de mandats. Oui, c’est triste car il y a tant et tant de sujets qu’il aurait fallu creuser à commencer par cette anomalie qu’est le poste de Premier ministre.

Mais bon…

 

 

Obambe NGAKOSO, October 2015©

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