Il n’y a plus de monnaie au Congo…
Pharmacie !
En juillet dernier, je fus contraint, du fait des embouteillages, de descendre du cent-cent dans lequel je me trouvais, peu après le Lycée Thomas Sankara, dans le sens Mikalou-Nkombo. La file de véhicules était interminable et nous venions de passer plus de trente minutes pour parcourir moins de cent mètres.
Je me rappelle alors que dans ce cas, la vitesse est de 0,0556 mètres par seconde. Pas de quoi pavoiser.
En descendant, j’en profite pour entrer dans la pharmacie que je trouve. Je prends un produit et la monnaie qui doit me revenir est de 25 francs CFA. La dame qui m’a servi, plus toute jeune, donc a priori respectable, sans un mot d’excuse, sans me regarder en face, sans le moindre professionnalisme, me dit en me donnant mon produit et en s’en allant aussitôt après, Il n’y a pas de monnaie.
Je ne vous cache pas que j’ai été choqué par cette réaction. Vraiment !
Quelle impolitesse !
Qu’il n’y ait point de monnaie, je peux le comprendre, mais de là à se comporter de la sorte, avec autant de légèreté et de désinvolture, cela fait bien partie des comportements que je ne supporte point, mais alors là point du tout.
Très pressé de rentrer chez moi et de prendre une bonne douche puis de me reposer, je suis ressorti aussitôt (ce n’est pas bien, je le concède) et j’ai repris mon bonhomme de chemin.
Park’N Shop !
Au centre-ville de Mfoa, il y a un grand établissement appelé Park’N Shop. Il paraît que ça appartient à des Indiens, mais le petit personnel est, évidemment, Africain. Me trouvant un jour au centre-ville, j’en profitais alors pour me chercher quelques produits pas évident à trouver dans mon quartier ou ailleurs. Le lieu ne me plait pas vraiment mais on fait avec. En passant à la caisse, j’ai le malheur de tomber sur un gars qui, visiblement, doit faire partie des patrons ou des propriétaires. Je reçois ma monnaie et là, je me rends compte qu’il me manque des pièces. Le gars me donne alors une gomme à mâcher.
Je vous passe les détails sur l’échange que nous avons mais ce qui m’a le plus énervé avec lui c’est qu’il souriait comme si de rien n’était, sans le moindre mot d’excuse. je lui ai dit ma façon de penser. Ça a eu l’air de lui faire mal. Et je suis parti. Car pressé.
Il ne faut pas être pressé.
MoneyGram (La Poste en fait) !
J’ai appris que les gens qui reçoivent de l’argent de l’extérieur du Congo via MoneyGram (au niveau de La Poste) ont un souci de monnaie. En fait, pour être précis, ce sont ces gentilles dames qui n’ont jamais de monnaie. Il m’a été rapporté que plus d’une personne devant recevoir l’équivalent de 300€ n reçoivent pas la totalité de cette somme, soit moins que les 196787,1. Du fait que la pièce la plus petite est celle de 5 francs CFA, les clients devraient recevoir au minimum donc 85 francs CFA. Eh ! ben non, on ne les reçoit pas.
La raison ? Eh ! ben là non plus, il n’y a pas de monnaie. C’est quand même étonnant, pour un bureau de poste.
En fait, les choses sont claires, ces bonnes femmes, sans doute très bien intentionnées collectionnent en fait cet argent pour leur propre compte. 5 francs par-ci 95 francs CFA par là, à la fin de la journée, on peut aisément monter à des milliers de francs CFA.
Et comme les Congolais ne se plaignent jamais, tout cela passe comme une lettre à La Poste…
Café Torino !
Au bord de l’océan Atlantique, il y a un large choix de café où on peut s’asseoir, prendre un verre en attendant un rendez-vous ou simplement pour discuter bizness. Je me suis retrouvé ainsi au Café Torino, un bel endroit dont on devine aisément que les propriétaires sont Italiens (Torino est une ville du Nord de l’Italie). La majorité des clients que j’y ai vue en matinée sont d’ailleurs Italiens.
Je prends alors une consommation, je pianote sur ma tablette, je gribouille quelques notes sur papier et quand l’heure du rendez-vous approche, je me lève pour partir. Là aussi, je me rends compte que la monnaie est incomplète. Je n’apprécie pas, alors là pas du tout car j’estime que le pourboire est à la discrétion du client et il ne saurait être imposé par le patron ou ses employés (es). Je le fais donc remarquer à la jeune fille (Africaine car le petit personnel, n’oubliez jamais, est Africain) que la monnaie est incomplète. Elle se dirige avec la note vers la caissière et revient vers moi pour me dire qu’il n’y a pas de monnaie.
A mon tour de me diriger alors la caissière et de lui faire comprendre que d’une part, elle aurait dû dire à sa collègue (celle qui m’a servi) qu’il y avait un problème de monnaie. D’autre part, un petit mot d’excuse de leur part ne serait pas de trop et que non seulement ça serait professionnel mais surtout, c’est un signe de bonne éducation.
La pauvre, je ne vous dis pas l’état dans lequel elle se trouvait. Elle ne devait plus savoir où elle demeurait ni comment elle s’appelait.
Comme là aussi j’étais pressé (j’avais rendez-vous), je n’ai pas insisté.
Conclusion : être pressé, ce n’est pas bien. On me fait souvent ce reproche et je comprends très bien.
Obambe NGAKOSO, October 2015©