A Nantes aussi, la famille est là…

L‘arrivée dans la ville de Nantes s’est très bien passée.

La SNCF, une fois n’est pas coutume, a fait du bon boulot. Est-ce parce que c’était un TGV, Je ne sais pas.

En tout cas, ils ont fait leur job et je leur dis merci.

Neg Mawon, d’Ayiti en train de boire dans un lambi

Les deux frères venus m’accueillir à la gare m’ont immédiatement communiqué leur chaleur. Cette chaleur que certains croient perdue, disparue parmi les Kamit. Est-ce parce qu’ils sont eux-mêmes militants, Je ne crois pas car j’ai rencontré dans cette ville, à l’occasion de la conférence que nous avons tenue le soir-même, 20 mai 2015, des gens chaleureux, extrêmement chaleureux. Une chaleur qui se communique d’une manière que certains ont du mal à comprendre. Résultat, ils se posent des questions, tellement des questions, trop de questions.

Parmi les frères du « comité d’accueil », il y a le frère Christian Gaspard, natif de Basse-Terre*. C’est un passionné d’arts à la quête de ses racines Kamit. Je ne parle sans doute pas assez de ces questions de quête identitaire sur cet espace, je le reconnais mais quand l’occasion m’en est donnée, je n’hésite point.

 

« Tu es franc-maçon? » a-t-on demandé au peintre en voyant ce tableau…

Je l’ai écouté, j’ai discuté avec lui et, lorsque je reprendrai le train pour retrouver l’Île-de-France, il fera partie de ces gens que je n’oublierai jamais.

56 ans mais il en paraît 10 de moins.

Très curieux alors qu’il sait tant et tant de choses.

Modeste, discret, il déteste les photos. Pour qu’il daigne être filmé, j’ai dû faire des orteils et des mains.Par contre, il y a un truc que je n’ai pas réussi à faire, c’est le filmer en compagnie d’un de ses tableaux: C’est tèh, niet, nein, non, nada, walo, non! Non négociable…

Dans sa jeunesse, en Guadeloupe, il a écouté Dr. Nico: quels souvenirs… Si j’avais su qu’il me fallait mettre pied à Nantes pour entendre un frère, Africain de la Caraïbe me parler avec autant de verve du regretté Dr. Nico Kasanda wa Mikalay…

L‘école coloniale nous a fait croire que les génies sont ceux qui ont tout le temps entre 19 et 19,95/20 de notes ou de moyenne alors que l’expérience nous apprend qu’il n’en est rien. Pour moi, un gars capable de faire du gwoka, d’écrire des poèmes (en kréol comme en français), capable de faire des peintures que les gens apprécient (je n’y connais rien, je le dis souvent, donc j’écoute), capable de me raconter l’histoire du Chevalier de Saint-Georges (que je ne connaissais que très peu, grâce à Daniel Picouly**), je m’arrête là dans les énumérations, il a forcément du génie en lui et ça, ça ne demande aucun parchemin d’écoles et de facs modernes.

J‘ai pris le temps de regarder attentivement ses tableaux, de les « étudier » à mon modeste niveau, pour essayer de comprendre et je vous jure que cet homme vous donnera l’impression d’avoir vécu à Kama car des masques que l’on retrouve aujourd’hui en RCA sont présentes dans son oeuvre alors que jamais il ne les avait encore vues;

Jamais.

Quand certains de nos aînés n’ont eu de cesse de nous dire que Kama est en nous, ils savaient très bien de quoi ils parlaient.

Je suis très ému de ces moments passés dans cette ville, ancien port d’où partirent des bateaux négriers, pour aller arracher les miens sur les côtes de l’Ouest de Kama.

La conférence, Ah! oui.. Je vous en parlerai prochainement. Laissez-moi demeurer dans mes émotions. Je contemple la peinture de monsieur K. Gaspard***. 

 

Obambe NGAKOSO, May 2015©

 

PS: Pour tout vous dire, je l’ai photographié mais la photo est tellement floue que je ne la mets pas en ligne…

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*: Vous ne savez pas où c’est? Désolé, mais débrouillez-vous pour trouver!

**: Lire à ce sujet, La treizième mort du guerrier, Grasset, par Daniel Picouly

***: Il a choisi d’écrire d’écrire désormais son prénom avec un « K » en hommage à Kamit