Il y a 18 ans, la RDC naissait…
Le 17 mai 1997, la République du Zaïre, alors présidée par le maréchal Mobutu rendait l’âme pour devenir sous l’impulsion de Laurent Désiré Kabila la RDC.
RDC pour :
- Repubilika ya Kongo Demokratiki, en Kikongo ;
- Jamhuri ya Kidemokrasia ya Kongo, en kiswahili ;
- Ditunga dia Kongo wa Mungalaata, en tshiluba ;
- Republic ya Kongo Democrratic.
Oui, le changement, les changements, les foules, les masses, la plèbe, tout ce beau monde les adore. Quand Mobutu chuta, il sembla que la majorité des Zaïrois, (re)devenus du jour au lendemain des Congolais, jubila.
Le tyran fut chassé !
Vive le nouveau guide éclairé! Celui qui allait conduire le peuple vers le bien-être.
Un peu moins de quatre ans après son accession aux affaires, le pauvre Kabila rendait l’âme, assassiné dans des conditions que nous avons du mal à comprendre : qui a tiré ? Pourquoi ? Comme si la RDC était devenu un royaume, un jeune homme, officiellement né en 1971 devenait le plus chef d’Etat au monde, succédant à son père : Joseph Kabila Kabange.
Il y a des farces dont on aimerait rire mais quand elles nous touchent dans notre chair, dans notre âme, on a plus envie de se cogner la tête contre les murs que d’esquisser le moindre sourire.
Je me souviens encore de l’officier Eddy Kapend annonçant officiellement la mort de celui qui se faisait appeler Mzee.
Quel bilan pour Kabila tata* ? Suffit-il d’avoir renversé Mobutu pour en faire un héros ad vitam aeternam ?
Kabila tata avait laissé un enclos colonial en guerre. Une guerre provoquée par ses alliés d’hier, qui avaient été d’un grand secours pour son accession aux affaires.
Cela fait donc 14 ans que le fils règne sur cet immense territoire (2.345.000 kilomètres carrés) et ce territoire est encore en guerre. Personne ne connaît le nombre de morts et tantôt Kabila mwana** donne l’impression d’être comme un eunuque, tant il est incapable de mettre fin à la guerre ; tantôt il donne l’impression que la chose l’arrange. Entre nous, que perd cet homme quand des gens qu’ils ne considèrent sans doute pas comme les siens se font massacrer « loin », là-bas, dans l’Est de ce territoire ? Difficile d’avoir une opinion tranchée sur cet homme dont la parole est aussi abondante que des poils sur un œuf…
En ce dix-huitième anniversaire de renaissance, j’aurais voulu lever un verre de ntsamba*** à la santé de la RDC, la gâchette de l’Afrique (Frantz Fanon), mais je n’ose point. C’est un triste anniversaire quand je pense à tous ces millions de Kivutiens qui boivent la cigüe tous les jours.
En 2010, estimant sans doute que la RDC était indépendante, le gouvernement national décida d’organiser en grandes pompes des festivités pour le cinquantenaire de ladite indépendance. Les caisses étaient alors vides**** et le gouvernement, aura la bonne idée, que dis-je, l’idée du siècle, de s’adresser aux compagnies étrangères exploitant le sous-sol RDCien afin de leur demander de l’argent pour financer les nkembo****.
Je bois mon ntsamba, malgré tout, en pensant à Lumumba, Patrice Emery de ses prénoms, à tous ses compagnons de route et à tous ces enfants d’Afrique qui crèvent en RDC comme dans les eaux internationales du fait de la faillite et des échecs successifs de nos élites diverses.
Bonne fin de dimanche à vous !
Obambe NGAKOSO, May 2015©
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* :Tata = père, papa.
** :Mwana = fils, fille, enfant.
*** : Vin de palme
**** : Quand on sait le scandale géologique qu’est ce territoire, on a envie de crier… au scandale !