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2 avril 2015

Nigeria? Pas d’euphorie pour moi…

Classé dans : Non classé — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 16 h 10 min

L’euphorie n’est pas encore retombée, après l’annonce des résultats de la présidentielle du Nigeria. Je scrute les réseaux sociaux et je vois des gens enthousiastes, très heureux même de voir ce qui s’y passe.

De gauche à droite, le perdant et le vainqueur

De gauche à droite, le perdant et le vainqueur

Je fais partie des gens qui sont contents. Pas forcément, parce que Muhammadu Buhari a gagné l’élection. Pas du tout parce que Goodluck Ebele Jonathan a reconnu sa défaite. Pas du tout, mais alors pas du tout parce que le sang n’a pas été versé concernant cette joute. Ma joie est issue du fait que le zoologue de 57 ans quitte le pouvoir. Je ne suis pas au fait de tout ce qui a été fait en bien depuis le 6 mai 2010 (date de son entrée en fonctions comme président de la République Fédérale du Nigeria), mais il y a des éléments dont je suis au fait et qui me poussent à le vomir afin qu’il disparaisse de la politique ou qu’il revienne avec de meilleures intentions qu’il n’en a montrées jusque là :

-      La question de Boko Haram ;

-      La question des raffineries pétrolière ;

-      La guerre franco-ivoirienne.

Je persiste à penser qu’organiser des élections (surtout présidentielles) quand une partie du territoire national est sous occupation de bandits qui y sèment la terreur est pure folie. Une telle irresponsabilité ne saurait être admise, de la part d’un chef d’Etat. Les autorités fédérales n’auraient pas dû faire une chose pareille. Quand le pays est en guerre, on se bat pour le défendre et ensuite on passe à autre chose. Voilà un homme qui nous a montré que sa préoccupation principale n’est autre que sa réélection. Rien d’autre. C’est ce que j’appelle un politicien et non pas un homme politique. Un homme politique ne se préoccupe pas de la conservation ou non de son siège de président, de député ou encore de sénateur. Il fait et c’est tout. Je crains que notre ami Jonathan n’ai raté sa sortie. Et quand je me souviens encore qu’il laissait ses compatriotes sur le continent pour aller discuter sécurité à l’Elysée, je me dis que oui, les Nigerians ont bien fait de lui signifier son congé. Qu’il s’estime même heureux d’être en bonne santé.

 

Nigeria = pétrole.

Nigeria = plus grand producteur de pétrole au Sud du Sahara*.

Pourtant, quand on parle du pétrole nigerian, il y a un fait qui n’est souvent que très rarement évoqué. C’est celui qui concerne ses raffineries (Kaduna, Warri, SAR etc.). On sait qu’elles sont soit en piteux état ou qu’elles ne fonctionnent pas du tout, ce qui oblige le Nigeria à exporter l’essentiel de son brut afin que ce dernier soit raffiné ailleurs ou bien simplement les acheteurs en font ce qu’ils veulent. Pas besoin d’être expert en la matière pour comprendre que cela provoque un manque à gagner très important pour les réserves fédérales. Le Nigeria, au niveau où il se situe, n’a pas besoin d’études approfondies pour comprendre que la voix vers la souveraineté, donc un mieux-être de sa population, passe par la transformation locale, dans la mesure du possible, de ses matières premières. Le maintien d’un tel système – très mauvais – ne profite qu’à un tout petit groupe d’individus et non pas à la majorité de la population. Plus le temps passe et moins je fais confiance aux hommes politiques qui ne prennent pas de mesures radicales, forcément risquées, contre cet état des choses. On ne peut cautionner ces actes et se faire applaudir par la même occasion. Je suis bien conscient que les choses ne sont pas aussi simples qu’allumer son ordinateur et se pianoter sur son clavier. Il faut cependant oser sinon on n’arrivera à rien. A rien du tout ! Que Jonathan s’en aille donc…**

 

Nous avons tendance à diviser notre continent en deux grands groupes, bien distincts : les soi-disant anglophones d’un côté et les soi-disant francophones de l’autre. Après avoir effectué (chaque fois) cette césure, nous sommes peu ou prou, un certain nombre à penser que ça va mieux dans les enclos coloniaux anglophones que dans leurs pendants francophones. Et donc, si c’est le cas, c’est dû au fait, forcément, que les dirigeants dits anglophones, sont meilleurs que leurs camarades qui appellent Paris au moindre coup de grisou. La chose est bien plus complexe que cela car si les chefs d’Etat de la Ligne de Front*** avaient eu le courage d’affronter, avec leurs maigres et modestes moyens le régime raciste de Pretoria, les dirigeants du Nigeria, du Ghana, de Sierra Leone, du Liberia et de la Gambie ont soit assisté, tranquillement, à la guerre menée par la France contre la Côte d’Ivoire ou même y ont apporté leur pierre afin que la France ait une mainmise totale sur cet enclos de 322.000 kilomètres carrés. Beaucoup attendaient un sursaut, ne serait-ce que par orgueil, par fierté, de la part du Nigeria. Ce sursaut ne viendra jamais et, au sein de la CEDEAO, ce géant prouvera que lui non plus, finalement, peut se montrer fort inutile à la bonne marche du continent vers la reconquête de la Liberté. Non, vraiment, il était temps que Jonathan s’en aille. Je compte beaucoup sur ses maîtres, en Occident, pour lui trouver du travail. Ce ne sont pas les zones de conflit qui manquent au monde, pour qu’il aille prouver ses talents, sans doute multiples, mais que nous avons, hélas ! très peu perçus…

 

Quant à Muhammadu Buhari, ce n’est pas moi qui lui signerai un chèque en blanc. Cela fait des années que les Africains organisent des élections à tour de bras. Pour certains d’entre nous, les élections sont même devenues synonymes de bonne santé démocratique, alors que le compte est loin d’y être. Il a déjà dirigé le pays deux années durant. Il a déjà tenté de compétir par deux fois à la présidentielle et la troisième sera donc la bonne. Je lui souhaite bonne chance mais je ne me fais aucune illusion. Je n’ai rien vu de révolutionnaire dans son projet politique. Il promet d’éradiquer Boko Haram ? C’est la moindre des choses de faire une telle promesse, non ? Il dit vouloir lutter contre la corruption ? Les enfants de 7 ans aussi sont contre la corruption. Même ceux dont les parents volent les deniers publics.

 

Goodluck to Buhari! 

Wait and see.

 

Obambe NGAKOSO, April 2015©

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* : Je me demande même si ça n’a pas changé, avec tout ce qui se passe en Lybie, merci Sarkozy de Nagy Bosca

** : Pour la fin de l’année 2014, la seule idée géniale que les dirigeants du Nigeria aient trouvée fut de privatiser 4 raffineries. C’est malin, ça… En passant, le Nigeria importe 70 de ses besoins en pétrole…

*** : Angola, Zambie, Zimbabwe, Namibie et Tanzanie

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