8 mars, j’adore nos mamans, nos soeurs et filles
Veillées mortuaires…
Ce ne sont pas toujours des occasions de tristesse et de malheurs. Surtout quand celui qui est éprouvé fait preuve d’un courage extraordinaire.
Perdre son père n’est pas la chose la plus agréable que l’on puisse souhaiter, même à son pire ennemi…
Les Africains adorent tellement la télévision que même pendant les veillées mortuaires, pendant qu’il y a soit de la musique traditionnelle (que j’adore) soit de la musique chrétienne (le plus souvent), la télévision tourne (sans le son).
Á un moment donné donc, ce fut une chaîne d’info française, en continue, qui était à l’écran avec comme vedette le sieur Claude Guéant. Oui, en garde à vue. Oui, mis en examen. J’ai tellement consommé de ces media depuis des années que je fais l’effort de m’en désintoxiquer au risque d’être parfaitement lobotomisé.
Les autres dans le salon où nous étions, se lancent alors dans une discussion sur la malhonnêteté au sein de la classe politique française. Les éléments les plus intéressants à souligner de la part des sœurs, des mamans et des filles présentes (les hommes faisaient comme moi à ce moment-là, nous écoutions) :
- Ils sont même plus voleurs et malhonnêtes que les politiciens chez nous ;
- Ce sont des voleurs, ils ont tué Kadhafi pour son propre argent et son pétrole ;
- Hollande et Sarkozy sont pareils, des * ;
Une maman a alors pris la parole pour dire : Tout ce que vous dites-là, ça ne m’intéresse pas. Mon fils Bambi ici présente me le dit depuis des années. Je le prenais pour un fou avant mais j’ai fini par comprendre. Ce qui m’intéresse maintenant c’est que tout ça soit dit sur leurs chaînes de TV. Ces chaînes que tout le monde regarde. Comme ça, les Français sauront.
Une jeune fille lui a dit que c’était impossible car des propos pareils ne pouvaient passer sur ces chaînes, vu que ça va à l’encontre des intérêts français. Pour elle, les bons Nègres dans ce pays, ce sont les Rama Yade qui insultent leurs propres peuples.
Quand on entend tout ça, a-t-on encore envie de parler ?
Peut-on vraiment désespérer de nos sœurs, mères et filles ?
Une s’est alors rapprochée de moi pour que je lui explique cette histoire de franc CFA. J’ai pris quelques minutes et en lingala et en embôsi, j’ai fait mon sacerdoce. Inutile de vous dire combien elle était révoltée.
- Que faire alors, mon frère ?
- Il faut faire le ménage en Afrique. Rompre les liens néfastes. Toi qui es chrétienne, tu sais bien ce que c’est non, rompre les liens ?
C’est là qu’une fille (la plus zélée, la plus jeune aussi, pas politique pour un sou) dira que si nous essayons de rompre ces liens, on va nous faire la guerre. Elle s’est mise alors à parler de la Côte d’Ivoire et du président Koudou Gbagbo. Elle sera suivie par trois autres qui diront la même chose.
Celle qui s’était rapprochée de moi de dire alors, Soki ba guerres wana to tika kaka. To si to lémbi. BaFrançais ba sala na bango ndenge ba lingi.**
J’ai enchaîné :
- Ouvre ta bible s’il te plaît.
Comme trois heures auparavant elle faisait tout pour me convaincre de la suivre un jour dans leur église, elle était folle de joie.
- Abed-Nego.
- Pardon ?
- Daniel 3.
Elle a ouverte t a lu à haute voix.
J’ai enchaîné :
- Conclusion ?
- Quelle conclusion ? Il ne faut pas avoir peur. Quand on a la foi, que son combat est juste, il faut marcher même su le feu.
- C’est ce que toi et moi devons faire, si on veut s’en sortir. Marcher sur le feu. Ne pas avoir peur de faire la guerre puisque notre cause est juste.
- Papa hé ! pardon na yo, to tika naani makambo ya bible wana. Ba Abed-Nego wana E zalaki likambo mosusu.***
- Tu as la foi ou pas?
- Oui, mais ce n’est pas pareil.
- Ok ! si l’esclavage te sied mieux…
Bonne soirée de dimanche chez vous !
Obambe NGAKOSO, March 2015©
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* : Censuré par moi. Le tombereau d’injures était impressionnant.
**: Si ce sont encore ces guerres, laissons tomber. On en a marre. Les Français n’ont qu’à faire comme ils veulent.
***: Pardon papa, laissons d’abord la bible de côté. Les Abed Négo, c’était autre chose