Simone Ehivet-Gbagbo et la justice coloniale française
Quand la France donne ses chiffres mensuels concernant le taux de chômage, le nombre de chômeurs et toutes les statistiques liées, ce qui est appelé pudiquement les Outre-mers ne sont pas pris en compte.
C‘est comme ça et ce n’est pas prêt de changer. Les gouvernements de droite comme de gauche ont beau être aux manettes, cette étrange classification est immuable. Partout, ils ont beau dire, crier, hurler que « La République est une et indivisible », dès qu’il est question des territoires nègres il y a France et France. Du temps officiel de la colonisation, c’était pareil: celles et ceux qui naissaient dans les territoires conquis n’étaient pas comme les autres. Ils étaient juste un peu Français, juste la dose nécessaire pour que la République tente de se donner une apparence de respectabilité. Ce qui s’est passé en côte d’Ivoire en est une autre illustration, si certains ont encore besoin de s’en convaincre.
La France a des années durant, via la politique du troisième homme, harcelé le président Koudou Gbagbo, le grain de sable qui s’était incrusté dans la mécanique bien huilée du pré carré français de la CFCI (Colonie française de Côte d’Ivoire). Le Woody de Mama aura eu beau résister, ils finiront par le déloger du palais présidentiel, bombardé des jours durant, sans la moindre vergogne. Après qu’ils l’eurent délogé, ils l’offrir aux dozo. Histoire de faire semblant. Ils l’emprisonnèrent dans le Nord de la colonie avant de le déporter à La Haye, aux Pays-Bas pour, disent-ils, le juger. La déportation, on le sait, est une tradition bien française. Le président Gbagbo n’est pas le premier leader africain à la subir. C’est une méthode bien maîtrisée pour se débarrasser des empêcheurs de piller, de violer et d’humilier en rond, à défaut de leur offrir un aller-simple pour l’au-delà.
Alassane Dramane Ouattara, du temps où il était Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny avait déjà utilisé la méthode de l’emprisonnement pour se débarrasser de Gbagbo avec la mise en place de la loi anti-casseurs. Ce qui arrive donc aujourd’hui à Simone Ehivet-Gbagbo, la femme politique la plus connue et la plus populaire de cette colonie française n’est en fait qu’une énième péripétie: il faut s’en débarrasser. Quitte à passer par un procès des plus iniques, des plus ridicules. J’ai essayé de suivre la chose du mieux que j’ai pu mais j’ai passé mon temps entre sourires et rires. La France et ses valets ne sont décidément pas à une honte près.
Zéro!
Aucune preuve n’a été apportée contre l’accusée. La justice coloniale est allée sortir des « témoins » comme un prestidigitateur sortirait des lapins de son chapeau, histoire de donner l’illusion à son public qu’il assiste à un moment inoubliable. Quand on est habitués à ce genre de choses, on ne peut plus se faire blouser.
Ce n’est plus possible.
Je savais que ce procès serait grotesque, mais j’étais loin de me douter que les bornes de la bêtise seraient franchies à ce point. Les avocats de l’Etat colonial ont demandé 2.000 milliards d’amende contre Mme Ehivet-Gbagbo et ses coccusés.
Non, vous ne rêvez pas. C’est bien la somme qui a été demandée à l’issue d’un « procès » où aucune preuve n’a été apportée contre ls accusés. Le parquet général a en plus requis dix ans de prison contre Mme Ehivet-Gbagbo, l’épouse du président Koudou Gbagbo. Son beau-fils, Michel Gbagbo (fils de son époux) a reçu cinq ans fermes de la part de ce même parquet.
Le chemin vers la souveraineté du continent africain, on ne le dira pas assez, passe par du sang, de la sueur et des larmes (pour celles et ceux qui en ont encore). Les membres du FPI (Front populaire ivoire) qui ont pour siège la MACA (Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan) depuis l’arrivée des dozo au pouvoir, en font encore l’amère expérience.
Non, je devrais cesser de rire.
Obambe NGAKOSO, March 2015
Ce procès n’honore pas le pouvoir en place ; mais surtout, il n’honore pas la justice du pays. Quel est cet Etat qui demande cette somme. Quel est le préjudice causé ? J’espère tout simplement qu’Alassane Ouattara vivra assez longtemps pour subir une justice analogue.
Frère.
S’agissant des statistiques, seuls les noirs naïfs se croient considérés par la MÉTROPOLE.
Depuis combien de temps toutes ces îles sont françaises? Depuis combien de temps les noirs y sont libres?
Les Antilles dites françaises accusent un retard par rapport à ses voisins afrodescendants dans la reconquête de son identité Kamite.
Ceux des USA se disent africain-américain… Mais ceux des DOM, pas tous, dénigrent leur origine kamite… Où peuvent-ils se retourner alors? Ils portent les noms de leurs anciens négriers et la MÉTROPOLE n’en veut pas…
Le seul intérêt pour la France est de garder avec ses DOM une place de puissance maritime.
Quant à la Côté d’Ivoire, tout est dit, mais… N’est ce pas la faute au président Gbagbo de ne pas avoir pu ou su rompre avec ce cancer françafricain?
Qu’a t-il fait pour fermer la base militaire française sur son territoire, premier outil de déstabilisation?
N’a t-il pas signé de juteux contrats avec les entreprises françaises?
Un double jeu dangereux…
Avait-il mis fin au francs des colonies françaises d’Afrique?
Malheureusement, le couple Gbagbo est aussi victime des choix stratégiques non pris.
Cher Mfoa Nkuna, j’affirme ici que votre connaissance du programme de conquête de l’indépendance de la Côte d’IVOIRE par Laurent Gbagbo est très lacunaire. Il est de notoriété publique qu’il était à un ou deux mois d’instituer une monnaie ivoirienne indépendante du CFA avant le coup d’état de la France. Rien ne se fait en un jour. Des contrats ont été certes signés avec la France. Mais c’est aussi parce qu’il signait d’autres contrats avec d’autres pays étrangers économiquement puissants qu’il s’est attiré l’animosité de la France qui avait le monopole du marché ivoirien. On ne peut pas passer de 100% à 0% de dépendance sans réaction du détenteur du monopole. Tu vois bien qu’en réduisant le monopole de la France de quelque 10 à 30%, il a provoqué la colère du colonisateur.
Cessons donc de dire que tel aurait pu faire ceci ou cela. Ce qu’il a tenté est déjà beaucoup puisqu’il a payé un fort tribut pour cela. C’est ce que l’histoire doit retenir. Ne vous estimez jamais meilleur que les autres. Sachez apprécier à leur juste valeur les pas accomplis vers l’indépendance de l’Afrique. Sauriez-vous mettre votre pas dans celui de Laurent Gbagbo pour aller plus loin ? Voilà la question que je vous pose et à laquelle vous devez répondre en vous engageant pour l’Afrique. Il y a des mouvements politiques qui avancent dans les pas de Lumumba, de N’krumah et de Laurent Gbagbo. Rejoignez-les.
Frère Raphaël ADJOBI.
Je n’aurai jamais la prétention d’avoir la science infuse. Je vous la laisse volontiers.
Laurent Gbagbo a été un grand résistant sous le président Houphouët Boigny (dont on sait que ce n’est pas son vrai nom), emprisonné par Ouattara, a fait montre de naïveté une fois au pouvoir.
Ce que je reproche au peuple kamite, c’est sa naïveté justement. Laquelle découle de la culture de soumission et de l’excuse qui semble nous animer.
Le président Gbagbo a été naïf, là est sa seule responsabilité pour moi. Quand on est historien. On peut être tout sauf naïf. Sa situation est d’abord la résultante de sa naïveté.
Il a mon soutien en tant que panafricain, pour sa vision, et son combat.
Mais, apprenons à dissocier les causes des conséquences. Il en va de notre survie.