Les âneries de Gorgui (Wade)
Entre le fameux La vieillesse est un naufrage, cher à Charles de Gaulle (1890-1970) et le non-moins fameux, En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle, du regretté Amadou Hampâté Ba (1901-1991), j’ai toujours envie de faire mienne la phrase, belle, de Bâ, l’enfant de Bandiagara, qui nous a laissés de si beaux textes même si avec le temps, il y a des phrases qui pour moi ne peuvent passer.
Ça, c’est une autre histoire.
De Gaulle a quitté la présidence de la République française alors qu’il était non seulement vomi par la rue, désavoué par un référendum qu’il avait initié (qu’il perdra) et aussi parce que des gens dans son propre camp voulaient son départ. Il avait pas loin de 80 ans. Se considérait-il lui-même comme un naufragé, vu son âge et vu ce qu’il pensait de la vieillesse ?
Bâ, à n’en point douter, était une véritable bibliothèque vivante vu la masse d’informations qu’il accumula le long de sa vie. En le lisant (et j’ai eu le plaisir de lire tous ses livres), on pouvait essayer de commencer l’estimation de la bibliothèque.
Je ne suis pas de ceux qui pensent que tous les vieillards ne sont pas des bibliothèques. Non. Ils sont tous des bibliothèques, mais les contenus varient tellement qu’il y a à boire et à manger. Je ne peux pas concevoir qu’un Homme vive vieux et n’ait pas amassé des tonnes ou des quintaux de connaissance, de savoir.
Abdoulaye Wade fait partie de ces vieillards qui en ont dans la cabesa. Difficile de lui contester ses connaissances. En économie, en droit et en mathématiques, il en connait un rayon. Il fit partie de ces opposants que j’admirais jadis et chacune de ses prises de parole, en public, était pour moi des moments de joie. Je prenais le soin, souvent, de les analyser et de les décortiquer. Un homme, comme lui, capable de déplacer autant de foules, de sortir des formules mouches comme, La macroéconomie ne se mange pas !
Hélas ! Wade, il lui arrivait, il lui arrive aussi de dire des âneries qui n’honorent ni son âge ni la classe politique sénégalaise dans son ensemble. Il nous a habitués, il faut le dire, à des saillies plus qu’inquiétantes même quand il était président du Sénégal (2000-2012). Depuis qu’il a quitté le pouvoir, on a l’impression qu’il boit le calice jusqu’à la lie, Gorgui, le crâne rasé le plus célèbre du Sénégal.
La dernière, je l’ai lue, je l’ai relue dix mille fois et ma conclusion est implacable.
J’ai honte !
Honte pour lui !
Honte pour le PDS (Parti démocratique sénégalais) !
Honte en me souvenant que cet homme est le seul chef d’Etat africain à avoir proposé à de jeunes Ayitiens d’aller au Sénégal pour y étudier, moyennant une bourse, suite au séisme qui avait frappé Ayiti le janvier 12 janvier 2010 avec 300.000 morts et des millions de sans-abris !
Cet homme, s’en prenant à celui que l’on considérait hier comme un de ses fils spirituels et politiques, en la personne de Macky Sall, celui qui fut un de ses Premiers ministres, celui qui fut un des présidents de l’Assemblée nationale sous les années Wade, il a sorti des horreurs, des injures qui à mon sens, gomment tout ce qu’il a fait de bon et de bien.
Il y a des choses qui ne passent pas et j’espère en tout cas que cette page qu’il vient d’écrire ne sera pas tournée de si tôt.
Lisez vous-mêmes les âneries de Gorgui, ici!
Obambe NGAKOSO, February 2015©