Obasandjo et la charia: voilà Boko Haram

Olusegun Obasandjo est un des officiers supérieurs les plus charismatiques de notre  continent. Lorsque la France suscita la Guerre du Biafra, avec la complicité de quelques dirigeants africains (dont le président ivoirien Félix Houphouët-Boigny), le Nigeria gagna cette guerre.

 

Le jeune officier, Olusegun Obasandjo…

L’officier qui recevra la reddition des indépendantistes biafrais est Obasandjo.

C’était en 1970.

Ce militaire de carrière continuera par la suite à servir son pays, ce fameux géant d’Afrique, en tant que militaire. Il refera surface, au plus haut niveau lorsque le 13 novembre 1976, le président du Nigeria, Murtala Muhammed était victime d’un putsch à l’issue duquel il perdra la vie. Obasandjo prendra les choses en mains et les insurgés perdront la partie. Il dirigera le pays trois ans, sept mois et dix-huit jours plus tard, il cédera le pouvoir suite à des élections organisées et remportées  par Shehu Shagari.

Faisons une pause à ce niveau en montrant à la face du monde que les Africains ne sont pas toujours ce qui est décrit habituellement.

Obasandjo est un Yoruba, né à Abeokuta, dans l’Etat d’Ogun (Sud-Ouest). Muhammed était quant à lui un musulman. Shagari, pareil, originaire de l’extrême Nord-Ouest du territoire.

Selon les schémas classiques présentés, Obasandjo, en bon président africain aurait tout fait pour s’accrocher au pouvoir. Il s’en ira sans demander son reste et à aucun moment il n’a cherché à mettre un Yoruba à sa place.

Quand le fou de Sani Abacha dirigea le pays (1993-1998) suite à un coup d’Etat et après avoir volé la victoire d’un autre Yoruba (Moshood Abiola, musulman), il fera mettre en prison Obasandjo. Ce dernier, pourtant retiré dans sa ferme, ne représentait pas un danger pour son pouvoir. Il le fait condamner à 15 ans de prison. Hélas ! pour Abacha, il meurt dans les conditions sordides que l’on sait… Obasandjo sort de prison et en 1999, il est brillamment élu (plus de 62% des voix) président du Nigeria. Il fait deux mandats et s’en va sous les applaudissements du monde entier, en 2003.

Le président….

S’il est très difficile hors du Nigeria de lui trouver des détracteurs (on adore tellement les présidents qui respectent la Constitution), je me pose toujours la question de savoir pourquoi cet homme à poigne, si général si admiré, si courageux, engagé volontaire au sein de l’armée britannique en 1958, a laissé se mettre en place dans des Etats du Nord de son territoire, la sharia. Si aujourd’hui Boko Haram arrive à sévir de la sorte, malgré les complicités exogènes que l’on sait, c’est aussi une conséquence de ce laisser-faire, de se laisser-aller dont ont fait montre les autorités fédérales nigerianes au moment de l’imposition de la sharia.

Obasandjo a-t-il subi des pressions pour laisser s’installer ce virus ?

Comme certains le pensent, y-t-il une sorte de deal avec les dignitaires du Nord (des musulmans) pour que ces gens fassent ce qu’ils veulent, « chez eux » et qu’au Sud aussi, on fasse ce que l’on veut, avec au milieu, le partage entre des « en haut de en haut » de la manne pétrolière, principale source de revenus du budget nigerian, via la NNPC (National Nigerian Petroleum Compagny) ?

Le gouverneur de l’Etat de Zamfara (Nord-Est), Ahmad Rufaï Sani instaura la charia en 1999 et Obasandjo se contenta d’un laconique et bref, La charia est illégale. C’était bien gentil, mais le rôle d’une autorité fédérale, après avoir dit que telle loi était illégale, n’est-ce pas de sévir afin que la légalité soit rétablie. Or, le bon chrétien d’Obasandjo laissa le virus et la gangrène s’installer progressivement au Nord et la contagion se fit comme une traînée de poudre. Neuf Etats aujourd’hui, pratiquent la charia, sur l’ensemble de leurs superficies et dans trois autres Etats, cela se fait partiellement. Cela fait donc douze. Douze de trop. En terre Africaine. Nos ancêtres doivent hurler de douleurs et il ne doit plus leur rester la moindre goutte de larmichette pour pleurer sur le sort de ce continent dont la dérive atteint chaque jour des sommets.

Le Nigeria a trente-six Etat au total. Question à un milliard de makuta : combien de temps faudra-t-il pour que le corps tout entier soit atteint par le cancer de cette charia ?

Obasandjo sous le poids de l’âge, avait-il ramolli?

Chaque jour qui passe nous offre son lot d’horreurs. Cela avait commencé par des bastonnades pour consommation d’alcool*. On s’est mis à couper des mains. Et un beau jour, Boko Haram est arrivé. On a encore une fois fait semblant de s’en émouvoir. On en subit les dégâts aujourd’hui. Ils sont au Cameroun. Et si nos armées coalisées n’en arrivent pas à bout, combien de temps leur faudra-t-il pour qu’ils réalisent une jonction physique avec les esclavagistes du Soudan et de la Mauritanie pour nous réduire tous et toutes en esclavage, atteignant un des buts véritables de ces dégénérés ?

Obasandjo a 78 ans maintenant et il n’est plus aux affaires. C’est à ses successeurs, au Nigeria comme dans d’autres territoires, de prendre conscience de la menace que notre peuple vit.

 

Obambe NGAKOSO, February 2015©

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* : On rêve. En plein 21^e siècle !