L’Afrique en 2015

31 décembre.

Dernier jour de l’année civile du calendrier occidental, adopté par nos Etats, et, selon certaines traditions, on fait son bilan.

Certains sont adeptes de résolutions, bonnes bien entendu, histoire de faire mieux que l’année civile précédente. Je me demande bien pourquoi…

Du côté de la Casamance, rien n’a vraiment bougé depuis des décennies. Abdoulaye Wade, du temps où il était opposant à Abdou Diouf avait promis que si jamais les Sénégalais lui confiaient la magistrature suprême, il règlerait le problème casamançais en 100 jours. Cela fait deux ans qu’il n’est plus président, après avoir dirigé le Sénégal douze ans durant…

Du côté du Soudan, le Sud est toujours à feu et à sang, au point que je pense sans cesse à John Garang de Mabior : avec sa poigne, peut-être que…

Au Burkina-Faso, la rue a balayé Blaise Compaoré, l’ancien brûleur en chef de l’Afrique de l’Ouest. Que va nous réserver 2015 ? Les dossiers des assassinats du président Thomas Sankara et du journaliste Norbert Zongo, on nous a promis de les rouvrir : ça va nous mener où exactement ?

Du côté de l’Eburnie, la probabilité est plus que jamais forte que le FPI (Front populaire ivoirien) du président Koudou Gbagbo vole en éclat avec deux nouveaux partis, un dirigé par son ancien président et ancien Premier ministre Pascal Affi-Nguessan et l’autre par… je ne sais qui en fait. C’est vraiment dommage que ce très grand parti qui a été l’espoir pour des millions d’Ivoiriens en particulier et pour quelques Africains en général (surtout au plus fort de la guerre) subisse pareilles avaries, comme un bateau à la dérive. Les convictions politiques, décidément…

On n’a que rarement les images du Togo et du Bénin, mais régulièrement s’y déroulent des marches de la part de militants des oppositions et de la part d’associations de la société civile. Au Togo, c’est le départ de Faure Gnassingbé qui est demandé, au Bénin, on veut les élections qui depuis trois ans semblent avoir été oublié par le président-chrétien Boni Yayi. Celui-là, je me demande bien à quoi il sert… Togolais et Béninois, frères et sœurs jumeaux, changeront-ils de stratégie en 2015 ?

Le pays pour lequel j’aurais voulu tant parler est le Nigeria qui en 2015 verra son président Goodluck Ebele Jonathan remettre son mandat en jeu. Il aura pour adversaire un vieux de la vieille en la personne de l’ancien président Muhammadu Buhari (battu en 2011 par Jonathan). Je ne dirai rien de plus car dans ce pays, on vote tous les quatre ans depuis la mort de Sani Abacha et cela ne change rien à la vie des Nigerians. Ils n’ont qu’à voter alors !

Au Cameroun, l’armée fait un travail de qualité face aux obscurantistes de Boko Haram. Ce pays est en danger, comme d’ailleurs tout notre continent face à ces malades mentaux qui s’ignorent, qui voudraient amener notre continent à vivre dans leurs idéologies de dingues. J’espère que 2015 verra une victoire éclatante de l’armée camerounaise et que cette affaire appartiendra au passé. Désormais.

Quant à la RCA, je ne crains de ne pas être plus bavard que sur le Nigeria : ce pays est failli, tout simplement. Ce qui s’y passe n’est même pas digne du rafistolage. J’ai honte.

Les deux Congo sont observés par leurs oppositions qui prient tout (leurs ancêtres, la vierge Marie, son fils Jésus et je ne sais quoi encore) afin que les hommes en place ne touchent pas à la Constitution. Ce qui dénote assez du niveau de ces clases politiques qui ne sont pas à la hauteur des enjeux. C’est tout simplement dommage. Mes positions sont clairement connues à ce sujet. Je suis un militant Panafricaniste et je n’attends rien, sinon pas grand-chose du PCT et du PPRD qui règnent en maîtres incontestés à Mfoa et à Kinshasa. Rien du tout même.

Ce qui m’intéresse le plus (et cela en surprendra plus d’un) c’est plutôt la vitesse que prendra l’évolution des choses dans l’Est African Community (EAC). Le chantier ouvert là-bas me plait et, même s’ils ne parlent pas de Panafricanisme mais plutôt d’intégration sous-régionale, cela en prend le chemin. Ça en a tout l’air et, fatalement, ils y arriveront :

-          Avec une monnaie unique (2016 ?) ;

-          Avec une libre-circulation des personnes et des biens.

Ils sont très bien partis pour damer le pion aux autres dormeurs du continent qui croient que leurs vies valent plus que celles du plus du milliard d’Africains que nous sommes.

2015 n’a qu’à arriver.

On l’attend.

L’Afrique est là.

 

Obambe NGAKOSO, December 2014©