France et Territoires d’outre-mer: un errant nommé Compaoré
Je me demande si en si peu de temps, Blaise Compaoré, PdF (Président du Faso), chassé lors du balayage par le peuple burkinabè, aura autant voyagé de sa vie.
A en croire l’hebdomadaire Jeune Afrique (qui connait très bien cet homme qui est une vraie calamité pour notre continent), notre lâche qui se croyait « homme fort », a eu le déplaisir de visiter les villes Libreville (Gabon) et Mfoa (Congo-Elf Aquitaine) en quelques jours.
On le savait à Yamoussoukro, la ville de Nana Boigny, où son ami et celui que l’on prenait pour son propre frère, Alassane Dramane Ouatarra l’avait accueilli après que sa très cher France l’ait aidé à fuir la fournaise (au sens comme au figuré) ouagalaise.
Je ne vous cache pas que j’avais été un peu surpris d’apprendre que le sieur s’était retrouvé au Maroc : pourquoi le Maroc ? Là-bas, nous avions appris il y a quelques jours que deux partis de la gauche marocaine avaient écrit aux autorités qu’elles ne voulaient pas de cet homme dans leur royaume si chéri. Le nationalisme marocain existe, croyez moi. Et la gauche marocaine aussi. Ce sont des mots qui ont un sens là-bas. Ce qui était « acceptable » là-bas sous Hassan II (1929-1999) ne peut plus passer sous cet angle avec son fils qui, qu’il aime ou pas nos gens, doit composer avec cette classe politique mise sous l’éteignoir par son papa.
C’était le 20 novembre 2014 qu’il s’était envolé pour le Maroc…
Ayant donc appris que les Chérifiens ne voulaient pas de lui, je savais que son séjour durerait moins longtemps que celui de son lointain aîné Mobutu (1930-1997) qui y avait élu domicile en 1997 et qui d’ailleurs, y mourra (ses restes sont d’ailleurs toujours là-bas). Je ne sais pas dans l’ordre, quelle direction il a choisie par la suite
Le 12 décembre 2014 dernier, il était de nouveau dans la ville de Nana Boigny…
Cet homme qui croyait être le propriétaire du Faso s rend compte qu’en réalité il n’est plus qu’un corps en peine, en train d’errer ça et là, séparé d’une partie des siens, dépouillé de tous ses pouvoirs qu’il avait crus éternellement lui appartenir.
De l’enseignement que j’ai tiré de mes aînés, nos ancêtres qui n’ont jamais la connu la prison avant que les bandits ne débarquent chez nous pour entamer le travail du viol de notre imaginaire, le bannissement était la règle pour certains criminels (incestueux notamment).
L’errance de Blaise Compaoré est à mon sens un signal fort et de ce legs qui ne se dément pas et des mânes de nos devanciers, dont Thomas Sankara himself qui doit bien sourire de là où il est.
Non, en effet, nos morts ne sont pas morts…
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis
Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit
Les morts ne sont pas sous la terre
Ils sont dans l’arbre qui frémit
Ils sont dans le bois qui gémit
Ils sont dans l’eau qui coule
Ils sont dans l’eau qui dort
Ils sont dans la case, ils sont dans la foule
Les morts ne sont pas morts
(Birago Diop, in « Les souffles », poème)
La chute et l’errance de Compaoré est encore une bonne occasion de rendre hommage à nos ancêtres, eux qui avaient si bien compris que faire du mal aux siens propres est extrêmement dangereux : on le paie un jour ou l’autre.
En ce moment, peu importent les conditions dans lesquelles est logé Compaoré à Yamoussokro, il n’est ni heureux ni à l’aise. Sinon, il n’aurait pas tenté, tel un aventurier, l’exil casablancais.
Il a 63 ans et toute sa vie pour méditer sur sa vie.
Bonne fin de dimanche à vous et n’oubliez pas que chaque jour est une vie.
Obambe NGAKOSO, December 2014©