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11 décembre 2014

« Place aux jeunes! »

Classé dans : Politique,Société — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 14 h 26 min

Voici ce que dit l’encyclopédie en ligne, Wikipedia* au sujet du jeunisme : Le jeunisme est un néologisme généralement péjoratif qui décrit la volonté supposée de donner une place plus importante aux jeunes, ou aux notions liées à ces derniers. (…) Le terme est utilisé dans des cadres professionnels pour décrire les discriminations par l’âge, mais également dans de nombreux corps de métier pour dénoncer le remplacement d’employés par de jeunes diplômés. On parle également de jeunisme pour désigner l’engouement pour les techniques de chirurgie esthétique, de soins du corps et de culte de la jeunesse en général.

Jeunisme

Je me marre en relisant ça (cela fait au moins cent fois que je lis ces explications et cette définition) aujourd’hui car j’ai appris la mise en examen d’un jeune homme politique français, Guillaume Peltier**, en vue d’une enquête pour favoritisme. Pour faire très court, lui et des amis sont accusés d’avoir fait saucissonner un marché public pour éviter un appel d’offres.

Avant de continuer sur mon sujet du jour, je marque un arrêt à l’endroit de mes compatriotes africains qui tous les jours me disent que seuls les Hommes politiques de chez nous sont malhonnêtes et qu’il suffit de traverser la Mare Nostrum (dans le sens Afrique-Europe, bien entendu !) pour se rendre que l’honnêteté et l’intégrité y siègent.

Je les attends.

Ce Peltier a à peine trente-huit ans (un bébé, quoi !) et est considéré par certains au sein de la droite française comme un de ces espoirs qui changeront les choses en faisant forcément différemment que leurs aînés. Les Sarkozy (59 ans), Juppé (69 ans), Fillon (60 ans), Copé (50 ans) etc. sont considérés par certains militants et même membres importants de la droite française comme des gens à ranger dans les musées tant ils ont fait leur temps et (ils n’osent le crier) brillamment échoué dans les responsabilités qui furent les leurs : président, Premiers ministres, ministres etc.

Bien entendu, une mise en examen ne vaut pas condamnation et la justice en dira plus dans les mois à venir, voire dans dix ans (why not ?), vu que la justice française est très pressée d’interdire les spectacles de Dieudonné mais ne trouve jamais urgence à traiter les cas des politiciens qui trempent leurs doigts jusqu’au coude dans tous les pots sucrés qui passent sous leurs yeux : confitures, compotes, marmelades etc.

Place aux jeunes !

J’ai souvent entendu cela en Europe quand les gens en ont marre des vieux barbons voire des vieillards cacochymes, aux affaires des décennies durant.

Sous nos cieux, sous nos latitudes, sous nos manguiers (non, il n’y a pas que des cocotiers chez nous), il arrive en effet que l’on entende la même rengaine. Quand ça ne va pas, l’être humain, pris de colère, est persuadé que le contraire ou l’inverse de ce qui est en place va forcément donner mieux.

Erreur fondamentale ! comme disait M. Glouchkov, mon professeur de mathématiques en classe de seconde. Que n’a-t-on point entendu au lendemain de la très sanglante et meurtrière Guerre du 5 juin 1997 que les Congolais ne sont pas prêts d’oublier ? Je me souviens que certains avaient applaudi Denis Sassou Nguesso, non pas parce qu’il avait gagné ou qu’il était revenu aux affaires, mais surtout parce qu’il avait fait confiance à quelques jeunes, à des nouvelles têtes à des postes importants comme ceux de ministres et de conseillers présidentiels. Il n’a pas fallu une vie pour que les mêmes se mettent à crier partout :

-          Ils sont comme les Vieux !

-          Ils font pire que les Vieux !

Si jeunesse était synonyme de talent, d’intelligence, de compétence et d’amour de son continent, cela se saurait et le peuple lui-même serait descendu dans la rue pour chasser les Vieux*** et les remplacer de force par les jeunes.

Il est e réalité plus question de systèmes que d’autres choses. L’âge n’a rien, mais alors là, absolument rien à voir dans la gestion de la cité. Bien entendu, nous savons qu’avec l’âge, le nombre de neurones diminuent, ce qui est la chose la plus naturelle qui soit : on ne résiste aux lois de la nature. Il y en a qui ont essayé, mais…

Dans un système, par principe, les gens sont solidaires. Ils ne sont pas obligés de s’aimer et ils ne se détestent pas systématiquement non plus. Non. Dans un système, il y a des codes, il y a des règles et celui et celle qui adhèrent à ce système sont en principe plus ou moins rigoureusement soumis de sorte à soit ne jamais déborder d système soit à en déborder le moins possible. On peut parler de solidarité gouvernementale, on peut parler d’une entreprise avec ses secrets de fabrication d’un produit etc. Ces fameux jeunes qui avaient rejoint les cabinets ministériels et les gouvernements africains à l’aube des années 2000 ont trouvé en place des systèmes et des mécaniques bien huilés, tellement bien huilés que tout ce qu’ils ont eu à faire était de trouver leur place, de s’y installer et de « faire comme tout le monde ». Une villa à acheter en banlieue parisienne aux frais du contribuable africain ? J’achète. Signer un accord criminel avec le FMI ou la Banque mondiale ? Je signe. Se mettre en rangs d’oignons pour saluer M. le président de la République qui revient de son village où il est allé se recueillir sur la tombe de sa maman ? Je m’y place. Une réunion à Paris avec les ministres de la zone franc, dont on sait qu’elle ne servira strictement à rien, si ce n’est à réaffirmer l’autorité et la mainmise des colons sur nous ? On y va. C’est tout cela le système et que l’on ait 25 ans ou 75 ans, quand on y est, on fait avec.

Au Gabon, depuis des décennies, il y a une expression qui ne cesse de faire florès : On va encore faire comment ?

Au Cameroun, on dit aussi depuis des lustres, Le Cameroun c’est le Cameroun. Tout un programme, n’est-ce pas ?

Tant que les Africains n’auront pas compris qu’il suffit de renverser Songolo pour le remplacer par Pakala, on passera notre temps à pleurer. Les larmes auront beau être chaudes, humides, sèches, brûlantes ou je ne sais quoi d’autre, cela n’y changera rien, mais alors rien du tout.

En 1992 les Congolais avaient donné un carton rouge à Denis Sassou Nguesso et à son parti, dès le premier tour de la présidentielle. Pascal Lissouba, Premier ministre de 1963-1966 (plus âgé que son prédécesseur, ironie du sort ?) a eu 5 ans pour gouverner. J’avais voté pour lui : il ne me restait plus assez de doigts pour mordre dedans… J’avais oublié que l’UPADS, parti de Lissouba, n’était qu’un clone du PCT. J’avais oublié. Les Congolais avaient oublié.

Le système, je vous dis, le système…

 

Obambe GAKOSSO, December 2014©

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* : Désolé mais mon dictionnaire papier était trop loin pour que je le consulte.

** : Je sais, vous ne le connaissez pas mais ce n’est pas important. Lui non plus ne nous connait pas.

*** : Tiens, on est Vieux à partir de quel âge ?

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