Epurebere, adi ibo ya ndziya yo: le blog d'Obambé Mboundze Ngakosso

Kemet (l'Afrique), les Kamit (les Africains), leurs relations avec le reste du monde, les essais qui me frappent, etc., voilà les sujets de cet espace

28 novembre 2014

Théâtre Gérard Philippe, hier soir: bravo la famille!

Classé dans : Société — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 11 h 59 min

Hier soir, nous nous sommes retrouvés dans la ville de Saint-Denis, la ville des rois.

Devant le Théâtre Gérard Philippe (TGP), nous manifestions contre les zoos humains du vingtième siècle appelés impudiquement « art ».

 

Un de nos petits, accompagnant sa maman! Voilà un guerrier!

Un de nos petits, accompagnant sa maman! Voilà un guerrier!

Á mon arrivée, comme je m’y attendais, il n’y avait pas grand-monde. Cette habitude des gens de notre communauté d’être de véritables révolutionnaires du Web et invisibles sur le terrain, je ne m’en offusque pas car la nature humaine est ainsi faite.

Tout le monde à ce moment-là n’avait pas un boulot à faire ; un rendez-vous chez le médecin ; un rendez-vous galant ; un repas familial etc. Non, c’est comme ça et ce que j’ai dit en substance à tous les frères et à toutes les sœurs qui, présentes et présents, s’en plaignaient.

J’en ai vu un qui a passé à peine 20 minutes car il devait aller prendre sa fille (18 mois) et la ramener chez lui. Il a trente-deux ans. Cela m’a ému. Voilà un militant.

 

Avant que les barrières ne tombent

Avant que les barrières ne tombent

Quand on va à la guerre, si on passe son temps à vouloir remplir ses rangs, la guerre est perdue d’avance. Je me souviens de cette phrase du président Koudou Gbagbo à ce sujet. En effet, quand le 19 septembre 2002, alors qu’il était en visite officielle à Roma (Italia), la Côte d’Ivoire était attaquée par des Français déguisés en Africains, un de ses collaborateurs immédiats, lui demandait par mesure de sécurité de ne pas rentrer, il lui répondit qu’il était d’une culture du combat et que face à la situation, il prendrait ses responsabilités et rentrerait dans son pays pour le défendre. J’avais été touché par cette phrase et cet homme que je connaissais alors très mal à l’époque, était entré dans mon Bois Sacré.

Même si iTélé a menti en disant hier qu’il y avait une soixante de personnes, je peux vous dire, moi qui fus présent, que nous étions bien plus nombreux que cela.

Du temps du yovodah, il y avait des Noirs qui étaient utilisés pour traquer, pour surveiller leurs frères et sœurs. Hier, c’était pareil : les vigiles entre nous et le TGP étaient des Noirs. Bien costauds et quand deux frères se sont mis à les insulter, j’ai tenté de les ramener à la raison en leur disant que justement, les organisateurs de ce genre d’horreurs comptent toujours sur nos divisions internes qui débouchent sur des insultes envers nos frères et sœurs, qui débouchent sur des tueries, pour dire, Regardez-les ! heureusement que nous sommes là pour les aider à faire la paix et à canaliser leurs énergies. Je leur ai donc demandé de parler à ces frères, de leur dire que c’est aussi de leur dignité dont il est question. Si cela leur parle, tant mieux. Sinon, tant pis…

La foule ne faisait que grossir et nous donnions de la voix en criant, en parlant, en hurlant. Le mégaphone a eu chaud et comme il fallait s’y attendre, la provocation n’a pas tardé. Un élément identifié comme un provocateur du Net était présent avec une pancarte qui n’avait visiblement rien à faire là. Moins un et moins une, il se faisait tailler en pièces. Inutile de vous donner la couleur de sa peau. Je remercie les frères d’avoir résisté à ses provocations sinon notre mouvement d’hier aurait été entaché et vous pouvez très bien imaginer ce qui se dirait sur nous aujourd’hui…

 

Les barrières sont tombées...

Les barrières sont tombées…

Des employées du TGP ont eu la bonne idée de sortir pour nous voir. J’ai entendu les conneries que j’entends de puis longtemps et que mes parents ont dû entendre aussi en arrivant en France.

Florilège :

-          Nous ne somme spas racistes, vous savez ;

-          On ne vous comprend pas ;

-          C’est juste de l’art ;

-          Les gens qui sont dans ces cages y sont quand même de leur plein gré, non ?

-          Cet événement permet de faire connaître l’histoire.

Inutile de vous dire que ces pauvres femmes (pour quoi que des femmes, d’ailleurs ?) ont eu leurs oreilles qui ont sifflé de fort belle manière. Le meilleur des orchestres philarmoniques n’aurait pu jouer mieux que nous, hier soir. Bon, j’ai bien vu qu’elles étaient embêtées de voir qu’il y avait quelques Blancs et Blanches avec deux pancartes pour soutenir notre mouvement, mais dans leurs têtes, c’était vraiment une guerre Noirs Vs Blancs.

Une s’est tournée vers moi car elle estimait que j’étais modéré par rapport à d’autres. Mal lui en a pris… Au bout de trois minutes d’échanges, elle a fondu en larmes ne comprenant pas qu’elle puisse, elle, travailleuse dans une ville de gauche, elle qui vote à gauche, être traitée d eraciste :

-          Je vous ai traitée de raciste, Mlle ?

-          Non, mais…

-          Alors ?

-          Je ne comprends pas, pas moi, quand même.

-          Qui vous a traitée de raciste ?

-          Personne ?

-          Bien, on peut continuer à discuter alors ?

Elle m’a vraiment énervé (pas la seule car j’ai souvent entendu cela hier soir) quand elle a dit que cet événement rendait hommage à toutes ces personnes qui ont souffert. Grâce à cette expo, j’ai appris beaucoup de choses.

J’en ai profité :

-          Qui a souffert ?

-          Ces gens.

-          Quels gens ?

-          Ces populations ?

-          Elles ne peuvent être nommées ?

-          Les populations africaines.

-          Bien, elles ont souffert par la faute de qui ?

-         

-          Ok !

-          Je ne suis pas responsable, moi.

-          Ce n’est pas ce que je dis. Je vais vous aider : il y a des Etats qui ont organisé tout cela et ce sont ces Etats, qui existent encore, qui en sont responsables. Il faudra donc traiter la question des responsabilités et, au lieu de faire des remakes de zoos humains – je prends vraiment cela comme une nouvelle insulte et une nouvelle injure – je propose que l’Etat français par exemple dise les choses comme elles se sont passées.

-          Comment ça ?

-          Savez-vous combien il y a de communes en France ?

-          Non.

-          Je vous donne le chiffre : 36681 pour 101 départements et 26 régions administratives. Que l’Etat français organise des projections sur ce qu’il a eu à faire dans les colonies, de la Kanakie à la Caraïbe et à la Guyane, en passant par l’Afrique. Que tous les enfants de la République sachent, au lieu de dépenser l’argent public en remettant des gens en cage.

Je ne sais pas comment elle a dormi si bien entendu elle a dormi.

J’ai entendu une dame, Noire, se plaindre car elle est Dionysienne et est contre l’annulation de cette expo : Ce théâtre a failli fermer faute de subventions. Et de citer une commune voisine dont le théâtre a déjà fermé à cause de la crise.

Voilà comment on tient les gens…

J’ai demandé à certaines pourquoi les magasins Zara ont retiré illico presto leurs pyjama avec l’étoile jaune, puisque la mode aussi est un art ? Vous connaissez la réponse ? En plein dans le mille : Ce n’est pas pareil. Elles étaient trois en face de moi à m’avoir dit cela. J’ai souri car il faut savoir garder son calme en pareilles circonstances. Ces mêmes trois, quand je leur ai parlé de la responsabilité de l’Etat français qui devrait projeter les choses dans les écoles ont eu le culot de me dire, Ce que vous demandez est de la responsabilité de l’Etat alors qu’ici, c’est un artiste qui fait son travail. Comment peut-on être aussi délibérément inculte ? Et dans ce théâtre, il n’y a pas d’argent public ? Ce théâtre est privé, évidemment, c’est ça ? Silence assourdissant en face.

Je sais qu’il y en a qui espéraient que nous tapions, mais nous n’avons tapé personne. On a fait notre part.

Il y aurait tant à dire sur cette magnifique soirée, mais je m’en tiendrai là.

Pour aujourd’hui…

Ah! non, on ne peut pas se quitter comme ça. Une employée de ce théâtre m’a dit: Les gens qui sont là-bas* sont des comédiens bénévoles. Ils ne seront pas payés, vous savez… Et moi de lui dire, Bénévoles et vous m’avez dit que ce sont des comédiens? La pauvre dame, Oui, ce sont des comédiens bénévoles. Ils veulent gagner leurs vies, vous savez. Encore moi, têtu: ils seront donc payés? Elle: Oui, bien sûr! J’enfonce alors le clou: Des bénévoles qui seront payés, c’est ça? Elle est restée blême. La prochaine fois, qu’ils envoient du lourd pour discuter avec un Muntu car là, vraiment, un menu fretin comme ça….

Obambe NGAKOSO, November 2014©

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