Dimanche 16 novembre 2014, Montpellier et la visite de Mme Sankara
Dimanche dernier la Ligue Panafricaine – UMOJA (LP-UMOJA) tenait ses Universités annuelles dans la ville de Montpellier, dans le Sud de la France.
Comme de coutume, la journée du samedi et la matinée du dimanche ont été consacrées aux travaux internes où bien entendu ne pouvaient prendre part que les membres de notre association.
Oui, je sais, c’est injuste mais c’est comme ça. La vie aussi a ses injustices…
Je me souviens d’un jour où nous avions des bandes dessinées à lire, il y a fort longtemps. Nous étions enfants et un parmi nous, réfractaire à la lecture, m’avait demandé, supplié de lui faire une lecture à haute voix.
Nos Universités se concluent soit par une conférence de presse ou un meeting en salle. Pour l’édition de novembre 2014, c’est le meeting qui a été retenu comme formule et beaucoup en voyant notre affiche où le mot « émergence ». Je les comprends car les Panafricains et les Panafricanistes ne se perdent pas en conjectures avec ce mot qui fait florès dans les états-majors des partis politiques au pouvoir dans les contrées françafricaines, au sein de nos gouvernements et dans les bouches des courtisans qui cherchent une place au soleil. Notre pied de nez a fait mouche car les interrogations n’ont pas manqué et c’est plaisant car encore une fois nous avons eu la preuve que nous ne labourons ni ne semons en vain. Les récoltes sont là et le meilleur est (forcément) à venir.
L’après-midi donc du meeting, nous avons eu l’honneur et le plaisir de recevoir Mme Mariam Sankara et son avocat, Me Jean Abessolo. Une nouvelle forme d’émotion avait saisi la salle et c’est deux fois d’affilée que cette dame grande, digne et pleine d’honneur a été applaudie par nos invités ainsi que nos militants. Il n’était pas prévu qu’elle prenne la parole mais nous ne pouvions tout de même pas recevoir une dame comme elle et la laisser repartir sans dire le moindre mot.
Non, ce ne pouvait être concevable de notre part et je pense même que cela aurait été indécent. Pour une seconde, pour une heure, nous aurions été ravis de l’entendre s’adresser au public. Durant donc le propos d’Amzat Boukari-Yabara (ABY), elle était arrivée. Á peine était-elle assise que nous l’avons de nouveau applaudie. Quand ABY reprit son propos, j’en profitais pour griffonner un mot pour lui proposer de s’exprimer. Ce qu’elle acceptera avec joie. Á la fin donc du mot d’ABY, je lui tendrai le micro et elle s’adressera à nous, à nos invités, à toutes les personnes présentes dans la salle. En l’écoutant parler, on voit l’abysse, que dis-je ! les kilomètres d’abîmes qui la séparent de ces dames qui depuis que leurs époux ont le titre de « Président de la République » ont sur leurs dos, sur leurs visages, sur leurs têtes etc. une seule chose. Une sorte de pancarte géante où il est gribouillé, Première Dame. Partout où elles vont, il y a comme une obligation de na la part de leurs compatriotes de leur donner du Première Dame ou du Madame la présidente. Quand un micro leur est tendu, elles parlent systématiquement de leurs fondations « d’aide » aux pauvres, aux démunis et surtout aux enfants. Point ! Bien entendu, elles ne vous diront jamais combien elles tapent dans les caisses de nos pauvres trésors publics et reviennent nous insulter en nous donnant des miettes de notre propre argent. En dehors de parler de leurs fondations, elles ont souvent du mal à bâtir des phrases qui ont du sens.
Oui, je sais, je ne suis pas tendre mais ces dames qui se font appeler « excellence » ont de temps en temps besoin qu’on le leur rappelle (même si je sais pertinemment qu’elles ne me lisent pas et même si, par extraordinaire, elles le faisaient, si elles en avaient, elles s’en battraient royalement…)
Madame Sankara en prenant le micro ne s’est nullement apitoyé sur son sort. Ni sur celui de ses enfants, orphelins de leur papa depuis un certain jeudi 15 octobre 1987. Elle nous a parlé du Panafricanisme et non pas pour nous dire, Le Panafricanisme c’est bien, ou encore, J’aime le Panafricanisme, mais elle nous a sortis des éléments intéressants en nous montrant qu’elle savait de quoi elle parlait. Quand elle a paré du Congrès de 1900, je me suis dit, Waouh ! franchement, c’est rafraîchissant, c’est tout simplement vivifiant !

Mme Sankara, votre serviteur, Pierre Eboundit (président de la LP-UMOJA) et Amzat Boukari-Yabara, offrant son livre
Á la fin de son court propos, elle a été de nouveau applaudie. Il y avait de quoi, non ? Et quand elle a signé, en public, sa fiche d’adhésion à la LP-UMOJA, je ne vous dis pas combien le bonheur a atteint son point d’inflexion le plus élevé.
Bref ! je vous partage quelques photos de cette après-midi dont on se souviendra un bon moment…
Bonne soirée !
Obambe NGAKOSO, November 2014©