04 novembre 2004: il y a 10 ans, l’armée française massacrait 63 Ivoiriens
Les Africains dits francophones ont plus que jamais intérêt à changer leurs paradigmes de lecture des choses, des faits, des événements, peu importe la langue dans laquelle ils le font.
Je suis persuadé que des mots et expressions comme
Honneur
Dignité
Intégrité
Droits de l’homme
Respect de la dignité humaine
Et je ne sais quoi d’autre, n’ont pas la même signification pour la plèbe africaine que pour les élites politiques françaises. Je ne parle pas des élites politiques franco-faunes car elles, concernant mon billet du jour, elles méritent plus qu’un carton rouge. S’il existait un carton permettant à tout Africain de les bannir à jamais de notre continent, il aurait été utilisé depuis fort longtemps. Et je suis même convaincu que si ces gens étaient bannis d’Afrique, en étant reçus sous d’autres cieux de notre planète, ils seraient capables, bouffis de haine envers leur propre peuple comme ils sont, ils seraient bien capables d’y fourbir des armes encore plus violentes pour nous estourbir. Définitivement ! Alors, les envoyer loin, loin, loin, mais alors là, très loin de notre galaxie ne serait pas de trop.
Bon !
Revenons donc à cette chère France.
Le 19 septembre 2002, moins de deux ans après que les Ivoiriens aient élu Koudou Gbagbo comme président de la République, éclatait un coup d’Etat. Enfin ! une tentative de coup d’Etat car le succès ne sera pas au bout. Enfin… pas encore. Oui, le président Gbagbo était le grain de sable qui enrayait la mécanique bien huilée de la françafric. Il fallait absolument l’éliminer et je dois avouer ici (ce n’est ni la première ni la dernière fois) qu’à cette époque, j’avais refusé de voir les deux mains, les dix doigts, les deux pieds et les dix orteils de la France derrière et dans cette affaire. Malgré les livres lus, malgré tout ce que je savais ou plutôt que je croyais savoir, je n’avais vu dans cette énième secousse dans un enclos colonial qu’une rébellion (une de plus) d’Africains. Et pourtant… Quasiment dix ans durant, on a pu voir comment les gougnafiers doublés de bandits que sont Dominique de Villepin, Jacques Chirac, Pierre Mazeaud, etc., bref ! tous ces représentants de la France ont foutu un merdier pas possible en Côte d’Ivoire, un territoire avec une population d’environ 20 millions d’habitants.
Dans la (trop) longue liste du bordel que la France a foutue en Côte d’Ivoire, il y a le massacre de 63 Ivoiriens (au moins)* le mardi 9 novembre 2004, devant l’hôtel Ivoire à Abidjan.
Que faisaient tous ses Ivoiriens là, à mains nues ? On m’a souvent cette question et je réponds simplement : se pose-t-on la question de savoir ce que font des Ivoiriens chez eux, dans leur pays ?
Que faisaient les troufions français là ? Pour répondre, j’aimerais simplement dire qu’il y a des Africains qui disent ne pas comprendre ce que, en plein vingt-et-unième siècle, l’armée française peut encore faire en Côte d’Ivoire. Comme dans d’autres contrées africaines, par ailleurs ! Les élites politiques françaises, Prix Nobel du mensonge et de la désinformation eurent même l’outrecuidance de dire que leurs troufions en se retrouvant à cet endroit, à Abidjan, ce jour-là, s’étaient en fait égarés.
Comment peut-on se foutre de la gueule du monde à ce point ? Je sais bien que pour ces criminels inassouvis de notre sang, un Nègre ne saurait disposer de capacités suffisantes pour comprendre les choses. Surtout les choses qui le concernent au premier chef. Le comte Arthur de Gobineau n’a-t-il pas dans sa classification des races mis les Nègres tout en bas de l’échelle et par voie de conséquence, ajouté que le métissage était une chose dangereuse ?
Le 9 novembre 2004 donc, l’armée française, armée d’occupation, suréquipée en tout et pour tout s’est donc trompée de chemin, de route et de direction, pour se retrouver devant des manifestants à mains nues. Manifestants qu’elle a massacrés avec sans doute une délectation doublée d’une jouissance inouïe. Comment ne pas les comprendre ? Avec les défaites du Viêt-Nam, de l’Algérie (pour ne citer que ces deux cas), elle n’a que très peu l’occasion de gagner. Si on peut appeler cela « gagner », bien entendu…
Des hommes, des femmes, des filles, des garçons africains ont perdu leurs vies car ils voulaient simplement défendre leur pays. La liberté en fait, elle est bonne pour eux mais c’est un mets dangereux pour les bas-nous-autres.
Je l’ai dit et je le redis : ces hommes et ces femmes, du sommet à la base de cette armée sont des lâches. Je n’ai pas de mots plus faibles pour les qualifier. Une armée qui se respecte ne se comporte point ainsi. Une armée digne de ce nom ne s’en prend pas à des civils à mains nues.
Oui, Cheikh Anta Diop avait raison de parler de Civilisation ou Barbarie car quand on assiste à un tel spectacle, il n’est nullement besoin encore de douter de la ligne de démarcation entre ces deux concepts. Faut-il encore rappeler que « barbarie » est bel et bien un mot de chez eux ?
On ne saurait comprendre les liens entre la France et une bonne partie d e notre continent si on ne fait pas l’effort de revisiter les classiques de la littérature coloniale. Certes, cela peut faire mal à certains esprits mais il faille se faire violence sinon on tournera en rond en cherchant à comprendre ces hommes et ces femmes de pouvoir (je pense ici à Michèle Alliot-Marie) qui ne connaissent en réalité qu’un seul langage : celui de la violence. Cette dernière, peu avant la chute de son ami-chéri Zine el-Abidine Ben Ali n’a-t-elle pas, au Parlement français proposé que des policiers français soient envoyés en Tunisie pour apporter « l’expertise française » en la matière ?
Revenons donc à nos chères élites, à nous.
Pourquoi j’ai proposé leur bannissement plus haut ? Parce que personne, je dis bien personne n’a levé le petit doigt durant toutes ces années où la France mangeait de l’Ivoirien au petit-déjeuner, au déjeuner, au goutter, au dîner et aussi au souper.
Oui, Félix Houphouët-Boigny (FHB) nous avait trahis avec ces accords de défense d’avant le 7 août 1960.
Oui, lui encore nous avait trahis en ne mettant pas sur pieds une armée ivoirienne digne de défendre son territoire, sous-traitant la sécurité des frontières ivoiriennes auprès de ses maîtres de Paris.
Tout cela ne justifie en rien que tout un continent, des franco-faunes aux autres, ait laissé commettre pareilles infamies dix ans durant avec comme un des points d’inflexion, ces terribles jours du mois de novembre 2004. Le jour où, à un sommet de l’Union Africaine (UA) le président Gbagbo avait dit, Qui parmi vous accepterait d’être ainsi dépouillé de ses pouvoirs ? ce fut par un silence hurleur que ses pairs lui répondirent.
Oui, il y a des silences qui peuvent très bien être complices et là, nos fameux chefs d’Etat se disqualifièrent tous en ne disant rien, en ne faisant rien pour venir à l’aide des civils ivoiriens. Même si dans le lot il y en avait qui honnissaient cordialement le président Gbagbo, était-ce une raison pour laisser une armée étrangère se comporter comme dans un camp de concentration à ciel ouvert pour transformer les nôtres en chair à canon et par la même occasion faire de cette place la plus grande boucherie du monde ? Nicolas Agbohou, dans son livre culte, Le franc CFA et l’euro contre l’Afrique, nous rappelle avec éloquence combien et comment il fut un temps pas si lointain, des famines en Europe poussèrent les gens à manger leurs propres enfants. Je parie que s’il n’y avait pas de caméras en train de filmer les massacres devant l’hôtel Ivoire, des bras et des jambes ivoiriens auraient terminé leurs vies dans des estomacs prêts à les accueillir.
Forte pensée pour ces braves Africains qui nous ont montré ce que les mots
Honneur
Dignité
Liberté
Veulent réellement dire.
Je dis bien réellement !
Obambe NGAKOSO, November 2014©
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* : Selon les sources, les chiffres varient