Epurebere, adi ibo ya ndziya yo: le blog d'Obambé Mboundze Ngakosso

Kemet (l'Afrique), les Kamit (les Africains), leurs relations avec le reste du monde, les essais qui me frappent, etc., voilà les sujets de cet espace

11 novembre 2014

Un cimetière à Mongo-Kamba? Oui, dans le passé…

Classé dans : Politique africaine — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 1 h 14 min

Le Congo et ses dirigeants…

Toute une histoire.

Comment font-ils ?

Que boivent-ils avant de prendre certaines décisions ?

Une tombe avec plein d'ordures autour...

Une tombe avec plein d’ordures autour…

Fument-ils certaines substances répréhensibles avant de signer tous les documents qui leur passent par

Oui, je vois déjà des réactions du genre, Il fait encore de la provocation, celui-là ! Ou encore, Mais que cherche-t-il à la fin ? (Mes proches) Pour finir : Il nous cherche vraiment, celui-là (Je ne les nomme pas…)

Quand en fin de semaine passée le frère m’a annoncé que la société Eni Congo (ex-Agip Congo) avait acheté le cimetière de Mongo-Kamba, dans la ville de Ndjindji, capitale économique du Congo-pétrole, je me suis dit sur le champ, On a touché le fond. Ensuite, je me suis dit, Mais enfin, je croyais qu’on l’avait déjà touché, ce fond, non ? Comment peut-n vendre un cimetière ? Comment ?

Il est effarant de voir comment nous nous disons attachés à nos valeurs ancestrales quand cela nous arrange et juste après, on les oublie, ces fameuses valeurs ancestrales. Á la longue, je me demande bien à quoi peuvent correspondre ces sempiternelles « valeurs », pour ces gens qui se prétendent être nos dirigeants alors qu’en réalité, ils ne sont que des dirigeables, voguant en fonction de la direction du vent, vent lui-même soufflé depuis les milieux du pouvoir en Occident ?

Difficile de trouver plus malhonnêtes, sur ce plan, que nos élites politiques. Á moins qu’elles ne sachent pas tout simplement de quoi elles parlent. On sait que les mots n’ont plus de sens, chez les politiciens en général mais, à ce niveau, je ne sais pas quel plafond on explose : celui de la malhonnêteté ? Celui de l’ignorance ? Oui, je me répète, je sais.

Depuis des décennies, chaque premier novembre, le président du Congo est filmé en train de fleurir les tombes d’êtres qui lui sont chères. Et il n’est pas le seul sauf que pour les autres Congolais, TV Congo n’est pas là pour partager ces moments… Pourquoi alors le droit que certains et certaines ont de reposer en paix (si tant est que nos morts connaissent vraiment le repos de leurs âmes, ce en quoi je doute très fort) ne devrait pas être valable pour les autres ?

Je ne sais pas de quand date le cimetière de Mongo-Kamba et je ne sais pas non plus combien de tombes s’y trouvent. Au-delà par contre de ces deux aspects, je ne comprends même pas comment et pourquoi les autorités peuvent signer un acte de vente d’un cimetière.

Un cimetière…

On ne marche plus sur la tête mais bien sur nos épaules, sachant que la tête est grandement enfoncée dans le sol et que le sable nous a pénétrés par les yeux, les narines, la bouche et les oreilles. Á quand la ventre du cimetière du centre-ville de Mfoa tant qu’à faire ?

Je veux bien que pour certains d’entre nous, les morts n’aient plus (pas ?) de valeurs, mais au nom juste de l’argent, on devrait leur manquer ainsi de respect et les faire disparaître définitivement de notre paysage pour installe par la suite la base logistique de cette société ? Pourquoi alors se fatiguer à organiser des veillées mortuaires quand il y a des décès et surtout des inhumations ?

Les autorités, non contentes de leur œuvre magistrale (on risque de s’en souvenir des décennies durant) ont sans doute voulu se montrer magnanimes envers nos pauvres compatriotes en leur disant qu’ils avaient un délai pour :

-         Exhumer leurs morts ;

-         Aller les enterre ailleurs.

Par contre, vu qu’au Congo, l’argent est devenu empereur et que les humains ne valent même plus une roupie de sansonnet (je ne parle même pas des morts, dans ce cas…), les braves gens qui voudraient effectuer ces deux opérations devront passer à la caisse et cela leur fera mal et même très mal. Le document à fournir par le procureur de la République ? Il faut le payer. Bien. La police se déplacera pour « superviser » l’opération ? Hé ! hé ! hé ! je doute qu’elle se déplace à l’œil : on st au Congo, hein… Le cercueil (neuf) dans lequel il faudra placer la dépouille à déterrer ? Il devra être zingué : tout cela a un coût… Le déplacement dudit cercueil zingué de Loandjili (arrondissement 4 où se trouve ce cimetière) vers le cimetière choisi, il faut le payer. Même avec un seul corps qui devra subir pareil supplice, ça doit coûter bonbon (même si je n’ai pas les chiffres, je m’en doute). Par contre, quand on a deux ou même dix morts à « traiter », par quelle magie on peut régler un tel problème ?

Je suis persuadé que nos élites politiques n’ont pas toutes leurs têtes quand elles ont entre leurs mains un stylo, une feuille de papier et un tampon pour prendre les décisions. On est dans le domaine de l’hallucination.

En toute sincérité, on ne devrait pas, je ne devrais même plus être surpris par la manière dont ces gens marchent sur tout, crachent sur tout. Du côté de la capitale politique, je me souviens encore comment et quand, enfants, lorsque nous allions à l’école de la Fraternité, depuis le Camp du 15 août (nous logions en face de l’hôpital militaire), avec nos camarades, nous passions devant le cimetière mitoyen de notre camp avec un certain respect. Sans en avoir la moindre preuve, nous avions conscience que nos morts reposaient là et même si la peut emportait tout chez nous, plus qu’autre chose, il y avait vraiment du respect. Même montrer un cimetière du doigt nous effrayait. Le temps est passé et quelle ne fut pas ma stupéfaction de voir du côté de la Tsiémé, des gens jouer au ballon, s’amuser dans ce cimetière ? Le pompon fut pour moi de voir des amoureux s’ébattre sur des tombes sans la moindre vergogne, dévêtus (ou à moitié dévêtus). Les autorités municipales le savaient mais jamais on n’y a vu la moindre patrouille de police pour y faire respecter la loi. Aujourd’hui, ce cimetière n’en est plus vraiment un. Combien de tombes ont « disparu » ? Combien de tombes se sont ouvertes sans que cela n’émeuve qui que ce soit à part quelques passants ayant un minimum de bon sens en eux ? Faut-il aussi parler de la crasse qui a envahit ce même cimetière depuis tant d’années? On nage en plein délire. C’est un cauchemar dont on a une seule envie: sortir!

Entre nous, dans un pays où l’on met 10.000.000.000 de francs coloniaux pour honorer la mémoire d’un colon (donc d’un bandit) et où les tombes et cimetières des Africains , de quoi peut-on encore être surpris ou étonné ? Pierre Savorgnan de Brazza, après avoir soumis nos ancêtres pour le compte de la France a droit à une somptueuse demeure, lui. On a souvent pensé nos élites politiques soumises à l’Occident, mais à un Occident « vivant », si je puis dire. Mais quand elles se soumettent aussi à un Occident « mort », j’en perds mon kikongo et risque de me mettre à délirer en laotien.

Par cette information de la semaine passée, mon informateur m’a également appris que le « travail » ne fait que commencer. Oui, je dirais même que le cas Ndjindji, est une sort de « ballon d’essai » lancé. Une sorte de test grandeur nature. Les autorités vont finir par devenir des experts car les cimetières de Mbota Village, de Mvoumvou, du Quartier Chic (face au dispensaire de Tiétié), de Mboukou (pour ne citer que ceux-là) sont eux aussi menacés.

L’argent les rend fous.

Ils ne respectent plus rien !

Faudrait-il que les morts sortent de leurs cercueils pour se fâcher contre ces gens pour qu’ils apprennent (réapprennent ?) à avoir un minimum de respect pour eux ?

On savait que l’argent pouvait tout acheter, mais là, nous explosons les limites du cynisme, de la cupidité, du mépris et de la connerie.

 

Obambe NGAKOSO, November 2014©

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