Les prénoms de « chez nous »…
Au pays des prénoms, on rigole souvent !
Si vous ne me croyez pas, permettez-moi, très chères et très chers, de vous traiter de menteuses et de menteurs pathologiques.
Je vous le jure, une main sur le cœur, une autre sur mon foie endolorie.
Les gens ont de l’imagination, je vous promets.
Les habituées et les habitués de cet espace connaissent mes convictions concernant les prénoms à donner aux enfants africains, peu importe la couleur de leur passeport, peu importe l’endroit où il est né. Je ne vous l’ai jamais dit mais très jeune, j’ai participé (deux fois) au contraire de ce que je prône aujourd’hui, à savoir, donner un prénom non africain à un enfant Africain. Comme par enchantement, cela s’est passé la même année, dans mon entourage immédiat. Le premier à avoir subi mon ignorance porte le prénom de Steve et le second, je tais son prénom car il est extrêmement particulier et son père est un personnage public au Congo.
Tout le monde se souvient du président ruandais (Bizimungu) d’après le génocide de 1994. Pas parce qu’il aurait fait des étincelles durant sa mandature (1994-2000). C’est à l’occasion d’une rencontre pour la paix qu’il fera rire tout le monde, les Congolais en particulier, puisqu’il était à Mfoa. Il y dira notamment : « Je ne suis pas pasteur. « Pasteur » est mon prénom. » Je ne vous dis pas les gens dans la salle du palais du Parlement et devant les écrans de télévision… Le Ruanda nous avait déjà donné Juvénal (du nom du président Habyarimana, tué en 1994). Juvénal est ‘origine romaine. Les Romains n’étant pas très connus sous nos contrées… Le Ruanda et le Burundi sont quasiment des pays-jumeaux : par la taille, par la population, par les histoires tragiques faites de guerres ces 55 dernières années. Et le Burundi a eu pour président de juin à octobre 1993. Il s’appelait Melchior Ndadaye ! Ça non plus, on n’avait pas l’habitude comme prénom… En 2003, le même Burundi aura pour président un certain Domitien Ndayizeye… Là encore, on repart chez les Latins pour l’origine de ce prénom.
Dans les années 90, je me souviens combien nous rigolions et souriions à l’évocation du prénom du Premier ministre béninois Soglo, à savoir Nicéphore. Cela me faisait penser à une amphore…
Dans les rues et écoles de Mfoa, nous avions des amis et camarades de jeux qui s’appelaient Dieudonné, Amour, Bienvenu (e), Aimé (e), Patience, Patient. Tout cela prêtait à sourire et à rigoler. Je connais même un Souffrance qui a fini par virer ce prénom dès qu’il s’est mis à fréquenter une église du sommeil.
Bien plus tard, il y eut une innovation, à savoir, la concaténation des prénoms de la mère et du père. Parfois ça passait comme une lettre à la poste, mais il arrivait aussi des cas où le rire était la première réaction après la présentation. Quand la maman s’appelle Brigitte et le papa Bertrand (j’en connais), je vous laisse imaginer le nombre de dents qui apparaissent… Et vers 1995, on vit apparaître ce drôle de prénom : Préfina (pour « Première Fille de notre Amour). Vous souriez ? Moi non plus !
La palme d’or revient à mon avis à la RDC (République Démocratique du Congo). Sans la moindre hésitation ! On y trouve des :
- Sublime ;
- Chinois (oui ! oui ! oui !) ;
- Plamedi (« Plan Merveilleux de Dieu) ;
- Merdi (« Merci Dieu » ou encore « Merveille de Dieu) ;
- Glodi (« Gloire à Dieu) ;
- Promedi (« Promesse de Dieu ») ;
- Dieuadonné ;
- Dondivin.
Je m’arrête là mais je n’ai pas fini de rire.
Obambe NGAKOSO, November 2014©