Jeudi 15 octobre 1987, jeudi 30 octobre 2014…
Il y a des jours dont on se souvient, toute une vie !
Il y a des jours comme ça où vous avez l’impression qu’aucun malheur ne pourra vous enlever la joie qui vous a envahi du crâne à la pointe des pieds, en passant par les orteils et le reste de votre organisme…
Dimanche dernier, comme je vous le disais dans un billet précédent, une délégation de la Ligue Panafricaine – UMOJA était allée nous représenter à une réunion publique organisée par des frères et des sœurs du Burkina Faso. Depuis des années, les observateurs attentifs de la politique africaine savent qu’il y a quelques territoires à Kama qui devaient subir d’une manière ou d’une autre des modifications de Constitution, sous l’impulsion de leurs « présidents » de République. L’année 2016 est devenue comme une sorte d’année-torpeur, d’année de la peur pour ces hommes qui la plupart du temps, sont persuadés qu’ils nous sont tellement indispensables qu’en réalité, la seule chose qu’il leur manque est d’une part de se proclamer présidents à vie et ensuite soit de désigner leurs enfants comme successeurs, jusqu’à la énième génération, sachant que n est > (strictement, pour ceux qui en douteraient) au nombre de virgule après le nombre pi (Π). C’est dire ! Je me demande pourquoi ils ne font pas comme Bokassa qui s’était proclamé empereur ? La honte ? C’est à croire que ce qu’ils font au quotidien n’est pas assez honteux pour eux-mêmes et pour nous aussi…
Bref ! lors de cette réunion de dimanche, il avait été décidé de l’organisation de ce meeting, ce jeudi soir, vers 16 heures, devant l’ambassade du Burkina Faso à Paris. J’avais noté cette date pour m’y rendre avec des camarades pour être aux côtés de nos sœurs et frères du Faso.
C’était donc jeudi 30 octobre 2014.
Jour choisi et imposé par Blaise, l’indigne fils des Compaoré, un des hommes les plus détestés du continent africain suite au fratricide du 15 octobre 1987, pour imposer aux Burkinabè une révision constitutionnelle aussi bien inutile que couteuse en énergie humaine, en temps et en argent. Le peuple descendu entre temps dans la rue (1 million de Bukinabè) lui a dit non, mais il n’a pas voulu en tenir compte. Que nenni ! a-t-il dû se dire. Il la voulait, la Constitution qui l’aurait transformé en président à vie…
Hélas ! pour lui…
Les choses vont parfois vite et c’est là qu’on a du mal à comprendre qu’un régime ait tenu près de trente ans. Le dimanche, quand les frères se réunissaient à Paris, qui décemment pouvait se douter qu’en quelques heures, l’édifice s’est en grande partie écroulée au point que sans doute pris de délire, le fameux Blaise C. se mettre à tenir des propos incohérents :
- Je décide de dissoudre l’Assemblée nationale : m’enfin, cher Blaise, comment dissoudre une chose déjà dissoute ?
- Je décide de virer le gouvernement. [Je n’ai pas les mots exacts, mais c’est à peu de choses près ça]. Vraiment, un gouvernement qui n’existe que sur du papier (papier mouille, pardon), le virer ? Mais il est déjà parti, bon sang !
- Je propose la mise en place d’un gouvernement d’union nationale. [Là aussi, je mets des mots à moi, sans doute…] Oui, je sais que certains sont tentés et il paraît même qu’il a annoncé la chose à la TV (Canal3). Je ris quand même!!!
Au moment de taper ces lignes, beaucoup de choses ont été faites mais pas ce que ce million d’hommes et de femmes (et incontestablement plus encore) attendaient. Mais savoir que :
- Le plus grand fauteur de troubles de l’ouest africain et sans doute du continent, l’un des agents préférés de l’impérialiste, est obligé de se réfugier dans son nouveau palais encore en construction mais sans doute déjà bourré d’armes de guerre, ça, ça me réjouit. Malgré tout !
- Savoir que son frère François Compaoré, qui tentait de fuir (vers l’Afrique centrale) comme s’il avait des choses à se reprocher, ait été cueilli comme un fruit tombant au premier jet de pierre, ça aussi, ça me réjouit. Il aura largement le temps de penser à Norbert Zongo. Qu’il s’estime heureux d’être encore en vie car lui et ses hommes, manifestement, n’avaient ressenti aucune pitié pour Zongo, tué puis cramé dans sa voiture !
Oui, je sais que la France s’active en coulisses pour que les nouveaux maîtres du Faso (si nouveaux maîtres il y a) garantissent les intérêts français.
Oui, je le sais car je ne me fais guère d’illusions sur les opposants (récents comme anciens) à Blaise C. mais il n’empêche que j’ai été heureux d’avoir participé à cette manifestation (@ suivre) et je sais que dans certains palais africains, on se pose des questions.
Allez, on y reviendra et peuple du Burkina Faso, vous pouvez être de vous car l’esprit de Sankara, comme me l’avait rappelé ma sœur chérie et bien aimée Emma Ikabanga, il vit à travers nous !
Obambe NGAKOSO, October 2014©