Michael Sata, l’anti-diplomate est mort
Bagagiste, syndicaliste, homme politique, président de la République en clap de fin. Michael Sata, président de la Zambie depuis sa victoire à l’élection présidentielle de 2011, de son nom complet Michael Chilufya Sata, né le 6 juillet 1937 est mort.
Paix à son âme!
Comme Lévy Mwanawasa, président de la Zambie de 2002 à 2008, il est décédé en Occident. Si pour Mwanawasa, c’est un AVC (qui avait eu lieu en Egypte lors d’un sommet de l’Union Africaine), pour King Cobra (surnom du regretté Sata), on parle juste d’une maladie. Un peu court, quand même.
La Zambie fait partie de ces pays qui ont eu le bonheur et le malheur d’être dirigé par un homme qui a quasiment tout écrasé sur son passage. Un homme dont le nom et la personnalité sont associés pour des décennies sans doute, et qui sait, pour des centaines d’années, au pays: Kenneth Kaunda, Père de l’indépendance. Je vois vos yeux s’écarquiller en lisant « pour son plus grand malheur ». Je le dis car sa sortie en 1991 (battu avec à peine 19% des voix) n’a pas été des plus glorieuses, pour un homme de sa stature et de son aura.
Que retient-on de Mwanawasa quand on ne suit pas de près la politique d’un territoire comme la Zambie? Qu’il a a été très dur envers son prédécesseur et ancien patron, le président Frederick Chiluba (il a été traîné devant les tribunaux pour détournements de fonds, trente millions d’euros) et qu’il a mené une lutte implacable contre la corruption. Dommage qu’il soit parti si tôt!
Quant à Sata, il a plus fait parler de lui lorsqu’il était opposant: les diatribes ne manquaient guère contre les Libanais, les Chinois et les Indiens. Le rôle joué par ces hommes dans l’économie africaine est connu de tous et de toutes. Si les élites politiques sont en général heureuses de traiter avec, la plèbe africaine, apparemment, ne ressent pas les choses de la même façon. Les Zambiens semblaient avoir trouvé un excellent porte-parole en Sata qui, le jour où il arriverait aux affaires, les ferait expulser, comme il ne cessait de s’y engager. A contre-courant ds dirigeants africains (opposants comme gouvernants), il portait Hong-Kong et Taïwan aux nues, les présentant comme des Etats, ce qui provoquait l’ire de Beijing. La Chine avait même promis de rompre ses relations diplomatiques avec la Zambie au cas où ce dernier deviendrait président. Elu en 2011, alors que la population zambienne l’attendait de pied ferme sur ses promesses, il n’en sera rien. Bien au contraire, l’ancien policier (oui, il a aussi fait ce métier) s’est muré dans un silence assourdissant avec des absences étrangement répétées pour un homme aussi tonitruant que lui et à peine élu. La vérité était simple à trouver et à comprendre. En l’absence d’informations officielles, Radio-Trottoir avait fait de l’excellent travail en le disant malade et ses collaborateurs de ne cesser de le représenter lors des cérémonies officielles. La semaine passée, le président intérimaire, Edgar Lundu avait dirigé les cérémonies de fête de l’indépendance, pendant que lui mourait lentement du côté de chez la reine Elisabeth II.
L‘histoire a des ironies qui lui sont propres mais vraiment propres. Elle nous repasse des plats indigestes.
George Bush qui s’est reconverti (entre autres) dans le Charity Bizness est arrivé un jour en retard à une soirée caritative à laquelle le président Sata devait prendre part. Ce dernier, ne s’est alors pas embarrassé de fioritures pour lui dire, qu’il était un ancien colon, qu’il n’était pas sérieux de sa part, le « petit gars », d’arriver en retard.
Pour ça, il va nous manquer, ce bon Vieux Sata;
RIP!
Obambe NGAKOSSO, October 2014©