Des travailleurs kenyans esclavagisés? Oui, dans le Golfe arabo-persique, hier à peine
L’esclavage est fini !
Tout cela appartient au passé !
Il ne faut pas regarder en arrière, mais plutôt devant !
Combien de fois n’a-t-on pas entendu ou lu ce genre de phrases ? Et encore, là, j’ai fait le service minimum car s’il fallait écrire ici toutes les phrases que les nôtres mêmes balancent, serinent et ressassent à tout bout de champ, ce n’est pas un billet sur un blog qui suffira : il faudra toute une encyclopédie on-line pour cela.
Je parle plus des nôtres car là est véritablement le problème. L’os qui fait si mal. L’arête, cette arête qui arrivée au niveau de notre gorge refuse désormais de continuer son chemin et de rebrousser chemin par la même occasion. Alors là, l’arête fait mal. On prend un morceau de fufu, parfois l’arête ne descend pas. Quand c’est du pain qui est à portée de mains, on se jette dessus, on l’ouvre, on en prend la mie et on l’avale telle que, sans autres formes de préliminaires. Si l’arête veut bien, elle descend.
Dans le cas de l’esclavage cependant, l’arête est comme ce passé qui ne passe pas. Une page qu’on a beau essayé de tourner et qui, en désespoir de cause, reste accrochée à notre doit, à nos doigts, à notre main.
Les spécialistes africains de la chose ont travaillé longtemps là-dessus et n’ont à ce jour pas trouvé d’équivalents aux mots « esclaves » et « esclavages ». Les livres sont là pour nous dire d’où viennent ces mots et quels sont les peuples qui s’en sont donnés à cœur joie à ce niveau. Il y en a qui continuent, en plein vingt-et-unième siècle et même sur le continent africain, avec comme réponse de la part de nos élites politiques, un silence plus qu’assourdissant. La Mauritanie et le Soudan ont encore des esclavagistes et des esclaves. Les dirigeants de ces deux territoires siègent tous les jours au sein des instances de l’Union Africaine, le plus naturellement du monde. Il faut croire que les dirigeants africains ont intégré le fait que dans la culture arabe, la place du Noir est d’être esclave et rien d’autre.
Ces dernières années, combien de fois n’a-t-on pas entendu ou lu des témoignages d’Africains ayant subi de terribles sévices en Libye et dans le Golfe arabo-persique, quand ils croyaient aller dans un eldorado pour gagner leur pitance, vivre décemment et s’occuper de leurs familles (pauvres ou misérables) demeurées au Sud du Sahara ?
L’Wsir Cheikh Anta Diop, né au sein d’une famille musulmane, d’obédience mouride, n’avait pas hésité à mettre les pieds dans le plat en posant la problématique de la création d’un
Etat fédéral d’Afrique Noire.
Son disciple Mwené Nzalé Obenga est exactement sur la même longueur d’ondes et n’a jamais varié sur ce point, que je sache.
Á ce jour, cette problématique ne cesse de susciter moult débats au sein même de la famille Panafricaniste. Pour certains, Diop n’aurait pas dû mettre le moit « Noire ». Pour d’autres, c’est plus qu’une évidence de par l’histoire même de Kemet. Diop cependant ne laissait pas la porte fermée aux Etats arabes du continent, qui souhaiteraient un jour se joindre à l’aventure de l’Etat fédéral de Kama. Par contre, il leur faudrait, au préalable, clarifier leur situation par rapport aux Etats arabes d’Asie.
Avoir un pied dedans et un pied dehors n’est pas une position des plus confortables aussi bien pour le propriétaire des deux pieds que pour le propriétaire de la maison. Car quand on ferme la porte, les dégâts risquent fort d’être terribles. Diop, qui est loin d’être le seul à avoir théorisé là-dessus et il ne l’a pas fait comme certains, devant l’écran de leurs ordinateurs. La question a été étudiée en profondeur et lui, il fait partie de celles et ceux qui ont pris la peine d’étudier sous divers angles les invasions et razzias arabo-islamiques. Je suis persuadé que si islam il n’y avait pas, les Arabes ne se seraient pas amusés à réduire nos ancêtres en esclavage. Les choses ne se font pas au hasard (mot auquel je ne crois plus) et surtout pas des choses aussi gravissimes. Et, si certains croient encore que ce sont des fantasmes de Kamit que de penser, de dire et d’écrire cela, je les invite à prendre le temps d’étudier les sociétés arabes en général et celles du Moyen et Proche-Orient en particulier. Dans la seconde moitié du vingtième siècle et en ce vingt-et-unième siècle naissant.
Récemment, autour de moi, certains ont été surpris et choqués d’apprendre qu’en Palestine, des Noirs subissaient les pires avanies de la part même de gens qui eux-mêmes sont tellement soumis depuis 66 ans que certains vivent dans des colonies.
Le 12 décembre 1963, le Kenya accédait à la souveraineté internationale. Une indépendance formelle comme nombre d’Etats sur le conduite, malgré la présence à son plus haut niveau du grand lutteur Jomo Kenyatta.le Kenya est situé à l’Est du continent, zone où les razzias arabo-islamiques ont fait des dégâts considérables (pourra-t-on jamais chiffrer un jour nos pertes ? J’en doute fort). Pourtant, il s’est quand même trouvé des gens dans l’entourage du président Kenyatta pour « exporter » des travailleurs kenyans dans des pays du Golfe arabo-persique. Á quelles conditions ? Je serais bien en peine aujourd’hui de répondre à cette question. Toujours st-il que deux noms apparaissent au Kenya dans ce bizness : Saïd Hemed Saïd et Shariff Nassir, députés (respectivement de Mombassa Nord et de Mombassa Sud) du Parlement kenyan tous les deux. Il y aura en effet un scandale au sujet de cette affaire car des travailleurs kenyans rentrant d’Arabie Saoudite qui affirmeront qu’ils y ont été traités comme de véritables esclaves. C’était en 1978. 15 ans à peine après l’indépendance formelle du Kenya. Avec la complicité de deux élus nationaux. Payés par le contribuable kenyan.
Depuis le temps, l’eau continuer à couler sous tous nos ponts et personne parmi nos élites politiques ne posent véritablement la question des liens entre les pays allant de la Mauritanie jusqu’au Golfe arabo-persique. Pour le plus grand malheur de la plèbe africaine.
Obambe NGAKOSO, October 2014©