J‘aurais voulu avoir plus de temps pour développer le billet que je consacre ce jour, mercredi 22 octobre 2014.
Hélas!
77 fois 7 fois hélas!
Ibrahim Boubacar K.
Des échanges que j’ai eus avec des frères et des soeurs du Mali, idem pour la Côte d’Ivoire, il y a deux choses qui préoccupent au plus haut point les dirigeants de ces deux contrées. En effet, à Bamako comme à Abidjan, il faut absolument acheter des avions pour le président (Mali) et pour le gouvernement (Côte d’Ivoire).
Le Mali dispose d’un avion pour son président, en bon état de marche, aux dires de nombre de Maliens qui en parlent même dans la presse (l’affaire est publique et est même devenue un psychodrame). Tout le monde en parle et personne ne comprend l’obsession du président Ibrahim Boubacar K. (je me refuse depuis des mois à l’appeler Keïta, pour ne pas insulter nos ancêtres) pour ce nouveau coucou.
A quoi cela pourrait-il bien lui servir? Sera-ce pour aller sur la lune où se trouve la clef de l’émergence du Mali? Sera-ce pour aller sur Jupiter où sont cachés les armes et les Hommes qui libèreront le Nord du Mali?
Il est tout de même hallucinant de voir à quel point certains Hommes, qui ont la charge de la gestion de la cité, peuvent se mettre loin, mais vraiment trop loin des réalités que vivent leurs concitoyens. Je ne reviendrai pas ici sur toutes les difficultés économiques que vivent le Mali, je préférerai m’appesantir sur l’invasion d’une partie de cet immense territoire qui à ce jour n’est pas réglé. Le président de la République du Mali et son gouvernement ont-ils déjà oublié qu’il leur manque des armes pour éradiquer les bandits armés appelés djihadistes qui ont coupé des mains, arraché des vies et qui continuent à semer la terreur dans une partie du Mali? Ont-ils oublié que des bandits qui se cachent sous le sigle de MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad, (sic!) ne veulent rien entendre ni comprendre d’autre que le mot « indépendance », ce qui conduira à une partition de fait du Mali? Du temps où il était Premier ministre (6 ans) d’Alpha Oumar Konaré comme du temps où il était président de l’Assemblée nationale du Mali (5 ans), Ibrahim Boubacar K. avait souvent au sein de l’opinion publique malienne l’image d’un homme dur et ferme sur les quetsions liées à l’intégrité territoriale malienne. Quel elixir, quelle potion a-t-il donc bu avant de prêter serment pour se compromettre à ce point et jeter le discrédit sur tout un continent avec cet achat à 20.000.000.000 de XAF alors que d’une part, il existe un avion présidentiel qui fonctionne bien et que d’autre part (on ne fera jamais l’économie de le rappeler), le pays est en guerre et il a besoin d’armes et que les Africains se battent pour le libérer des bandits appelés djihadistes?
Les Maliens qui depuis 1992 passent leur temps à voter à peu-près tous les 5 ans se rendent compte au plus profond de leurs chairs et sans doute aussi jusqu’à l’os de l’arnaque que constituent ces élections dites « libres, pluralistes, démocratiques » et je ne sais quoi d’autre encore comme âneries. On peut voter chaque année, même chaque semaine si on le souhaite et si on en a la possibilité, mais tant que les questions de souveraineté ne sont pas mise clairement sur la table et débattues en public, le vote n’est qu’un pis-aller. Une sorte de pansement sur une jambe de bois. On est essentiellement dans la cosmétique et cela ne dure qu’un temps.
Un visage plein de boutons, on aura beau y mettre plein de fards, de fonds de teint et je ne sais quels autres artifices, ne fera illusion qu’auprès de celles et ceux qui ne le connaissent pas. Et cette illusion n’est pas destinée à durer longtemps. Très vite, c’est comme un masque. Et quand un masque tombe, ce qu’on voit ensuite n’est pas très reluisant à voir. Il arrive même que la vision d’un film d’horreur passe pour une promenade de santé comparé au spectacle qui nous est offert. C’est ce que les pauvres maliens vivent depuis 1992 avec des hommes qui une fois élus (bien ou mal, la n’est pas la question) servent des intérêts qui n’ont plus rien à voir avec leurs électeurs et concitoyens.
20.000.000.000.
Se rend-on seulement compte de ce que cette somme peut représenter? J’ai commis récemment un billet au sujet d’ebola rappelant que l’OMS avait demandé 1.000.000.000.000 pour venir à bout de ce virus. Qui, en Afrique, a tapé dans sa caisse pour cela? La Guinée Equatoriale. Seule. Où était le Mali pendant ce temps? En train d’acheter un avion.
Quand on descend par la route et qu’on arrive en Côte d’Ivoire, je ne sais pas si la situation prête plus à rire, à pleurer, à sourire ou à pleurnicher. Voilà un gouvernement (enfin, appelons-le ainsi) qui dispose de cinq avions et qui veut en avoir un autre. A quelles fins? Pour aller attaquer les dozos qui massacrent les Africains dans l’Ouest? Pour mieux surveiller tous les prisonniers politiques qui font la joie des supplétifs des Français en Côte d’Ivoire?
En 1990, pendant que la majorité des Africains renouaient avec le multipartisme, l’Occident nous avait vendu un de ses produits marketing dont elle a seule le secret de conception, d’élaboration, de fabrication et de distribution: les « technocrates ». Ils venaient quasiment tous du monde de la finance* et étaient annoncés tels Zorro, pour nous libérer de nos bons dictateurs (en costume-cravate ou en treillis). Alassane Dramane Ouattara fit partie de ces « technocrates ». J’ai suffisamment parler de lui sur mon blog (le premier comme celui-ci) pour dire que je ne suis ni surpris ni étonné par sa gestion du pouvoir. Les calamités qu’il a mises en place des années durant pour parvenir à ses fins ne pouvaient augurer mieux en termes de gestion au quotidien. C’est ainsi. Cet homme qui a sorti cette phrase d’une stupidité incroyable (L’argent ne circule pas car il travaille) ne sera jamais là pour agir dans le sens de 50,01% (au moins) des Ivoiriens.
Cette frénésie de certains des nôtres à se lancer dans des dépenses inutiles et aberrantes est une pathologie pour laquelle je crains, on ne puisse trouver de nom, même aux horizons 2025-2035, années des émergences choisies par nos éminents évolués qui constituent, décidément, la plus grande plaie de notre peuple.
Obambe NGAKOSO, October 2014
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*: Rappelons que la finance est une branche de l’économie. Juste une branche.