Ecouter, cela peut faire sourire. Parfois…

Hier soir, au téléphone, j’ai pris mon temps pour écouter un des miens, au sujet des infortunes qui arrivent à certains des nôtres après qu’il leur soit arrivé de tutoyer les sommets, en matière d’avoirs de fric.

Je vais essayer de reprendre ses propos fidèlement, sans les trahir. Ils sont d’autant plus passionnants qu’il a dit vrai et tellement vrai. Pas loin de 100%. Je précise que lui n’est pas ministre et n’est même pas haut-fonctionnaire. Il gagne bien sa vie, tout de même, relativement.

Bambi, si demain on te nomme DG ici, tous ceux qui viennent me voir pour que je leur donne de l’argent vont oublier le chemin de ma maison. Ils iront tus chez toi, tous. De ton côté, tu vas être tiraillé entre ta famille paternelle et ta famille maternelle. Les uns vont dire que c’est grâce à eux que tu as eu ce poste et les autres vont dire la même chose. Tous les jours, tu auras leurs problèmes à régler et c’est de l’argent que tu vas dépenser sans cesse. Le jour où tu ne seras plus DG, tu n’auras même pas un sou sur toi et tu seras comme ce ministre qui a quitté le gouvernement à peine et qui fait la queue tous les jours chez ses anciens collègues, chez ses amis. Tu es au courant, je crois. Tous les jours, je te dis, il va les embêter pour qu’on lui donne de l’argent. Ce n’est pas toujours la mauvaise gestion qui met les gens dans cet état. La famille est tellement large qu’il faut satisfaire tout le monde et il ne nous reste plus rien. C’est comme ça ici. Voilà pourquoi moi, je profite de la vie.

Oui, je souris encore. Ministre quelques années, grassement payé, avec moult avantages et sans le moindre sou, le lendemain. Enfin, quand je dis sans le sou, j’exagère. Mais quand on est habitué à brasser des dizaines ou des centaines de millions, comment se contenter de même pas un million par mois?

Je souris!

Obambe NGAKOSO, October 2014©