Congo, quand il fallait amener des Belges pour ramasser des ordures…
Je ne sais plus de quand date cet entretien.
Peut-être de 2007.
C’était dans l’hebdomadaire Jeune Afrique. Le président de la République du Congo y accordait une de ses traditionnelles interviews. Il y avait notamment évoqué la question de la gestion des ordures. Il dit ce jour-là ce qui, pour les tenants de l’ordre colonial qui a encore cours de nos jours, est d’une normalité somme toute « normale », si je puis utiliser une telle expression. Il était question pour lui de signer un contrat avec une société belge pour ramasser nos ordures. Les Congolais verraient –enfin ! – leurs rues, ruelles et avenues débarrassées de tous ces déchets puants et encombrants qui nous pourrissent la vie et la vue, dans tous les sens du terme.
Y a-t-il une seule étude sanitaire de l’impact de ces ordures sur la santé des riverains ? Je ne sais pas. Si elle existe, il y a vraiment intérêt à la publier car elle serait vraiment la bienvenue.
Inutile de dire que des années après cette fameuse promesse faite dans ce magazine, rien n’a été fait. Ni les Congolais, ni les Belges n’ont vu une seule société ramasser la moindre ordure dans les rues de nos grandes villes (Mfoa, Ndjindji, Loubomo et Nkayi par exemple). Chacun se débrouille pour s’en débarrasser comme il peut. Et comme les mairies n’ont rien prévu pour cela, les ordures se retrouvent devant les maisons, dans les rues etc. Il n’est donc pas surprenant dans ce pays où il fait très chaud de se promener en pleine journée et d’être très fortement incommodée par la puanteur de ces déchets. Et quand c’est couplé avec les produits des toilettes ou des fosses septiques, le cocktail est des plus détonants. Peu importe l’arrondissement dans lequel on se trouve, on y est confronté et à part les riverains qui en sont choqués, les décideurs semblent être sur une autre planète car ils passent leur temps à parler des grands travaux, d’émergence (on a oublié le développement) et de je ne sais quelles autres carabistouilles.
Discutant un jour avec une de ces grosses légumes, je lui ai posé cette question : te soucies-tu de savoir où finissent les déchets qui viennent de chez toi ? Il a dû trouver ma question d’une stupidité affligeante. Il ne m’a jamais répondu. Que le président ne voit rien –on peut supposer que depuis 007, année de cette interview – d’autres priorités habitent son esprit et son âme, mais les autres ? Des ministres aux maires, personne ne sillonne nos artères pour se retrouver incommodés ne serait-ce qu’une seule fois ?
Le président, parlons-en !
En 1992, il fut congédié par ses concitoyens après que sa copie (1979-1991) ait été jugée de très médiocre qualité. Goutant pour la première fois au rôle d’opposant politique, Denis Sassou Nguesso nous fit une sortie dont je me souviendrai fort longtemps. En effet, un jour, en plein Mfoa, il dit aux militants, sympathisants et à la population, tous là pour entendre autre chose que la médiocrité que servait le président Pascal Lissouba, successeur de Sassou Nguesso. Les gens en avaient marre et certains étaient même désespérés au point de réclamer le retour de Sassou Nguesso, l’homme le plus insulté, le plus injurié, le plus honni durant la CNS (Conférence nationale souveraine, du 25 février au 10 juin 1991). Sassou Nguesso dira donc ce genre-là : Brazzaville oyo E zalaka Brazza-la-Verte, E koma, Brazza-la-Poubelle ! Et le public d’acclamer et de crier.
Les Congolais n’ont pas l’habitude d’entendre Sassou Nguesso parler aux foules. Il n’est pas un tribun et ce n’est un secret pour personne. Par contre, ce jour-là, ce qu’il dit tombait fort à propos : la ville était devenue une porcherie à ciel ouvert. Hélas ! trois fois hélas ! vingt ans après, il n’a pas apporté la moindre solution, lui et ses divers maires nommés, lui et ses divers conseillers municipaux également nommés, tous en place depuis octobre 1997, traitent par-dessus la jambe cette question, qui est quand même de santé publique !
Que font les Congolais pour traiter la question ? Ironie du sort, ce sont certains Congolais, de la rive gauche du fleuve qui, avec leurs pousse-pousse, ramassent ces ordures, sous un soleil accablant, pour des sommes modiques (très, modiques). Ce sont les mêmes qui ont été traités comme des moins que rien il y a quelques mois avec cette opération honteuse appelée « Mbata ya bakolo »… Les dirigeants de ce pays pourraient largement postuler aux Jeux Olympiques de l’humour…
Le PCT veut tout nettoyer, maintenant
Le dimanche 28 septembre prochain, le gouvernement invite les citoyens à voter. Ce qui est somme toute banale dans un pays qui roule sur les rails de la démocratie. La question aurait pu passer inaperçue et personne n’en parlerait que la terre ne s’arrêterait pas de tourner. Cependant, quand on voit les affiches et les banderoles utilisées par le PCT (Parti congolais du travail), je mesure l’ampleur du foutage de gueule dont peut être capable ce gouvernement et ses obligés (députés plus ou moins nommés, DG etc.). Comment peut-on écrire des horreurs pareilles ? Comment peut-on descendre aussi bas ?
Sassou Nguesso disait il y a quelques années, On ne peut pas continuer à faire boire de l’eau de mer au peuple en lui faisant croire que c’est de la limonade. Je doute que dans nos villes, en lisant ces machins, il y ait une seule personne accorde un likuta de crédit à ce genre de fariboles. Pendant les rencontres entre les candidats du PCT et la population, j’espère qu’il se trouve des citoyennes et des citoyens pour leur demander à quoi rime ce cirque 50% drôle, 555% stupide…
Il n’y a pas à dire, certains aiment vraiment les caniveaux !
Obambe NGAKOSO, September 2014