Tués dans l’indifférence générale

Le lundi 3 mars 2008, dans la ville de Marrakech, Marie-Pauline Olandzobo et Diane Mbama, étudiantes au Maroc, étaient tuées. Une voiture les avait percutées. Le conducteur, selon les témoins, voulait délibérément les tuer. Les filles étaient au nombre de trois et la troisième, Princia Okouéré-Elenga se retrouvera dans le coma.

Elle mourra quelques jours plus tard, le 29 mars à l’hôpital Ibn Toufail de la même ville.

Inutile de vous dire que les autorités congolaises, aussi bien au Maroc que celles qui sont basées au Congo ont traité cette affaire par-dessus la jambe. Comme d’habitude, est-on tenté de dire…

Quand je dresse le tableau de ce qui se passe chez nous, on me dit souvent « Mais elles sont les autorités ? » Je réponds simplement, « Il n’y a d’autorités que lorsque leurs propres intérêts sont menacés. Point ! »

J’ai séjourné au Maroc et je fais partie de ceux et de celles qui ont subi le racisme. On l’a vu, on l’a vécu. Aussi, je n’ai pas été tonné ni surpris par cette nouvelle à l’époque, même si je me garderai bien de mettre les 33 millions de Marocains dans le même panier. Combien de fois n’avons-nous pas été traités de singes ?

Hélas ! depuis quelques années, il ne se passe pas un mois ou un trimestre sans que du Maroc à la Tunisie, en passant l’Algérie (je ne parle même pas de la Libye sous Kaddhafi et maintenant qu’il n’est plus de ce monde), sans que l’un des nôtres soit tué sans que quelque autorité sub-saharienne ne lève le petit doigt.

Charles Ndour

Cette semaine, on déplore la mort de Charles Paul Alphonse Ndour, ressortissant sénégalais, qui a été égorgé au Maroc (Tanger). Je croyais que l’Aïd el-Kébir (fête du mouton*) était passé, non ?

Je n’ai pas tous les noms, ni tous les lieux mais on peut s’arrêter à quelques cas qui ne peuvent nous laisser insensibles :

-          Ismaïla Faye avait refusé de céder sa place dans un bus, à la gare routière de Kamra (Rabat, capitale politique), par un Marocain. Il avait 31 ans et était boulanger ;

-          Moussa Seck, lui aussi venant du Sénégal, tombe du quatrième étage d’un immeuble, visiblement au moment où il se faisait malmener par des policiers ;

-          Amadou, lui aussi était jeune. Il venait du Mali et, dans une boulangerie du quartier r’bati de Takadoum, on a osé exiger de lui qu’il cède sa place à une personne arrivée bien après lui (lundi 14 mai 2012). Ce qu’il refusera de faire et pour lui faire comprendre qu’il appartient à un peuple d’esclaves (devons-nous revenir sur les razzias arabo-musulmanes ?*) C’est un jeune marocain qui lui assènera les coups de couteau qui l’enverront illico presto au royaume des allongés. Il était 9 heures du matin. Deux semaines après son décès, la dépouille d’Amadou n’avait toujours pas été autopsiée : pourquoi se précipiter, d’ailleurs ?

-          Alain Toussaint, quant à lui, connaîtra les joies de la grande vitesse : il sera en effet jeté d’un bus alors que celui-ci roulait à vive allure.

Je ne cite que ces cas car là au moins, j’ai des noms. Pourtant, je peux vous dire qu’il y en a beaucoup plus que cela. Beaucoup plus et, comme il ne faut pas compter sur les autorités maghrébines (il n’y a vraiment aucune raison) et pire encore, pas sur les nôtres propres qui n’ont que leurs ventres et leurs bas-ventres comme soucis (un ambassadeur peut en témoigner, vu sa magnifique prestation en vidéo), les Africains ont intérêt à se mobiliser partout où ils se trouvent afin que les Nègres ne soient plus ce peuple de serpillère sur lesquels le premier venu pose ses pattes les plus crasseuses et les plus purulentes pour faire ce qu’il veut.

Klah Popo, membre du Conseil fédéral de la Ligue Panafricaine – UMOJA, organisation politique dont votre serviteur est aussi membre, a proposé plus d’une fois, lors de diverses conférences liées à cette question ou non, la création d’une Agence mondiale de lutte contre la Négrophobie (AMLCN). Cela se passe de commentaires et la réflexion étant déjà faite, il n’y a plus qu’à passer à la phase d’actions car trop, c’est vraiment trop!

J‘en connais beaucoup de mes frères et de mes soeurs qui vont passer des vacances au Maroc, en Tunisie. Pour moi, il est hors de question d’y remettre les pieds, à moins que je ne sois de transit ou que ce soit pour des raisons professionnelles ou politiques!

 

Obambe GAKOSSO, September 2014

————————————————————–

* : Le Soudan et la Mauritanie nous rappellent que ce n’est pas fini.