François Hollande, le président des patrons
Hier, actualité oblige, il m’est arrivé d’échanger avec quelques proches au sujet de la crise gouvernementale qui secoue la France. Pour tout dire, les échanges ont débuté à ce sujet depuis un bon moment et dimanche, en entendant le ministre Arnaud Montebourg, je me suis dit, Ça y est, il se libère enfin ! Il ne peut que quitter le gouvernement, dans de telles conditions.
Comment aurait-il pu en être autrement, vu la charge violente qu’il a adressé à ses deux patrons (Manuel Valls, Premier ministre et François Hollande, président de la République). C’était tellement fort que je me suis dit : que ne démissionne-t-il pas illico presto ? pourquoi François Hollande ne le vire pas aussitôt comme il l’avait fait pour Delphine Batho, l’alors ministre de l’écologie qui avait été pourtant bien moins virulente avant de se faire lourder. Sont-ce les 17% que Montebourg avaient apporté dans la corbeille de Hollande après les primaires du PS (Parti socialiste) ? Est-ce du au fait que Batho est une femme ? Je n’ai pas de réponses figées à ce sujet. Je suppute.
J’avais lu les propositions des divers candidats de gauche (enfin…) lors de la dernière primaire et ce que proposait Montebourg était différent des idées de Hollande, sur le plan économique et social. Montebourg était même plus proche de Martine Aubry, la finaliste qui sera battue par Hollande. Mais il avait fait le choix de soutenir Hollande. En politique, vous savez… Après la victoire de Hollande face à Nicolas Sarkozy, je m’étais posé cette question : combien de temps durera le mariage contre-nature entre Hollande et Montebourg ? Il a duré deux ans, finalement. Pas besoin d’être grand clerc ni un savant pour pronostiquer cela. Sur le plan économique et social, Hollande fait tout sauf ce qu’il avait promis à ses électeurs en particulier et aux Français en général. Or, en politique, la moindre des choses est de tenir ses promesses ou au moins d’essayer de les tenir. La classe politique française, de gauche comme de droite, est béate d’admiration devant le président du Conseil italien, Matteo Renzi. Pourtant, ce dernier n’est pas un magicien : il ne fait qu’appliquer ce qu’il avait promis avant de pousser dehors son prédécesseur et camarade de parti, Enrico Letta, de presque huit ans son aîné.
Hollande avait promis de s’attaquer à la finance : zéro pointé.
Benoît Hamon, ministre sortant de l’Éducation nationale, membre de l’aile gauche du PS avait, avant le retour de la gauche au pouvoir avait porté l’idée des Class action, comme cela se fait aux USA. Ce sont des actions intentées en justice par un grand nombre de consommateurs (par exemple) pour poursuivre une personne, une entreprise ou même une institution publique pour obtenir une réparation, via une indemnisation financière. Hollande ayant gagné, il le nomma ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire et à la Consommation. On attend toujours les Class action…
Avec son ministre de l’Économie Pierre Moscovici, il mit en place le CICE (Crédit impôt compétitivité emploi). Afin, dirent-ils, de relancer l’économie en poussant les entreprises bénéficiaires à embaucher. Non seulement les entreprises ayant bénéficié de ce CICE n’ont aucune obligation (un numéro du Canard enchaîné datant d’il y a plusieurs mois avait bien détaillé la chose), mais de plus, le chômage lui, ne fait que suivre son envolée…
Chaque jour qui passe montre aux électeurs de Hollande que, en réalité, il n’a pas grand-chose à faire d’eux. Il a un souci majeur : se faire réélire, ce qui est son droit le plus absolu. Il a un autre problème : il est en réalité un social-démocrate mais il a utilisé l’étiquette de socialiste. Ce qui n’est pas très honnête vis-à-vis des électeurs cocos, socialos et verts qui lui ont fait confiance. La cure extrêmement sévère d’austérité qu’il impose aux citoyens, il n’a pas le courage de l’imposer aux riches, aux puissants qui en réalité tiennent les leviers du pouvoir dans ce monde en général et en Occident en particulier. Toutes ces choses, l’aile gauche de son parti ne cesse de les dénoncer mais ils ne peuvent franchir le rubicond de lâcher le gouvernement pour entre autres une raison évidente : en cas d’élections législatives anticipées, ils vont être balayés et comme je ne vois pas Hollande démissionner, il y ara cohabitation. Que c’est dur, parfois, la politique…
On demande souvent aux gens d’intégrer, d’être dans un système pour changer les choses. Certes. Oui. Cela est possible à condition que celui qui décide ait de l’écoute et tienne compte de ce qui lui est dit. Or, de tous les avis carrément, la conclusion est la même : Hollande n’écoute personne, si ce n’est lui-même. Dans de telles conditions, autant reprendre son bâton de pèlerin et sa liberté. Sinon, on passe son temps à avaler des couleuvres et il arrive un moment où l’estomac ne peut plus supporter.
Un peuple, ça s’éduque. Il faut lui expliquer sans cesse les choses et quand on est un élu, la moindre des choses est de respecter au minimum, ou au moins d’essayer de respecter ce qui a été promis par l’électeur. Car, en démocratie, c’est bien la base même. Mais bon, comme je dis souvent, la France est une démocratie juste parce que les gens votent ?
Obambe GAKOSSO, August 2014©