Epurebere, adi ibo ya ndziya yo: le blog d'Obambé Mboundze Ngakosso

Kemet (l'Afrique), les Kamit (les Africains), leurs relations avec le reste du monde, les essais qui me frappent, etc., voilà les sujets de cet espace

24 août 2014

« [CULTURE…] – ET CULTURE, COÛTE QUE COÛTE ! » Par Pierre Edoumba

Classé dans : Epur'ebere donne la parole — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 0 h 45 min

Gouverner c’est prévoir, dit la sagesse populaire. Quand on ne prévoit pas, gouverne-t-on réellement ?

Quand on ne fait pas de prospective ni de projets sérieux, difficile d’être crédible dans une fonction régalienne. Combien de Congolais, combien d’Africains savent que la Culture est une fonction régalienne au sein d’un État, d’un pays, d’une nation ?

La plupart du temps, la renommée d’un ministre de la Culture (souvent appelé « ministre de la Culture et des Arts) ne dépasse pas le cadre de ses collaborateurs et des autres membres du gouvernement. Il peut aussi arriver que le président sache de qui il s’agit.

Au Congo rive droite, les questions culturelles sont… comment dire ? Pour faire simple : quand vous voyez à quoi ressemble la Bibliothèque nationale, vous aurez une seule envie, c’est de pleurer. Même pour la bibliothèque universitaire à bâtir, il a fallu que ce soit les Chinois (ah ! les Chinois…) qui s’y collent et inutile de vous dire combien a été la joie de nos gouvernants : ils étaient fiers de montrer à la plèbe cette réalisation qui, selon eux, ne pouvait que faire l’objet d’une fierté nationale.

Quand nous grandissions, le seul musée qui existait était celui dédié à la gloire de l’immortel Marien Ngouabi, grand ami de la jeunesse que nous célébrions tous les jours dans nos écoles. Bien entendu, ce musée est situé dans la capitale politique. Les pauvres habitants de Bétou (extrême-Nord) et de Ndjindji, eux, ne devaient sans doute pas avoir le droit de visiter le seul musée national, à moins de dépenser une fortune. Aujourd’hui, les choses n’ont pas changé. On trouve dix milliards (au bas mot) pour célébrer un colon et rien pour les Africains.

Bon, j’ai été assez bavard et nous sommes dimanche. Je vous invite à lire, à apprécier, à savourer ce texte de Pierre Edoumba, qui n’est plus à présenter. Je ne sais pas pour vous mais moi, je l’ai lu et je ne cesse d’en recommander la lecture…

Bon dimanche à vous et n’oubliez pas que chaque jour est une vie !

Pétos

Au Congo, nous avons un ministère de la culture qui brille de mille feux à Brazza avec les danses traditionnelles (tant que ce n’est pas du folklore, cela me convient). Son Fespam qui scintille de milliards de CFA, ses statuts, ses bustes, ses miss, son prix mokanda et sa contribution au « Bassin du Congo » élargissent son champ d’action. Ce ministère sait danser, parader et frimer aux bras de nymphettes promues « Miss Congo », « Miss indépendance » ou « Miss Mama kilos » mais rien de consistant ; juste de quoi dire, « voilà j’ai fait quelque chose ». La culture coûte alors qu’elle peut rapporter ou se suffire à elle-même sans être un poids pour le budget national.
Dans ce pays où l’école de peinture de Poto-poto tient lieu de vitrine des arts, il n’y a aucun musée digne de cette appellation. Tandis que les touristes et quelques amateurs d’arts achètent des peintures à vils prix, les nkobi lua bakulu, les nkisi nkondé, les masques Kota et les statuettes tékés de nos anciens se vendent à plus de 100000 euros dans les galeries européennes. Il n’y a qu’à ouvrir les catalogues de marchands d’arts pour se convaincre que la culture au Congo ne devrait pas être limitée aux écrivains à deux sous, aux danseurs et aux « Miss ». 
Au lieu d’abrutir les populations avec des « Miss de rien » du tout ou de multiples festivals de musique, un vrai musée lié à l’esclavage au Loango, un musée des arts Kongo à Boko ou Kinkala, un musée de la culture Téké à Djambala ou Lékana ou un autre des cultures de forêt à Ouésso et même un très grand musée national à Brazzaville ferait l’affaire. On n’aura peut être pas les foules qui visitent les châteaux de la Loire en partant de celui d’Anne de Bretagne à Nantes en passant celui d’Angers, de Langeais, Azay-le-Rideau, Chenonceau ou Bouges-le-château mais le caractère instructif de ces réalisations est indéniable par exemple, à Chenonceau, la chambre de César de Vendôme, le bâtard de Gabrielle d’Estrée et d’Henri IV est la plus décorée( suivez mon regard )… au lieu d’envoyer nos enfants faire du scoutisme, ils pourront au moins apprendre le respect de la parole avec un nsesa, le poids d’un masque blanc, la légitimité du détenteur du panier des ancêtres, la symbolique de la danse ekongo ou connaitre les monnaies et systèmes d’échange traditionnels etc… bref, Il y a tant à faire pour se contenter de presque rien !

Pierre Edoumba, ©

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