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17 juillet 2014

La chute de Yaméogo ou la trahison des politiques à l’égard du peuple

Classé dans : Politique — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 8 h 59 min

Un auteur polygraphe avec qui j’aime bien échanger, pour apprendre énormément tant il est cultivé et sait des choses, pose souvent cette question à laquelle il n’a jamais trouvé de réponse : qu’est-ce que le roman ?

Inutile de vous préciser que moi-même je n’ai pas de réponses à cette question. Que des tentatives qui moi-même ne me satisfont guère…

Maurice Yaméogo

En politique aussi, j’ai une question qui revient sans cesse et que je ne cesse de poser à celles et ceux qui me disent faire de la politique ou vouloir en faire. C’est « Pourquoi ? » Oui, pour ils se lancent dans cette arène ? Pourquoi ils veulent se lancer dans ce monde ?

Les deux pays que je connais un peu mieux, le Congo et la France sont pour moi d’excellents laboratoires d’études et de comparaison pour comprendre et bien montrer aux gens que ceux et celles qui disent servir l’État ne le font pas toujours. La question à ce niveau n’est même pas de savoir s’ils et si elles le font bien ou mal. Non. Ils sont nombreux en effet à confondre bien public et bien privé alors que là devrait résider une frontière inviolable afin que non seulement le sérieux soit toujours garanti mais qu’en plus, les intérêts de la population soient le plus possible (et le mieux) défendus.

Ils sont hélas ! vraiment trop nombreux, nommés, élus, putschistes à fouler aux pieds ces principes et à n’en faire qu’à leur tête et en même temps à demander sans cesse des sacrifices immenses à la plèbe. La gauche qui est au pouvoir en France ne déroge pas à cette règle avec chaque semaine qui passe son lot de scandales où l’on apprend que tel ou telle élue (ou nommée), malgré des émoluments largement au-dessus de la moyenne nationale, profite du système en se faisant loger à moindres frais, pendant que les honnêtes gens qui paient leurs impôts consacrent plus de la moitié de leurs revenus mensuels à payer leurs loyers.

La France est bonne mère et bonne prof. Je ne sais pas dans quelle mesure elle a réussi à inculquer cela à ses enfants d’Afrique, mais là aussi, la saignée est ahurissante et contrairement à des idées reçues, cela ne date pas des années 90 ou même 70.

Je fais un petit saut aujourd’hui dans l’enclos colonial appelé Haute-Volta, colonie française (officielle) de 1922 à 1960, après avoir subi un violent démembrement avec des pans se retrouvant en Côte d’Ivoire et au Mali notamment. En 1960, au départ officiel de la France, cet enclos colonial est dirigé par Maurice Yaméogo. Voilà un homme pour qui j’ai le plus grand respect car il a fait fermer la base militaire française qui se trouvait sur son territoire. Même aujourd’hui, il y a des Africains qui se disent présidents mais qui ne sont point capables de prendre une décision aussi courageuse. Chaque médaille ayant son revers, je reviens aujourd’hui sur une des raisons qui ont entraîné sa chute en 1966 et qui entre en plein dans le mille dans mon sujet du jour.

Le président M. Yaméogo, confronté à un budget déficitaire annonce une batterie de mesures d’austérité contenant par exemple :

  • Abattement des traitements des fonctionnaires de 10 à 20% ;
  • Diminution des allocations familiales de moitié ;
  • Diminution des pensions des anciens combattants de 16%.

Dans le même temps, les dirigeants de la Haute-Volta vivent dans le luxe et l’opulence. M. Yaméogo lui-même s’est offert un palais dans sa ville natale, Koudougou. En décembre 1965 il s’est offert en secondes noces un mariage somptueux. Alors que la discussion budgétaire battait son plein, monsieur et sa nouvelle épouse s’envolent pour Rio de Janeiro en guise de voyage de noces… Il paraît que la goutte d’eau qui fera déborder le vase c’est l’attitude de son fils qui, à bord d’un véhicule de luxe (marque Triumph), décapotable rouge vif, qui se fait remarquer par ses excès de vitesse…

Bref ! il y a de quoi théoriser sur les attitudes des hommes et des femmes de pouvoir, surtout en période de crise et quand ils se permettent de demander à la populace sans cesse de serrer sa ceinture tandis qu’en même temps ils desserrent tellement la leur jusqu’à ne plus pouvoir en mettre…

Comment un chef d’État peut-il « nocer » si loin de son pays pendant que l’on discute d’un budget au Parlement ? Quel besoin ont ces gens de se construire des palais présidentiels dans leurs fiefs comme dans les provinces de nos contrées qui ont des besoins à des années-lumière de ces âneries ? Au Congo, alors que les hôpitaux manquent quasiment de tout, on nous construit des palais présidentiels à tours de bras : à quoi ça rime ?

On aura beau avoir des chambres de contrôle de la dépense publique comme en France, cela ne fera que très peu limiter la casse mais en final de compte, ce sera toujours copains et coquins qui sur le dos de la bête s’engraisseront. Il sied vraiment de travailler avec des amoureux de l’Afrique. Des gens qui sont prêts à mourir gratuitement pour ce continent. Des gens qui seraient prêts à donner des heures, des années de leurs vies, bénévolement, afin qu’il y ait un mieux être, ne serait-ce que dans un village de chez nous.

Oui, je sais, cela ne peut que faire sourire, mais moi j’y crois. Il est encore possible d’inverser la tendance, de renverser la table et de repartir sur des bases saines et cela nous évitera des fautes graves comme celles du président M. Yaméogo, malgré l’estime que j’ai pour lui et certains actes qu’il posa en tant que président.

Obambe GAKOSSO, July 2014©

Une réponse à “La chute de Yaméogo ou la trahison des politiques à l’égard du peuple”

  1. Mona Zerey dit :

    Il vaut mieux être optimiste. Mais le chemin sera très long. Que penser de cette nouvelle génération, celle là même sur qui on compte, quand dans leur soi-disant lutte ils n’ont pour ambition première que d’occuper des postes juteux…

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