Epurebere, adi ibo ya ndziya yo: le blog d'Obambé Mboundze Ngakosso

Kemet (l'Afrique), les Kamit (les Africains), leurs relations avec le reste du monde, les essais qui me frappent, etc., voilà les sujets de cet espace

16 juillet 2014

Au Congo, on n’équipe pas les hôpitaux d’ambulances: on fait des dons

Classé dans : Politique africaine — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 2 h 11 min

Informations de la télévision congolaise (rive droite) hier soir, mardi 14 juillet 2014.

Comme tous les jours, il est question de dons.

C’est ça le Congo, création coloniale de l’empire français. Il faut faire des dons. On ne remet pas à la plèbe ce à quoi elle a droit mais on débarque chez elle (villages, quartiers) manu militari et on lui dit Nous sommes venus, nous vous avons vus, nous avons eu pitié de vous, pauvres gens et ainsi nous vous offrons quelque chose.

Ambulances

Ce quelque chose peut être des télévisions, des antennes paraboliques, des savons, des sacs de riz, etc. Hier donc, j’ai vu un certain Pierre Menahata, membre du parti politique appelé MCDDI (Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral) et député de la circonscription de Mayama, située dans le département du Pool, au Sud du Congo. Ce dernier y est allé, a rencontré ses « électeurs » et leur a offert une ambulance.

Pourquoi une ambulance ? Je ne connais pas Mayama. Je n’y suis jamais allé mais je peux supposer que comme la majorité de la population de Kama, les habitants de Mayama ont de sérieux problèmes et de santé et d’accès aux centres de santé qui souvent sont par trop éloignés des lieux d’habitation des Africains. Dans ce cas, une ambulance ne peut être que la bienvenue et connaissant la dévotion dont peuvent faire montre les gens quand on leur vient en aide, les prières à l’endroit de Ndzambi ya Mpungu, Marie, de Jésus, j’en passe et des meilleurs. Et sincèrement, peu importe les réserves que je peux avoir sur les religions de la foi, je me réjouis et je suis fort heureux pour les habitants de Mayama, comme je suis heureux pour tous les damnés de la terre qui un court instant (une heure, un mois, une année) se sentent importants aux yeux des puissants qui décident pour nous sans nous.

Monsieur le député, payé par les deniers publics a dit au micro de TV Congo que cette ambulance est un don du président de la République. Il a aussi dit que c’était un don du gouvernement de la République. Il faut préciser aux non-initiés de la chose publique locale que le MCDDI est membre de ce qui fait office de la majorité au pouvoir, même si tout le monde sait que de majorité en fait, il n’y a que du vent et de virtualité, sachant les conditions dans lesquelles ces gens sont revenus aux affaires en 1997 et comment sont organisées leurs élections depuis 2002.

Si on comprend bien ce que dit notre bienheureux député, monsieur le président de la République fait un don d’une ambulance. Il a donc, aurait-il donc conscience des souffrances de la population concernant les questions sanitaires ? Si oui, pourquoi procéder par un don pour résoudre lesdites questions ?

Si on suit bien le propos de monsieur Pierre Menahata, cette ambulance est un don du gouvernement (on a du mal à suivre, mais faisons comme si…) Ce gouvernement a bien un ministre de la Santé, non ? Sa politique sanitaire, telle que définie annuellement, ou bisannuellement ou même quadriannuellement se résumerait-elle à offrir une ambulance à une localité et comme par un coup de baguette magique, envolés les soucis !!! Et hop ! les gens sont heureux !

Sur le site Internet d’une entreprise basque (côté français), concevant des ambulances, j’ai pu trouver des prix allant de 7.500€ à 37.500€. Si ma mémoire ne me trompe pas, le 4 mars 2012, lorsqu’au camp du régiment blindé à Mpila (Nord de Mfoa), tout partait en vrille occasionnant au mille 1.200 morts, des mutilés à vie et des dégâts matériels inestimables, les Congolais de la rive droite avaient appris effarés que cette immense ville de plus d’un million d’habitants, capitale politique d’une République vendant du bois et du pétrole à ne plus savoir qu’en faire, ne disposait pas d’ambulance. Ironie du sort, l’aide à ce niveau viendra d’en face, de la rive gauche du Congo.

Je me pose souvent les questions suivantes :

-          Où sont achetés tous ces produits qu’ils appellent ensuite dons ?

-          Cette ambulance, elle a été achetée par qui, exactement : par la présidence de la République ? par le gouvernement ?

-          Pourra-t-on nous en présenter un jour la facture ?

Je pense vraiment qu’avec des enclos coloniaux comme le Congo, n’importe qui peut être prophète. En observant comment les gouvernants gèrent au quotidien cet enclos colonial, en surtout les crises, il est vraiment aisé de deviner comment les choses se dérouleront trois mois après, trente mois et pourquoi pas trente ans après, si c’est le même système qui perdure. Sachant que depuis 1997 que ces gens étaient aux affaires, ils n’avaient pas jugé nécessaire d’équiper les établissements de la ville-capitale d’ambulances, y avait-il décemment une ou des raisons qui auraient ou faire qu’il faille en acheter deux ans après ? Si, une seule : pour faire des dons. Pas pour équiper nos hôpitaux, nos centres de santé divers, mais pour faire des dons. Comment s’étonner alors que les lieux d’escroquerie et de débauche appelés « églises » soient remplis à ras-bord tous les jours : les prophètes ont un bel avenir, sous le ciel du Chemin d’avenir…

Ah ! j’oubliai… Durant ce même reportage, on a pu voir le sous-préfet du coin (dommage, son nom n’a pas été prononcé par le journaliste, il ne compte pas ?) qui, du haut de sa tribune, a prononcé un discours. Il était habillé d’une chemise en pagne à l’effigie du président de la République. C’est curieux mais j’ai toujours pensé que les sous-préfets et les préfets étaient des administrateurs qui n’avaient comme charge que de servir l’État au-delà des chapelles politiques, non ? Comment expliquer alors son accoutrement ? De plus, je ne comprends pas qu’un sous-préfet soit là pour accueillir un député. Un maire encore, je peux comprendre mais un sous-préfet… Les gens comprennent-ils vraiment dans quoi ils nous embarquent ? Cette langue française est vraiment par trop complexe pour moi.

Allez, rendez-vous au prochain don…

 

Obambe GAKOSSO, July 2014©

Laisser un commentaire

 

Posedepierre |
Sylvie Marcotte - Mon CV |
Blogtech |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Liumx91
| Ecrirelemonde
| Plaisirsdelavie