Les dettes illégitimes et le courage en politique
Tenir un blog est un réel plaisir.
Au-delà des que l’on peut y avoir directement, il y a les mails, les sms, les coups de fil et les réactions sur les réseaux sociaux. Bien entendu, on a droit à tout, à avaler comme à grailler.
C’est ainsi que hier, après la publication de mon billet sur le FMA (Fonds monétaire africain en fait le Fonds de la misère accentuée), j’ai été assailli de mails, de sms et de coups de fils. Pourquoi ? Je vous rassure de suite, ce ne sont pas des messages de félicitations que j’ai eus.
Bien au contraire. Mes critiques et mes réserves à l’égard de cette nouvelle composante de l’Union Africaine visiblement ne sont pas passées. Tu râles encore ! Plus encore, c’est le fait d’avoir rappelé combien le FMI (Fonds de la misère instantanée) nous était toxique. Et quand je cite le président équatorien Rafael Correa, là, mes françafricains deviennent carrément dingues. Pour eux, il n’est tout simplement pas concevable de citer des modèles hors de leur paradigme européo-européen.
Non seulement ils ne jurent que par le FMI et la Banque mondiale et ils ne voient pas comment on pourrait notre continent pourrait devenir « émergent » sans passer par les fourches caudines de ces institutions. Ce qui m’épate le plus c’est qu’ils osent me ressortir sans en permanence des mots comme « émergence », « développement », malgré tout le bien que j’en dis sur cet espace.
Quel est donc ce genre d’individus à qui on propose diverses clés, refusent d’essayer toutes les autres à l’exception des clés françafricaines ?
Il faut faire preuve de pédagogie quand on a le bonheur d’avoir des gens qui sont à l’écoute et qui, au lieu d’assener leurs vérités fabriquées au bord de la Seine et dans les IFI (Institutions de la fraude instantanée). Le nom de Rafale Correa devrait être enseigné dans toutes les écoles d’économie en Afrique, ainsi que dans toutes les facs de sciences juridiques et d’économie. Je n’oublie pas les sciences politiques. Cet homme est né en 1963 et du temps où il commençait à exercer comme ministre ses fonctions de ministre de l’Économie et des Finances, il était le chouchou du FMI mais très vite, il se rend compte des effets néfastes des thérapies de choc à appliquer, pour son peuple. Les divergences avec le président Alfredo Palacio (qui fut vice-Président) dont il fut aussi le conseiller économique sont trop clivantes.
Le 14 décembre 2008, en tant que président*, il décide de stopper les remboursements de la part illégitime de la dette publique équatorienne. Il décide aussi de la suspension du remboursement des titres de la dette.
Pour rappel, le président équatorien est encore en vie et apparemment en bonne santé. Nous sommes jeudi 10 juillet 2014 et je n’ai pas encore entendu parler d’une attaque quelconque de l’Équateur par les USA ou par des mercenaires payés par les IFI. Or, parmi les raisons qui font que les françafricains ont peur de prendre des décisions courageuses du même acabit, il y a la couardise de se faire tuer par les impérialistes. Tous les jours, on nous bassine avec les mêmes raisons et l’on ne se rend même plus compte que les 33 et 45 tours sont passés de mode et qu’on est à une toute autre époque.
Le président Rafael Correa n’est pas un illuminé qui un beau matin a pris ce genre de décisions. Il a étudié la question en pesant le pour et le contre comme il se doit. Il s’est souvenu de la Jurisprudence Bush, née au lendemain de la Guerre du Golfe (II). En effet, après avoir envoyé ses boys faire main basse sur l’Irak alors dirigée par Saddam Hussein, George W. Bush avait fait comprendre aux créanciers de l’Irak qu’ils pouvaient s’assoir sur les dettes contractées à leur endroit naguère. En effet, l’argent emprunté par les dirigeants irakiens n’avaient pas servi à la plèbe mais plutôt à Saddam Hussein et à sa clique. Rien de plus. C’est ce que fera le président Rafael Correa en lançant d’abord un audit de la dette publique équatorienne. C’est ainsi que cette part illégitime sera de 70% et aussi curieux que cela puisse sembler, 95% des créanciers de l’Équateur accepteront ce fait.
Alors, Africains, un peu de courage, s’il vous plaît !!!
Obambe GAKOSSO
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* : Il est élu une première fois en en novembre 2006 pour une prise de fonctions en janvier 2007, puis réélu en avril 2009 et pour finir en 2013, pour un dernier mandat s’achevant en 2017.