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9 juillet 2014

FMA (Fonds monétaire africain), vers une nouvelle arnaque…

Classé dans : Politique africaine — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 14 h 45 min

Le samedi 31 mai dernier, à l’occasion de notre dernier Café UMOJA, à Paris (Belleville, dixième arrondissement), un membre du public nous demandait si depuis la mort de Mouammar al-Kadhafi, l’ex-guide libyen, il y avait un leader africain qui avait repris ses idées.

FMA

Il faut rendre à César ce qui lui revient et à nos ancêtres ce qui leur revient aussi. Les « idées de Kadhafi », comme certains disent souvent, concernant le Panafricanisme, ne sont en fait pas les siennes. J’ai déjà eu l’occasion plus d’une fois de dire combien cet homme était un imposteur dans son désir effrénée d’unir les Africains. Il sied en guise d’honnêteté, pour les plus jeunes d’entre nous, de dire sans cesse et de rappeler sempiternellement que cet homme, s’il a fini par se tourner vers ceux qu’il appelait « ses frères africains », tout en les méprisant royalement, c’était suite à une sorte de dépit amoureux après que ses propres frères arabes l’aient rejeté dans son projet de les unir. Je ne peux m’empêcher de reprendre ce bon mot prêté souvent à Félix Houphouët-Boigny, Les Arabes se sont mis d’accord sur leurs désaccords.

L’idée que les Africains aient un système monétaire et un système financier existe bien avant que les parents de Kadhafi de ne se rencontrent pour mettre en route leur fils né entre 1939 et 1942.

Devons-nous rappeler le livre* et les travaux du professeur Nicolas Agbohou à ce sujet ? Et ceux de son aîné Joseph Tchundjang-Puémi** ? Lui-même avait pris conscience des choses en lisant Castor Ossende Afana, un des leaders historiques de l’UPC (Union des populations du Cameroun). Si ce brillant économiste fut assassiné, ce n’était pas seulement pour son appartenance à ce très grand parti, mais aussi parce qu’il était un des premiers, sinon le premier, à avoir dénoncé cette escroquerie monumentale qu’est le franc CFA. Ce genre de têtes, il ne faut point les laisser dépasser. Tchundjang-Puémi subira le même sort, mourant juste après la sortie de son ouvrage qui devrait se trouver dans la bibliothèque, aussi modeste fut-elle, de tout Africain qui se pose des questions sur les liens incestueux entre l’Afrique dite francophone et la France. L président Thomas Sankara aussi est mort à cause de cela : il proposait l’affranchissement total de Kama de ce système mondial pervers qui écrase sans cesse les plus faibles. On ne peut évoquer les dettes africaines (la plupart du temps odieuses) sans évoquer le FMI.

Marcus Garvey qui lui, contrairement aux trois autres cités plus haut, n’a pas fréquenté d’université moderne, l’avait compris, lui, homme né dans la Caraïbe en 1887 et mort en 1940. Ce n’est pas pour son propre plaisir qu’il avait lancé toutes les initiatives économiques que l’on sait (Black Star Line entre autres). Il avait compris que si les Africains ne créaient pas leur univers économique, ils seraient la lie de l’humanité.

Le mérite de Kadhafi est d’avoir, au vingt-et-unième siècle, été le seul leader sur le continent, aux affaires, à avoir prôné le Fonds monétaire africain (FMA). Au péril de sa vie. Contrairement à ce que l’on veut faire croire aujourd’hui, le FMA qui vient de naître est loin de ce que nos devanciers voulaient et souhaitaient de toutes leurs tripes. En effet, l’économiste Jean-Marie Gankou le dit sans ambages : il s’agit de suivre l’évolution macro-économique des pays africains et de proposer la vision africaine de l’économie mondiale, confie –t-il à Cameroon Tribune, peu après sa nomination. Vous savez qu’il existe un Fonds monétaire asiatique qui fonctionne. Le Fonds monétaire asiatique a-t-il arrêté le FMI ? Non ! Il existe une institution similaire en Amérique latine, et pourtant le FMI continue de fonctionner. Le FMA et le FMI vont donc collaborer.

Le FMI et le FMA vont collaborer pour faire quoi ensemble ? Quel type de collaboration faut-il attendre avec une institution aussi dangereuse que le FMI avec la cohorte de malheurs qu’elle nous a déjà apportée ?

Si en Afrique, on décidait de faire un audit des dettes, de toutes les dettes, les IFI (Institutions financières internationales) s’en retrouveraient ébranlées – sérieusement – et le reste du monde avec. L’Équateur l’a fait, sous l’impulsion de son président Rafael Correa et depuis, il est un des hommes les plus détestés du FMI. Je suis même prêt à parier que dans certains bureaux, là-bas, sa tête doit orner des murs. Avec des fléchettes dessus…

La mise en place de l’actuel FMA sonne comme une nouvelle mise à mort de ces grands hommes auxquels la patrie devrait pourtant se montrer reconnaissante. On a vraiment du boulot…

 

Obambe GAKOSSO, July 2014©

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*: Le franc CFA et l’euro contre l’Afrique, Pour une monnaie africaine et la coopération sud-sud, Préface de Grégoire Biyogo et Postface de Jean Ziegler, éditions Solidarité mondiale, 2000

**: Monnaie, Servitude et Liberté, réédition en 2000, éditions Menaibuc

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