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8 juillet 2014

Congo: ces trous qui enrichissent

Classé dans : Politique africaine — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 21 h 09 min

Boue
Il m’a été rapporté un échange fort intéressant il y a quelques années, entre un Congolais vivant en occident et un de ses amis qui lui n’a jamais quitté notre cher continent.
Le premier, appelons-le Diaspora est un vrai sanguin. Il s’emporte pour un oui et même pour un quart de oui. Avec lui, la notion de demi-mesure n’existe pas. C’est tout ou rien, au niveau de l’émotion et il a tôt fait depuis fort longtemps de conclure à une idiotie généralisée de la classe politique congolaise. Et, dans cette classe, il a toujours mis pêle-mêle le pouvoir et les membres de l’opposition qui hier, avant-hier et avant, avaient également participé à la gestion de la cité.
Je le connais depuis que je suis gosse et je sais combien son avis est tranchant, cassant, ne laissant aucun quartier aux uns ni autres. Il m’a souvent raconté comment entre 1992 et 1997, rentrant au Congo pour se reposer ou pour s’occuper de ses petites affaires, il rencontrait ses amis qu’il appelait lui-même « Baninga na ngaï » (Mes amis). Il y avait toujours un vieil ami avec une belle voiture pour la mettre à sa disposition afin qu’il ne souffre point des affres de la circulation.
Après 1997 et la chute du pouvoir du président Pascal Lissouba, il aura la même chance car, homme de relations comme il a toujours été, il trouve toujours une bonne âme pour mettre un véhicule à sa disposition quand il séjourne au Congo. Il parle sans cesse de l’état lamentable de nos routes et ne comprend jamais comment et pourquoi nos routes sont si mauvaises malgré tous les moyens dont ce pays immensément riche dispose.
Et c’est là que je me souviens de cet échange qu’il me narra. Il se promenait dans une rue de Mfoa, capitale politique du Congo rive droite, en compagnie d’un de ses amis. Ils étaient dans le véhicule de cet ami et, bien entendu, il leur était impossible de rouler normalement tant il y avait des trous. Il se mit alors à pester comme souvent et à injurier tous nos dirigeants actuels (la scène a lieu en 2004), à commencer par le premier d’entre eux, pour finir par les services techniques de la mairie centrale.
Et c’est là que cet ami entre en jeu, pour lui faire une réflexion à laquelle il n’avait jamais eu droit depuis qu’il s’intéresse à la gestion de la cité.
Tu sais, quand tu vois un trou dans une avenue, un boulevard ou une rue goudronnée qui est très fréquentée et que rien, apparemment n’est fait pour que les choses changent, tu te trompes dans tes analyses. En effet, dis-toi simplement que depuis le premier jour où ce trou est apparu de l’argent a été débloqué pour régler la question mais que cela n’arrangera personne, au niveau de nos ministères et mairies même si bien entendu cela arrangera l’usager.
Pourquoi ?
Parce que de l’argent est débloqué chaque année pour régler cette question mais comme tu le sais, l’argent sort bel et bien de là où il faut, mais il s’arrête quelque part et ce problème grave pour les usagers est en fait devenu une source d’argent pour certains décideurs. Si donc toi, avec tes idées de bonne gestion et d’intégrité, tu étais nommé à un poste te permettant de régler cette question, tu mettrais en péril les poches de ces gens et dès qu’ils en auront la possibilité, ils t’élimineront. D’une manière ou d’une autre.
Oublie donc tes idées. Ici au Congo, il y a plein de gens compétents, qui ont de très bonnes idées et qui aiment leur pays. Mais cela ne suffit pas.
Ce cher aîné fut désagréablement surpris en me racontant cela, de se rendre compte que je connaissais ces pratiques. Non pas que j’avais déjà eu à gérer ce genre d’affaires, mais simplement, c’est vieux comme le monde. Chacun cherche à « bouffer » comme il peut, là où il est. Gratte-papier dans une mairie d’arrondissement, caissier au Trésor public etc. jusqu’aux niveaux les plus élevés de la sphère administrative congolaise. Le système est tellement bien huilé, tellement bien rôdé qu’il n’y a même pas 0,001% de la population qui croit en l’intégrité du moindre fonctionnaire congolais et encore moins du moindre décideur. Qui ne sait pas que nombreux sont les fonctionnaires du ministère du Commerce qui, depuis des années sont de mèches avec les commerçants qui ne paient zéro taxe et de surcroît, importent des produits avariés (viandes, poissons par exemple) ?
Ainsi va le Congo avec tous ces trous qui empoisonnent considérablement la vie de la population congolais mais qui font en même temps le bonheur d’une poignée de décideurs.
Obambe GAKOSSO, July 2014©

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