Congo Rive droite, là où les travaux finissent à moins de 100%…
Chaque jour que fait Dame Nature, les infos officielles en provenance du Congo Rive droite, sont souvent matière à rire. Aux larmes.
En 1965, quand le Congo ne jurait que par le socialisme bantu, sous la houlette du président Alphonse Massamba-Débat et de ses jeunes « rouge » Ambroise Edouard Noumazalaye, Pascal Lissouba, André Hombessa et bien d’autres, il avait été organisé du 18 au 25 juillet, les tout premiers Jeux Africains, à Mfoa. Sur 22 territoires en lisse, le Congo, pays organisateur avait terminé dixième avec une médaille d’or, deux en argent et autant en bronze, à égalité avec le Cameroun et juste devant Madagascar (deux médailles d’argent et quatre en bronze).
Pour l’année deux mille quinze, le Congo a obtenu d’organiser le cinquantenaire de ces jeux. Quand je l’avais appris, je m’étais demandé quel dossier avait bien pu être fourni afin que cet enclos colonial l’emporte…
Je me souviens encore des Jeux d’Afrique centrale en 1987 (du 18 au 30 avril). Cela avait été l’occasion d’une belle fête avec bon nombre de sportifs qui nous avaient égayés. Je me souviens d’autant plus de cette époque que des sportifs non Congolais avaient été logés dans des internats des lycées locaux… Pourquoi pas dans des hôtels ? Il avait fallu sortir des élèves alors que l’année scolaire n’était pas encore terminée. Je ne vous dis pas la galère pour les élèves qui n’avaient pas d’endroit où s’allonger le soir venu.
Cette fois-ci, un léger effort a été fait ou plutôt est en train d’être fait avec la construction d’un complexe sportif à Kintélé (au Nord de Mfoa) avec un village olympique à la clé.
J’espère de tout cœur que tous les sportifs pourront y être logés ainsi que le reste des délégations diverses. On croise les doigts. Vraiment !
Si j’en appelle à croiser les doigts c’est parce que hélas ! cet enclos colonial est une sorte d’expertise géante de travaux finis à 10%. 30%. 55%. 80%. Mais rarement 100%. Selon le site congo-site.com, un an avant le début desdits jeux, suite à la visite du patron de la Délégation générale aux grands travaux (ça existe au Congo, ça…), Jean-Jacques Bouya, Les travaux du campus universitaire (…) sont réalisés à hauteur de 44%.
Je me souviens encore de cette année 2010 quand nous* étions face au professeur Mwéné Nzalé Obenga en train de parler de ce mégaprojet de l’université de Kintélé, à venir. Quatre ans après… Comment dans ces conditions ne pas s’inquiéter ? D’ailleurs, très récemment encore, lors de ce que l’on a appelé officiellement et fort impudiquement les « explosions du 04 mars 2012 », les Congolais avaient appris que le gouvernement avait déjà débloqué de l’argent (beaucoup d’argent, sans doute trop) pour que le camp militaire du régiment blindé soit fermé pour être bâti ailleurs. Non seulement le nouveau camp n’a jamais été bâti, mais l’argent s’est volatilisé et, mokalu dans le pondu**, des Africains sont morts et d’autres sont mutilés à vie. Je ne parle même pas des maisons détruites et très partiellement reconstruites à ce jour.
Je vous ai dit, on croise les doigts ? Croisons !
Le motif en fait qui fait le plus ricaner, ce sont les routes de cette capitale. Je pense vraiment que ces jeux auraient été une belle occasion de penser à la construction d’une nouvelle capitale. Quand on parle de « routes » à Mfoa, c’est bien parce qu’on est gentils et magnanimes. Car vraiment, ce ne sont pas des routes. Ce qu’on appelle habituellement « nids de poule » devraient dans cet enclos colonial s’appeler « nids d’éléphants », même si les éléphants sont loin d’être réputés experts en nidification. Je me demande tous les jours comment font les femmes enceintes, dans cette ville, pour rouler dans les voitures ordinaires (transports en commun et voitures personnels) sachant que normalement même pas 0,01% de la population n’a les moyens de s’offrir un quatre-quatre à même de supporter tous ces trous qui rigolent de nos pieds et des pneus qui leur passent dessus.
Dans l’article dont je vous ai partagé le lien, on parle de la construction de la route de la corniche.
Je souris.
Puis je ris.
Je termine par une explosion de rire !
Les hôtes du Congo n’auront pas le droit de visiter cette ville ? Ils vont se contenter, après leur arrivée à l’aéroport de Maya-Maya, d’aller directement sur ce site en passant par la route de la corniche ?
Au Congo on multiplie sans cesse les strates administratives pour la moindre décision à prendre et pour le moindre projet à initier. Tout le monde est expert en grands, moyens, petits, et même très grands travaux mais les routes de la ville capitale elles, ne ressemblent à rien et quand il pleut, les gouttes de pluie sont les bienvenues pour masquer les larmes de ses habitants…
Obambe GAKOSSO, July 2014©
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* : Nous étions 5 ce jour-là.
** : Mokalu = poisson fumé (en lingala) et pondu = feuilles de manioc pilées et cuites. C’est mon expression pour dire « cerise sur le gâteau ».