RDC: vers la mort de la GECAMINES?
Il y a des informations, lorsqu’on les apprend, qui donnent l’impression d’une grosse farce !
La Gecamines !
Ce nom, dans les années 80 inspirait le respect. Qui pouvait en parler en crachant dessus comme aujourd’hui ?
La GECAMINES, c’est la Générale des carrières et des mines, est le nom qui avait été choisi en 1966 pour remplacer celui de l’Union minière du Haut-Katanga, elle-même fondée en 1906 à l’époque où le Congo était propriété privée du roi belge Léopold. Aujourd’hui, cette société, que dis-je ! ce mastodonte de l’économie africaine est en train de rendre l’âme, comme s’il s’agissait d’un kiosque à journaux. Il manquerait selon les informations, 161 millions de dollars US (148.280.220.000 francs congolais, FC) pour financer un plan de départ des salariés (6.000, soit la moitié), que la GECAMINES a du mal à payer. Les salariés de leur côté, sont en grève depuis 3 mois. Pendant ce temps, la boîte a une dette de plus d’1 milliard $ US (921 milliards de FC).
Comment est-ce possible ? Comment une telle société a pu tomber aussi bas alors que, paradoxalement, la RDC ne cesse de produire du cuivre (voir tableau).
La création et la mort d’une entreprise, on le sait, font partie de la vie économique. Cependant, le destin de la GECAMINES est l’un des plus grands paradoxes auxquels on puisse assister sur notre continent. Ce n’est tout simplement pas compréhensible.
On pourra sortir toutes les explications que l’on voudra, force est de reconnaître que l’État montre là encore une fois à quel point il est faible, extrêmement faible. Ce qui se passe avec la GECAMINES, au regard des informations dont nous disposons, est tout simplement impossible en Chine et dans le numéro 4 de Panafrikan (en ligne depuis le 15 juin dernier), nous abordons cet aspect des choses, qui explique comment et pourquoi le PCC (Parti communiste chinois) soutient ses champions économiques, surtout quand il faut aller investir hors de l’empire du Milieu.
Chez nous, nous avons ouvert les portes, les fenêtres, les cheminées, les caves, les greniers et tout ce qui reste à tout le monde, à n’importe qui pour faire n’importe quoi et les nôtres qui travaillent pour des entreprises comme la GECAMINES se retrouvent gros jean comme devant, ne sachant plus où donner de la tête.
Doit-on encore rappeler que les réalités de chez nous donnent en moyenne 10 personnes logées, nourries, soignées quand une personne a une source régulière de revenus ? Mettre 6.000 personnes sur le carreau, c’est envoyer grosso-modo 60.000 personnes vers la paupérisation et ensuite la misère. Nos dirigeants ont-ils conscience de ces choses ou attendent-ils encore leurs maîtres de Bretton Woods, dans leurs magnifiques retournements de vestes habituels, leur disent un jour le contraire de ce qu’ils leur imposent au quotidien ?
Pendant que des entreprises non-africaines pillent le sol et le sous-sol de la RDC sans payer le moindre impôt (sujet à venir ici et sur Panafrikan.net, prochainement), la GECAMINES n’a plus, officiellement les moyens de faire le moindre investissement au point que certains se demandent si elle ne devrait pas simplement changer de braquet et devenir simplement un holding de partage de participations de l’État, et cesser donc d’être un opérateur minier… J’ai l’impression qu’il manque désormais juste un dernier clou sur le cercueil de ce cadavre et la messe ultralibérale sera dite.
Dans les années précédentes, la GECAMINES avait déjà licencié 10.000 collaborateurs ( !!!). Avec de telles « performances », comment s’étonner que les Africains, malgré le fait que l’Europe elle-même soit à bout de souffle et décadente, s’obstinent à prendre tous les risques possibles pour fuir pauvreté, misère, insécurité etc. pour ce qu’ils croient être un paradis.
Prenons une jeune fille dont le papa pour une raison ou pour une autre, n’assume pas ses responsabilités de père. Cette jeune fille est élevée par sa maman, au sein d’une fratrie ou seule. Elle a son oncle qui dans est cadre à la GECAMINES et qui lui assure le paiement de sa scolarité, ses soins et j’en passe. Que v-t-elle devenir si ce n’est se retrouver dans le dénuement quasi-total ?
Au nom du libéralisme économique, on ne saurait tout laisser faire.
Au nom de l’aplatventrisme, on ne peut demeurer passif quand une entreprise de la taille et de l’importance de la GECAMINES s’apprête à cesser les hostilités.
Si jamais, comme c’est visiblement le cas, la GECAMINES venait à mettre la clé sous le paillasson, la responsabilité du gouernement national, basé à Kinshasa, serait la première et bien la toute première, à être pointée du doigt et il devra en répondre.
Obambe GAKOSSO, June 2014©