Ce trimestre-ci dans Panafrikan.net, l’Afrique et la Chine au menu
L’Afrique et la Chine.
La Chine et l’Afrique.
Chinafrique en lieu et place de Françafrique ?
Il ne se passe pas une journée sans que les media occidentaux ne nous parlent de cette « méchante Chine » qui veut tout prendre en Afrique, bien entendu au détriment des pauvres Africains qui, dans ce cas, ne peuvent qu’avoir le choix de se retourner vers la sainte, douce et bonne Europe afin d’être sauvé de la voracité de ces « salauds de rouges ».
Les débats, peu importe le sujet, ont leur utilité et parfois même sont nécessaires. Et il y en a un, au sein des élites africaines, depuis quelques années, on assiste à des duels entre des « pro-Chinois » et des « anti-Chinois ». Heureusement que cela se passe à fleurets mouchetés. Il y a des lobbyistes qui dès qu’ils prennent leur plume, ne jurent plus que par la Chine avec des arguments tels que :
- La Chine ne se mêle pas de politique africaine ;
- La Chine, elle, bâtit tous les jours des ouvrages (ponts, routes, immeubles administratifs), en demandant juste des matières premières dont l’Afrique regorge à foison ;
- La Chine, c’est l’avenir ;
- La Chine n’est pas endetté comme l’Occident ;
- Etc.
Dans le camp d’en face, les arguments ne manquent pas non plus et la bataille n’est pas prête de se terminer.
Il y en a aussi qui regardent les deux camps s’affronter et qui voudraient rejeter aussi bien les Chinois que les Occidentaux. Pour eux, si l’Afrique veut avancer, elle n’a besoin ni des enfants de Mao ni des enfants d’Abraham car l’Afrique a assez souffert de ces gens qui voudraient faire son bonheur à la place de ses propres enfants.
On trouve aussi un dernier camp qui est composé de ceux et celles qui estiment qu’il faut prendre le meilleur de chaque camp, tout simplement.
Nous devons à la vérité de dire que les critiques les plus acerbes concernant la présence chinoise en Afrique ne viennent même pas des Africains eux-mêmes, mais plutôt des Occidentaux. En effet, une bonne partie de la presse occidentale, qu’elle soit de gauche ou qu’elle soit de droite, voit d’un très mauvais œil tout ce que fait la Chine en Afrique, parlant à nouveau du « péril jaune » comme hier, du temps du Pacte de Varsovie, une partie de cette presse évoquant sempiternellement le « péril rouge ».
Pauvre Occident !
Il faut comprendre le désespoir de ses élites qui a longtemps cru que l’Afrique était à elle et à elle seule et que par conséquent, personne d’autre ne pouvait y aller pour récolter ne serait-ce qu’une noix de cola. Les choses changent et elles ne sont pas prêtes de revenir comme au temps maudit des colonies officielles. Malgré le fait qu’il y ait encore des enclos coloniaux, certains dirigeants du continent s’affranchissent de temps à autre des oukases occidentales pour signer des contrats avec les successeurs de Deng Xiao Ping qui avaient dit à ses compatriotes, Chinois, enrichissez-vous ! changeant ainsi violemment la teinte rouge locale.
Et pourtant…
Et pourtant…
Et pourtant…
Les liens entre la Chine et l’Afrique ne datent pas des années 2000, ni des années 90. Dans les années 60 déjà, l’Occident lançait des alertes sur ces Chinois qui, selon elle, se cachait même dans certains arbres africains afin qu’on ne les voit pas. Nombre d’enclos coloniaux, comprenant que ça ne pouvait marcher avec l’Occident, avaient établi des relations diplomatiques avec l’empire du Milieu. En 1935, l’Italie envahit l’Abyssinie afin de venger l’humiliation qu’avait été la Bataille d’Adua (1896). Mao de son côté, avait mobilisé des hommes pour venir en aide à l’Ethiopie alors dirigé par le Négus Haïlé Sélassié. En remontant plus loin, on retrouve des traces de la présence africaine en Extrême-Orient. Runoko Rashidi, auteur et chercheur Africain-Américain en fait état dans son ouvrage, Histoire millénaire des Africains en Asie (Editions monde global, 2005). L’auteur parle de 100.000 ans de présence ! Mais 10, pas 100, pas 1000 ans mais bien de 100.000 ans !!!
Dans le numéro 4 de notre magazine Panafrikan.net que nous avons mis en ligne et en vente (3€ le numéro, chaque trimestre, 10€ à l’année), notre dossier est consacré justement aux relations entre la Chine et l’Afrique. Nos rédacteurs ont procédé à une analyse du fonctionnement du Parti communiste chinois. Á une petite analyse de son modèle économique. Nous avons évoqué des cas concrets de présence chinoise sur notre continent. Ceci est fait avec notre grille de lecture, avec notre paradigme. Un paradigme Panafricain car nous sommes au service de notre peuple et de notre continent.
Nous pensons donner des clés aux uns et aux autres, en dehors des sentiers battus avec en toile de fond, en ligne de mire, la Libération de Kama qui ne pourra qu’entraîner le bien-être de ses enfants.
Le magazine comporte bien entendu ses autres rubriques habituelles, comme la santé par exemple où nous revenons sur la mort du jeune mannequin ivoirien, Awa Fadiga, suivi d’une réflexion sur la prise en charge des patients dans nos hôpitaux. Il y a aussi une analyse très approfondie concernant l’africaniste Bernard Lugan, un de ceux qui pensent que l’Afrique ne sert à rien et qu’elle n’a jamais apporté sa pierre à l’édifice du progrès humain, mais qui, paradoxalement, passe son temps à prétendre l’étudier.
Bonne lecture de Panafrikan.net.
Obambe GAKOSSO, June 2014©