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16 juin 2014

« Histoire du mouvement syndical congolais » par Jérôme Ollandet

Classé dans : Lectures — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 16 h 06 min

Il y a quelques années, le Pr. Théophile Mwene Nzale Obenga avait réuni des spécialistes et experts congolais afin de rédiger une histoire du Congo de la rive droite*. Historiens, économistes, artistes, sociologues etc., ils étaient un certain nombre à avoir pris de leur temps pour léguer à la postérité une sorte de document de référence qui servira aussi bien aux profanes qu’aux chercheurs intéressés par la chose congolaise.

Tome3

Parmi les spécialistes qui ont collaboré à cette œuvre, il y a l’historien Jérôme Ollandet que nous avons déjà eu l’occasion de lire ici. C’est un auteur de qualité qui nous offre de temps en temps des ouvrages avec, pour un non spécialiste comme moi, des infos nouvelles. Que ce soit en politique, en histoire, en économie ou dans un autre domaine, ses textes fourmillent de pépites que l’on gagnerait à lire et à relire.

En 2010, j’avais acheté les différents volumes de ce travail colossal et je m’étais fait le plaisir de les lire tous. De la première à la dernière page. J’ai ressorti pour vous partager en ce lundi 16 juin 2014 le tome 3, intitulé Le Congo au vingtième siècle. Et, comme vous devez vous en douter, j’ai sélectionné un texte d’Ollandet. Il se trouve dans le chapitre 14 et son sous-titre est Histoire du mouvement syndical congolais.

Dans les années 80, pour la majorité des Congolais, le syndicalisme se réduisait à la CSC (Confédération syndicale congolaise), dirigée naguère par Jean-Michel Bokamba-Yangouma, qui est devenu depuis les années 90 un chef de parti politique. On aurait pu croire qu’avec le retour du multipartisme (abusivement appelé « démocratie »), les choses seraient plus claires et que les Congolais sauraient comment est composé leur paysage syndical. C’en est même pire car la plupart du temps, ces syndicats (qui comme les partis politiques se sont multipliés comme des graines d’arachide) sont quasiment inaudibles, d’autres défendant même les intérêts du pouvoir en place sur le dos des travailleurs.

Extraits :

Au Congo, comme dans d’autres pays d’Afrique noire francophone, le combat des syndicats reste sans nul doute la première forme de lutte contre la colonisation, la mieux organisée. Bon nombre de leaders africains firent leur apprentissage de militant avant tout dans les syndicats, avant d’aller aux partis politiques. Jacques Opangault, fondateur du Mouvement Socialiste Africain (MSA), fut d’abord un syndicaliste aux côtés de l’un de ses plus grands compagnons de lutte, Kikhounga-Ngot. Félix Houphouët-Boigny dirigea le syndicat des planteurs de Côte d’Ivoire avant de se faire connaître comme leader de parti politique. Le cas de Ahmed Sékou Touré en Guinée est bien connu.

Ce fut par l’action des syndicats que la logique de l’exploitation coloniale commença à être mise en cause. En 1959, la grève des agents de l’UNELCO, la société d’électricité de Brazzaville, qui paralysa toutes les activités individuelles et commerciales de la capitale, montra déjà le poids que cette force vive allait jouer plus tard dans la marche des affaires du pays. Á partir de l’année 1961, l’action syndicale commençait déjà à se confondre avec l’opposition politique au pouvoir établi. Cette opposition classique (politique)  étant devenue quasiment nulle, ce furent les syndicats qui menèrent l’action populaire ayant abouti finalement au renversement de l’abbé Fulbert Youlou, le premier président du Congo. Mais comment le syndicat mena-t-il sa lutte lorsque de nouveaux enjeux se présentèrent dans le pays avec les défis de l’indépendance ?

I-            Aperçu général

La naissance des premiers syndicats au Congo et de manière plus générale en Afrique noire francophone se confond avec celle des premiers partis politiques. Á la Conférence de Brazzaville en 1944, la plus grande ouverture faite par le pouvoir colonial fut l’autorisation accordée aux ouvriers africains de s’organiser en syndicats. Il y a eu sur ce point un certain retard par rapport aux colonies britanniques où les syndicats se structurèrent très tôt. Ce fut à Dakar que se tint en 1945 la première rencontre des syndicats des Colonies françaises d’Afrique noire. Á cette réunion qui connut beaucoup de succès, les responsables des syndicats de l’AEF furent absents. L’administration, le clergé et les milieux d’affaires exercèrent toutes sortes de pression pour empêcher cette participation. La Conférence de Dakar trait surtout de la manière d’organiser le mouvement ouvrier africain en proposant la création d’un bureau unique qui aurait comme mission celle de coordonner l’action des unités syndicales qui naissaient dans les différentes colonies. On avait fixé le principe de la tenue des rencontres à cinq années.

La deuxième réunion eut lieu à Bamako cinq ans plus tard. Á cette rencontre, les débats essentiels portèrent sur la manière de trouver un mode de coordination efficace de l’action syndicale entre l’AOF et le Togo d’une part, et l’AEF et le Cameroun d’autre part. Pour la première fois, quelques syndicalistes congolais prirent part à ces assises qui démarrèrent véritablement le mouvement syndical (…) Celui-ci donna naissance non pas à un syndicat panafricain, mais à un organe de concertation collégiale entre les différentes centrales. Cette formation baptisée Union Syndicale Panafricaine (USPA) dont les rôles n’étaient jamais définis de manière exacte, ne vécut que l’espace d’un congrès. En réalité, elle n’exerça elle n’exerça aucune influence sur les syndicats  locaux, qui gardèrent leur mouvement d’action et leurs réseaux d’alliance. De manière générale, le syndicalisme africain oscilla pendant longtemps entre ces deux conceptions, celle d’une centralisation et celle d’une autonomie des syndicats.

 

Obambe GAKOSSO, June 2014©

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* : Histoire générale du Congo, Des origines à nos jours, en cinq volumes, L’Harmattan, 2010

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